Samedi 29 novembre 2014
Oui à la critique, non à la censure
Il y a vraiment de quoi s’interroger sur ce qui s’est passé le 27 novembre au Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis où des manifestants anti-racistes et anti-colonialistes ont exigé violemment la censure de l’œuvre EXHIBIT B qui pourtant dénonce à sa manière brute et brutale, le racisme et le colonialisme.
Face à ces dérives régressives et dangereuses, le Parti de Gauche réaffirme que l’Artiste est libre de créer ce que bon lui semble, d’interroger les consciences, ou pas, d’ébranler les préjugés, de provoquer le débat, de déranger y compris en obligeant à penser contre soi, comme le fait l’artiste Brett Bailey sous la forme de son choix.
Dans le contexte d’une montée nauséabonde de la censure, qu’une partie de la gauche s’associe à ce genre d’interdiction est simplement aberrant.
Et comment, demain, dénoncer alors l’obscurantisme de Civitas, du Crif ou de quelque intégrisme islamique quand on participe à cette forme sectaire d’interdiction ?
Au nom de quoi, et du choix de qui, devrions-nous être privés de tel ou tel spectacle, texte ou œuvre, devant quel commissaire du bon goût, quelle commission de la bienséance devrions-nous nous incliner et renoncer à notre esprit critique ? Et comment encore parler d’émancipation quand le libre-arbitre lui-même est confisqué ?
Doit-on revenir alors à un art officiel, ou hurler avec tous les Savonarole de tous bords devant « l’art dégénéré » de sombre mémoire ?
C’est dans le débat critique que chacun doit s’exprimer, pas dans la menace ni dans l’hystérisation des passions.
Le Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis avec le CENTQUATRE-Paris ont choisi de présenter l’œuvre EXHIBIT B dans une programmation assumée artistiquement et politiquement.
Le Parti de Gauche assure de son soutien Brett Bailey, les performeurs, Jean Bellorini, José-Manuel Gonçalvès et leurs équipes face aux pressions qu’ils subissent, et salue leur décision de poursuivre les représentations prévues.
D’où que viennent les intimidations, le Parti de Gauche se trouvera toujours au côté des artistes et de la liberté de création, tant cette liberté ne se négocie pas.
Danièle Atala, responsable de la commission culture du Parti de Gauche