Un conflit pourrit l’ambiance à la Fedosad. Entre discrimination syndicale et insubordination, le torchon brûle.C’est dans le service d’aide à domicile de la Fedosad que les tensions se concentrent. Photo d’illustration Phovoir-Images
C’est une histoire compliquée. D’un côté, une direction qui affirme qu’elle n’avait pas le choix, que cette difficile décision – le licenciement de deux personnes – était essentielle à la sauvegarde de la Fedosad. De l’autre, la CGT, qui crie au complot et au délit d’entrave. D’un côté comme de l’autre, on s’échange des pétitions, voire des menaces. Et au milieu de tout cela, deux femmes, qui sont le cœur du conflit.
De bons états de serviceCes deux femmes, salariées de la Fedosad depuis 7 et 3,5 ans cristallisent toutes les rancœurs, d’un côté comme de l’autre. L’une est d’ores et déjà licenciée. Le destin de l’autre est entre les mains de l’inspection du travail. La raison ? C’est là que l’histoire devient intéressante. Car chacun reste campé sur ses positions et accuse l’autre camp. « Nous avons toujours été très bien notées par la direction lors des entretiens individuels », arguent les deux salariées. « Ce n’est que quand nous avons créé le syndicat CGT que la direction a voulu nous mettre à l’écart. »
Un point que réfute Jean Barthe, président de la Fedosad. S’il admet les bonnes notations des deux femmes, il affirme que « ces deux salariées ont toujours fait preuve d’insubordination. Elles ont toujours mis en cause la hiérarchie. Déjà, à l’été 2012, il y avait eu une grosse colère entre une des deux et un médecin. »
Seuil critiqueMais pourquoi avoir tant attendu, au point, aujourd’hui, de laisser penser que seule la création du syndicat, au cours du mois de juillet, a entraîné ces mesures contre les deux nouvelles membres de la CGT ? Jean Barthe l’affirme, cela « n’a rien à voir. Nous avons juste atteint le seuil critique. De nombreux médecins ont menacé de démissionner, j’ai aussi eu une pétition de 23 personnes dénonçant un harcèlement au travail. » Reste que de nombreux courriers sont arrivés dans les derniers jours, après la médiatisation de l’affaire. Comme pour justifier les mesures prises par la direction ? « Dans la pétition contre nous, il y a des gens avec qui nous n’avons jamais été en contact », affirment les deux salariées, qui se réfugient derrière des états de service jamais contestés avant la création du syndicat.
Un syndicat dont l’arrivée aurait été très mal perçue par la direction. « Il nous a fallu 4 mois pour avoir un local », note par exemple un cadre de la CGT. Pour expliquer le climat malsain qui a accompagné l’arrivée de la CGT, une salariée menacée met d’ailleurs en avant une altercation et des menaces, qui avaient entraîné, pour elle, un arrêt de travail. La direction n’est pas loin de crier à la malhonnêteté, affirmant que l’histoire avait été réglée en interne. Et de rappeler qu’un appel est en cours. « Elles sont en train de retourner la situation, mais plus personne ne voulait travailler avec elles », rétorque leur chef de service.
Un syndicat remuantReste que depuis son arrivée à la Fedosad, la CGT a attiré du monde. Une petite dizaine d’aides à domicile nous ont d’ailleurs fait part de leur soutien aux syndicalistes et plus globalement à l’action de la CGT, évoquant des conditions de travail difficiles.
Pour les deux personnes en instance de licenciement, c’est clair, c’est parce que la CGT dérange que la direction veut leur départ. « La CFDT ne faisait rien pour les gens de la base », affirme une aide à domicile proche de la CGT. La CFDT s’est d’ailleurs rangée du côté de la direction dans cette affaire. « Nous travaillons avec tous les syndicats », répond Jean Barthe. Le président de la Fedosad de rappeler, pour justifier sa « dure décision », qu’« on ne peut pas faire du bien aux malades si les gens ne travaillent pas dans de bonnes conditions ». Pas sûr que depuis quelques semaines, ces dernières soient idéales.
Vincent Gautronneau