Jeudi 27 Mars 2014
Le 15 août 2010, des faucheurs volontaires ont arraché des pieds de vigne OGM cultivés par l’INRA, en milieu non confiné, permettant ainsi la contamination du sol par les OGM.
Malgré l’inefficacité avérée de l’expérimentation, les faucheurs ont été condamnés à verser solidairement 57.000 euros à l’INRA.
Les camarades du Parti de Gauche dans le Haut-Rhin, en assistant au procès en appel, qui s’est déroulé à Colmar les 19 et 20 mars, ont manifesté notre soutien aux faucheurs.
Ils font ici le récit de leur journée au tribunal, auprès des prévenus.
Mercredi après-midi.L’entrée de la cour d’appel avait été décorée avec des banderoles, des stands installés… Ainsi, on pouvait entrer en portant son T-shirt ou son badge de soutien aux faucheurs volontaires de Colmar.
À l’intérieur, le bal des entrées et sorties de la salle d’audience rythmaient l’après-midi, la salle étant malheureusement trop petite pour accueillir tout le monde. Après un long moment d’attente, j’ai pu entrer dans la salle comble. Certains debout et d’autres même couchés, les gens écoutaient attentivement les débats prêts à réagir et lever les mains en l’air pour soutenir le copain à la barre. Les faucheurs volontaires passaient par ordre alphabétique à la barre pour répondre à la même question du juge : « Pourquoi faites-vous appel ? ». Les uns expliquant la dangerosité des OGM et le risque de contamination en milieu ouvert comme à Colmar pour l’essai en question et les autres leur vision d’une agriculture paysanne et respectueuse de la nature. Tous expliquaient n’avoir eu aucun plaisir particulier mais que le fauchage était la seule solution qui leur restait pour éviter les contaminations et faire entendre la voix de la raison face aux lobbys et aux multinationales. Pour répondre à la question, l’un des faucheurs a montré la photo de son fils. Ils sont peut-être 59 à être poursuivis, mais c’est pour nous tous et les générations futures qu’ils ont agi.
Le soir avait lieu à Colmar la première diffusion en France du film Résistance Naturelle de Jonathan Nossiter, le réalisateur de Mondovino, avec la présence de l’un des vignerons résistants du film. La projection avait été organisée pour soutenir les faucheurs volontaires de Colmar qui étaient présents dans la salle. Le débat qui a suivi a donné lieu à un beau moment de fraternité entre les uns et les autres. Une proposition intéressante est venue de la salle : organiser un événement autour de l’idée qui réunit les faucheurs volontaires, les vignerons résistants du film et tous ceux qui luttent pour un monde respectueux de la nature : la fête de la légitime illégalité !
Guillaume PernotJeudi après-midi.Je n’ai pu entrer dans la salle d’audience qu’au moment où Christian Vélot, chercheur en génétique moléculaire a témoigné.
Celui-ci a expliqué la dangerosité des essais OGM en milieu non confiné, en faisant le parallèle entre ce qui se fait en laboratoire où les contraintes en matière de confinement sont particulièrement drastiques et le cas des vignes arrachées qui faisaient l’objet de recherche en milieu non confiné et donc où les risques de contamination de l’environnement étaient très importants et dangereux. Il a notamment dénoncé les risques graves de contamination par des virus re-combinants. Il a aussi insisté sur le fait que lorsqu’il y a contamination par les OGM, celle-ci est incontrôlable et irréversible.
Il a également expliqué que le court-nouée (objet des essais OGM des vignes fauchées) était une maladie qui, certes, détruit les vignes, mais que les plants qui résistent, sont non seulement immunisés, mais de surcroît, augmentent la qualité du vin. D’une part, la vigne sait donc se protéger naturellement contre cette maladie et d’autre part, afin d’augmenter la qualité gustative du vin, les vignerons veulent avoir environ 3% de court-nouée !
Les avocats, quant à eux, ont repris les arguments développés par les chercheurs, mais ont également introduit la notion de désobéissance citoyenne qui dans certains cas, comme celui des faucheurs, se révèle être un acte civique pour le bien commun.
Ils ont également accusé l’INRA de faire avant tout un test sociologique sur les terres alsaciennes ; c’est-à-dire de vérifier l’acceptation d’OGM dans le vignoble.
Or, les faucheurs ont récolté 1000 signatures de viticulteurs disant que « les OGM sont inutiles et néfastes ».
La relaxe a été demandée par les avocats de la défense et le jugement sera rendu à Colmar le 14 mai à 14 heures.
Marie-Christine WeigelPour en savoir plus, pour signer la pétition et pour soutenir les faucheurs :
http://www.soutiencolmar.onlc.frhttp://www.infogm.org/spip.php?article5634