Mardi 25 novembre 2014
La mairie de Dijon entretient le mystère sur la dette toxique
À Dijon, le sujet des dettes toxiques reste épineux. Et la mairie ne compte visiblement pas en dire plus.
Près de la moitié de la dette de la ville est toxique et 17% des prêts sont très dangereux. C’est-à-dire qu’il s’agit de prêts structurés pouvant atteindre d’un moment à l’autre des taux d’intérêt faramineux. Alors qu’un collectif de citoyen se mobilise et que la presse souhaite avoir plus d’informations, la mairie garde la porte close.
Lundi 24 novembre, une douzaine de membres du CAC21, le collectif citoyen pour un audit de la dette, s’est imposée à l’accueil de la mairie pour demander des comptes. Ils réclament depuis près de deux ans le détail des prêts contractés par Dijon auprès de la banque Dexia pour attaquer la banque en justice à la place de la municipalité, si celle-ci continue de faire défaut.
Pour l’instant, le tribunal administratif a rejeté la demande du CAC21 de se substituer à la mairie devant le tribunal. Mais les membres du collectif espèrent bien qu’en obtenant le détail des prêts, ils auront de quoi mieux plaider leur cause. La Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) a d’ailleurs mis la mairie en demeure de mettre à disposition ces documents aux citoyens. Ce qu’elle se refuse de faire jusqu’à maintenant. Lors de la conférence de presse précédant le conseil municipal, Alain Millot, le maire, a indiqué que la ville ne donnerait aucun document tant qu’une démarche judiciaire serait en cours.
Une plainte déposée contre Dexia (?)Les collectivités qui ont attaqué Dexia en justice ont presque toutes gagné leur procès, puisque ces prêts toxiques contenaient des dispositions illégales et présentaient des vices de procédure. Deux jours avant les élections municipales,
François Rebsamen a affirmé lors d’une interview au Miroir en partenariat avec Radio Campus que la mairie avait porté plainte contre Dexia. Depuis, la mairie se refuse à communiquer sur cette plainte. Georges Maglica, l’adjoint aux finances, a juste reconnu, lors du conseil municipal du 30 juin 2014, que la mairie favorisait la négociation, mais que les possibilités de recours étaient aussi envisageables.
Pourtant, ce serait tout à son honneur ! Si les membres du CAC21 se mobilisent et cherchent à obtenir le détail des prêts, c’est pour se substituer à la mairie et enfin attaquer les banques. Si la Ville donnait des informations quant à cette procédure contre Dexia, elle pourrait s’attendre à faire taire ses plaintes. Difficile de comprendre pourquoi elle ne le fait pas. Vis-à-vis de la presse aussi, la mairie ne donne pas plus d’informations. Plusieurs mails du Miroir sont restés sans réponse et lundi 24 novembre, une journaliste d’Arte qui enquête sur le sujet de la
dette toxique s’est vue l’entrée de la conférence de presse du conseil municipal.
Selon nos informations, que la mairie se refuse toutefois à confirmer, la ville aurait bien porté plainte contre Dexia. Mais dans ce cas-là, pourquoi ne pas en informer la presse et les membres du CAC21 ?
Nicolas Boeuf