Samedi 19 avril 2014
Les lycéens demandent à la préfecture un peu de mansuétude… et l’obtiennent
“ Injuste ! ” Ils étaient une trentaine d’élèves en rangs serrés, épaules contre épaules, au-devant de la manifestation de soutien et ils scandaient : “ Oui à l’éducation, non aux expulsions! ”. Les élèves du
lycée Montchapet, leurs professeurs, mais aussi leurs pairs du lycée Hippolyte Fontaine, du lycée du Clos de Pouilly se sont mobilisés mercredi 16 avril en fin d’après-midi dans les rues du centre-ville de Dijon pour soutenir haut et fort des élèves de leur âge menacés d’
expulsion.
Attention : Une circulaire Valls peut en cacher une autreLe flot d’élèves défile direction la préfecture : son objectif, ne pas perdre les camarades
dont les parents ont reçu une obligation de quitter le territoire (OQTF). Parmi les élèves menacés d’expulsion, une jeune fille venue de la région des Balkans en première scientifique et qui réside en France depuis un an et demi. Son professeur de mathématiques, M. Santa Cruz connaissait l’existence de la procédure de demande d’asile en cours : “ Je lui avais offert de l’aider si elle rencontrait un quelconque problème ”.
En effet, la procédure de demande d’asile prend du temps
et n’exclut pas les déconvenues. Et nouveauté du droit, les demandeurs ne sont plus les bienvenus entre deux recours à Paris auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofrpa).
Après une première circulaire Valls restreignant les visas pour les étudiants étrangers, une seconde datée du 11 mars 2014 encourage les préfets à moins de mansuétude, selon le collectif d’associations de soutien contre les expulsions. Dans un communiqué national, les associations de défenses de droits humains
dénoncent une “circulaire attentatoire aux droits les plus fondamentaux des migrants”.
L’alerte lancée par de nombreux acteurs associatifs importants comme Resf, le syndicat de la magistrature, Médecins du monde, la Cimade ou encore la Ligue des Droits de l’Homme détaille dans le document : “ Les demandeurs d’asile sont particulièrement ciblés. Aussitôt leur demande rejetée, les préfets devront les expulser au plus vite, au détriment de leurs droits à un recours effectif et sans considération pour leur situation personnelle et leurs attaches en France ”.
OQTF contre AES : la bataille administrative en marcheC’est justement ce qui arrive à cette jeune fille, d’après le témoignage de ses profs. Menacée physiquement dans son pays, elle vit en exil avec sa famille et a entamé un cursus scolaire en France. Surmontant la barrière du langage et de l’intégration, elle s’est fait une place parmi les élèves de sa classe. La preuve, aujourd’hui, ils se mobilisent désormais pour convaincre les magistrats français.
“ Ses camarades ont averti les profs et le proviseur s’est lui-même saisi de l’affaire ”, explique M. Santa Cruz. Le dialogue a été ouvert avec la préfecture, mais sans résultat jusque-là, malgré plusieurs rencontres. Ils ont demandé une audience au tribunal, mais ne veulent pas rester les bras croisés : “ On attend tous l’AES ”, résument les manifestants. Pour la jeune fille et pour tous les élèves dans son cas.
L’Admission exceptionnelle de séjour, ce sésame accordé par le préfet en vertu des pouvoirs discrétionnaires qui lui sont conférés, permettrait à l’élève de rester sur le territoire et donc de bénéficier de la protection de la police française. Voilà pourquoi le rassemblement a serpenté hier jusqu’à l’Hôtel de préfecture, une rencontre des professeurs avec Marie-Hélène Valente, secrétaire générale de la préfecture de Côte-d’Or, était programmée à 17 heures. Elle a débouché sur la levée de l’OQTF de l’étudiante en question.
Solidarité payante ?La préfecture a précisé ce jeudi 17 avril 2014 que “ chaque dossier a été étudié de manière individuelle, sur les 15 dossiers examinés, trois vont être prochainement régularisés au regard de la circulaire Valls. Les autres dossiers feront l’objet d’un réexamen suite à la demande de complément de dossier. Pour autant, la qualité du parcours scolaire des jeunes n’emporte pas nécessairement la régularisation de la famille qui est étudiée au regard de tous les critères de la circulaire Valls (durée de séjour en France, preuve d’intégration des parents, durée de scolarisation…). ”
Marion Chevassus, pour Miroir Mag