Peillon et Fioraso célèbrent à leur manière l’anniversaire de la loi de 1905 qui intervient ce 9 décembre. La fermeture de la licence en sciences de l’éducation de l’université de Nantes a ainsi été annoncée le 4 décembre et serait effective dès la rentrée 2014. Voilà qui vient à point nommé pour transférer les 140 étudiants vers…l’université catholique d’Angers.
Depuis 1995, le département de sciences de l’éducation de l’université de Nantes porte une licence de sciences de l’éducation en L3. Si ce format de licence est amené à disparaître, un projet de licence en 3 ans avait été demandé pour juin 2014 pour s’y substituer. La maquette déposée avait été accueillie très favorablement par la DGESIP (direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle) en 2012 et ouvrait des possibilités de préprofessionnalisation vers les formations aux métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation. Ce projet permettait en outre aux étudiants de poursuivre en master et doctorat une formation universitaire fondée sur les résultats de la recherche.
Pourtant le 4 décembre, patatras ! La fermeture de la licence était annoncée pour septembre 2014. Par cette ineptie, Geneviève Fioraso fait coup double. Elle envoie de fait les étudiants déjà engagés dans ce projet dans les bras de l’enseignement catholique privé s’ils souhaitent poursuivre leur cursus. Voilà les futurs profs réduits à aller finir leurs études sous les auspices du goupillon. Quant à ceux qui voudraient se destiner aux métiers de l’enseignement dans les Pays de la Loire, ils n’ont d’autre recours que de s’exiler ou d’aller se jeter dans les bras du privé faute de service-public pour assurer cette formation. Moyennant une rétribution sonnante et trébuchante bien sûr auprès de l’enseignement catholique.
Que dit Vincent Peillon de cela ? Lui qui se prévaut d’instaurer une « morale laïque » à l’école. Lui qui tous les 3 mois vient nous annoncer des recrutements d’enseignants déjà compris dans les 60.000 rabâchés depuis le 6 mai 2012, comme ces 4.000 postes promis vendredi 6 décembre pour le secondaire. Seront-ils des enseignants dont la formation aura été confiée au privé ? Qui plus est à l’enseignement catholique ?
La Droite avait ouvert la brèche. Le PRES (pôle de recherche d’enseignement supérieur) d’Angers mis en place ne cachait même pas sa volonté de récupérer le magot de la formation des enseignants. La transitivité entre les diplômes qui résulte de l’agenda de Lisbonne, du processus de Bologne, et finalement du traité de Lisbonne permet désormais à une université privé de délivrer des diplômes compatibles avec l’enseignement public. Ce que les libéraux ont mis sur les rails, ce sont les solfériniens qui l’achèvent pathétiquement dans un même mouvement.
108 ans après l’adoption de la loi, c’est l’enseignement catholique privé qui reçoit l’aumône des ministres solfériniens. Geneviève Fioraso doit prendre d’urgence ses responsabilités et refuser cette fermeture. Le silence serait dans le cas contraire complice.