Des milliers de manifestants contre le Pacte de responsabilité
Plusieurs milliers de manifestants, menés par les numéros un de la CGT et de FO Thierry Lepaon et Jean-Claude Mailly, ont défilé ce mardi Paris comme dans de très nombreuses villes en région, pour dire leur opposition au pacte de responsabilité. Compte-rendu.Les manifestants, qui ont répondu à l'appel de quatre syndicats - CGT, FO, FSU, Solidaires - opposés au pacte de responsabilité, étaient réunis derrière une banderole "Ensemble pour les salaires, l'emploi, les services publics, la Sécurité sociale", scandant "Assez, assez, assez, de cette politique". "Nous voulons dire au Medef que le chèque qu'il a obtenu de François Hollande ne sera pas un chèque en blanc, nous voulons des résultats en termes d'emplois, de salaires, de service public et de protection sociale. Nous ne sommes pas le club du non, nous sommes porteurs de propositions et les choix qui sont faits ne sont pas conformes à nos attentes", a lancé Thierry Lepaon, qui marchait aux côtés de ses homologues de FO, Jean-Claude Mailly, de la FSU, Bernadette Groison, et de Solidaires, Annick Coupé.
"Salaires bloqués, emplois supprimés, ça suffit""Quand on est d'accord, on signe, mais je ne signe pas un truc où il n'y a rien", a de son côté expliqué Jean-Claude Mailly, à propos de l'accord sur les contreparties du pacte de responsabilité, signé par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. "Qu'est-ce que les salariés ont gagné avec ce pacte? Rien. Mais M. Gattaz a eu satisfaction", a-t-il dénoncé, jugeant que le gouvernement s'inscrit "dans une logique libérale", de "communication vis-à-vis de la Commission européenne".
Certains manifestants, arborant des combinaisons en plastique blanc, formaient une banderole humaine dénonçant "Salaires bloqués, emplois supprimés, ça suffit". Parmi les pancartes, on pouvait lire "Non au pacte d'austérité" ou encore "Sécurité sociale stop à la casse".
Des intermittents, en lutte contre l'abrogation de ce régime d'assurance chômage, se sont joints au cortège. "Ca sent le Gattaz, ça va pêter!" était-il écrit sur l'une de leurs banderoles.
Du côté des politiques, le Parti de gauche et le NPA se mobilisent "derrière les syndicats" contre ce pacte qui est "une fuite en avant un peu irresponsable", selon le numéro un du PCF, Pierre Laurent.
Marseille défile pour le "progrès social"Comme à son habitude, le rassemblement de Marseille avait donné le ton de la journée, par son ampleur. Plusieurs milliers de personnes (42.000 selon les organisateurs, 5.9000 pour la police) ont défilé pour "le progrès social", et contre le pacte de responsabilité. Sous un grand soleil, les manifestants sont partis dans la matinée de deux endroits distincts, du Vieux-Port pour la CGT, et des Réformés, en haut de la Canebière, pour FO, avant de rejoindre, ensemble, la préfecture.
Dans la foule, des salariés d'entreprises en difficulté, comme Fralib ou la Grande Minoterie de la Méditerranée (anciennement Grands Moulins Maurel), des dockers du port, des retraités ou encore des fonctionnaires (territoriaux, impôts, hôpitaux...). Des élus aussi, comme Jean-Marc Coppola, candidat du Front de gauche aux municipales, qui devait tenir en fin d'après-midi un meeting avec Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche (PG). "Le progrès social, c'est pas que des mots, on veut construire d'autres choix politiques", a expliqué Eric Chenais, secrétaire départemental de la CGT, appelant à poursuivre la mobilisation après les municipales. "Il n'est pas question qu'on négocie le pacte de responsabilité. On va le combattre, comme on combat tous les choix de régression sociale, alors que pour le patronat, c'est Noël tous les jours", a-t-il jugé.
Manque de personnel, salaires gelés, "on est dans une galère, on n'en peut plus", a déploré une manifestante, employée à l'hôpital de la Timone. Pour Yves Castino, secrétaire CGT, "on en a ras-le-bol d'entendre dire qu'on n'a plus de sous en France. A l'heure actuelle, on ne peut plus soigner les gens, les soignants vont devenir aussi malades que les malades !". De nombreuses écoles et crèches marseillaises étaient affectées mardi par ce mouvement. Selon les chiffres de la mairie, 344 cantines ont dû fermer leurs portes (pour 31 ouvertes), de même que 34 crèches, pour 4 fonctionnant normalement et 19 partiellement.
A Toulouse, on manifeste "pour nos enfants"Entre 3.100 personnes, selon la police, et 12.000, selon les syndicats, ont aussi battu le pavé à Toulouse. "Je suis en fin de parcours, mais je manifeste pour nos enfants et nos petits-enfants", a déclaré à l'AFP Aline, retraitée de France Télécom. "Le Medef refuse de s'engager sur la moindre contrepartie au pacte de responsabilité, c'est quand même inquiétant", a-t-elle estimé.
140 rassemblementsIls étaient aussi entre 1.200 et 1.500 à Clermont Ferrand, où une banderole FO proclamait "non au pacte Hollande, Gattaz et Berger". A Grenoble la police a donné le chiffre de 1.480 manifestants. Seuls 50% des tramways et bus fonctionnaient. Ils étaient entre 750 et 1.500 à défiler à Saint-Nazaire, entre 1.400 et 3.000 à Nice, entre 1.800 et 5.000 à Nantes, entre 1.400 et 2.500 à Rennes, entre 2.000 et 3.500 à Toulon. Chalon-sur-Saône était aussi mobilisé, comme le montre ce tweet :
Les appels à la grève semblaient peu suivis. Dans Education nationale, 5,7% d'enseignants dans les 26 académies métropolitaines ont été grévistes, à Pôle emploi, 5,20% du personnel, selon la direction.
- Citation :
- "Les salariés de la Sécu dans la rue. Les salariés de la Sécurité sociale étaient aussi appelés de leur côté à la grève mardi pour protester contre des conditions de travail dégradées. Un arrêt de travail a été appelé par tous les syndicats - y compris la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Mais ces derniers ne se sont pas associés a la manifestation parisienne qu'ils estiment "confisquée" par la CGT et FO."
L'Humanité