Mercredi 5 novembre 2014
Education nationale : le ministère de la magouille
Coup sur coup, deux révélations viennent aujourd’hui entacher la belle histoire que content les ministres successifs de la rue de Grenelle. C’est d’abord le journal le Monde qui dans son édition datée du 6 novembre fait le décompte des comptes des postes réellement créés depuis l’arrivée de François Hollande : 3 856 postes de titulaires quand, dans le même temps et à coups de stagiaires, le gouvernement annonce 31 627 embauches depuis 2012. Les menteurs sont des tricheurs qui bidouillent les chiffres pour tenir la « promesse ». Celle des 14 000 postes en primaire inscrits dans la loi d’orientation Peillon de 2013, ou les 60 000 postes de feu le candidat Hollande.
Mais c’est aussi Mediapart qui révèle dans un article daté du 4 novembre (
voir ici) les incroyables conflits d’intérêts organisés entre les ministères du redressement productif et de l’éducation nationale. A l’heure où le gouvernement s’apprête à lancer son plan pour le numérique à l’école, on apprend ainsi que pour le volet « e-éducation », des industriels du secteur se sont vus confié le soin de coordonner des missions et de définir des recommandations. Immanquablement, cela a abouti à ce que leurs projets soient choisis dès lors qu’ils ont participé ensuite à l’appel d’offres. Ainsi de celui-ci qui vend des tablettes éducatives et des ressources pédagogiques en ligne et à qui l’on demande des préconisations. Comme de bien entendu, son verdict est sans appel : il faut équiper en tablettes 70% des élèves d’ici 2020 et développer les ressources numériques à caractère pédagogique. Finalement, on n’est jamais aussi servi que par soi-même : sous le gouvernement Hollande, ce sont les patrons eux-mêmes qui dressent le cahier des charges de la commande publique !
Décidément, ça ne tourne plus rond rue de Grenelle. Entre les trucages, les annonces scabreuses comme l’intervention des personnels chargés du périscolaire sur le temps scolaire (
voir ici), ou la tentative heureusement avortée de supprimer le fonds d’amorçage pour les rythmes scolaires, le ministère de l’éducation nationale est un ministère à la dérive. Une fois on nous expliquera que Grenelle n’a rien pu faire face à Bercy (pour les postes), l’autre fois que c’est le ministère du redressement productif qui pilotait. Tout cela prouve une chose : avec Hollande, l’éducation a été dissoute derrière les intérêts du patronat et de la finance.
C’était Peillon. Il est en Suisse. Grand bien lui fasse. C’était Hamon, il est parti, n’en parlons plus. Il vaut d’ailleurs mieux pour lui car sinon on apprend, comme dans la même édition du Monde (6 novembre), son « pacte » avec Manuel Valls pour permettre à ce dernier d’atteindre Matignon et à Hamon de s’enorgueillir d’un portefeuille prestigieux (
voir ici). C’est maintenant Vallaud-Belkacem. Tout du pareil au même. Qu’ils s’en aillent tous ! L’éducation et le savoir sont des biens trop précieux pour être laissés entre les mains de vulgaires pigistes du patronat.
François Cocq