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 Avant l'orage (Jean-Luc Mélenchon) + « Il y a 15 millions de pauvres en Allemagne » (Preuve par 3)

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Avant l'orage (Jean-Luc Mélenchon) + « Il y a 15 millions de pauvres en Allemagne » (Preuve par 3) Empty
MessageSujet: Avant l'orage (Jean-Luc Mélenchon) + « Il y a 15 millions de pauvres en Allemagne » (Preuve par 3)   Avant l'orage (Jean-Luc Mélenchon) + « Il y a 15 millions de pauvres en Allemagne » (Preuve par 3) EmptyJeu 5 Mar - 8:01

Mercredi 4 mars 2015

Avant l'orage

Sur cette page vous pouvez m’entendre sur l’actualité, à bâtons rompus, dans l’émission de Public Sénat « La preuve par trois ».
Ce post revient sur ce qui me parait justifier dans l’immédiat une explication plus approfondie sur deux thèmes abordés dans cette émission de télévision. Ainsi à propos du déchaînement de la propagande anti-russe à partir du meurtre de monsieur Boris Nemtsov, place rouge à Moscou, la veille d’une manifestation d’une fraction de l’opposition plus que discutable. Monsieur Nemtsov, cacique de l’ère Eltsine, a néanmoins été repeint en extrême « ami de la liberté », notamment par le journal « Le Monde », enjolivant une fois de plus une biographie dont je vous laisse juge en lisant celle que je vous propose. Naturellement il s’agit d’une provocation de plus dans le contexte déjà si dangereux de cette zone. J’y viens parce que les USA viennent de débarquer en Ukraine 600 hommes de la 173ème brigade aéroporté des États-Unis. Le double langage des États-Unis est insupportable. Le secrétaire d’État américain, John Kerry, s’est d’abord déclaré « plein d’espoir » à propos de la situation en Ukraine, en recevant le chef de la diplomatie russe, Sergei Lavrov. Un jour plus tard c’est le débarquement de la troupe régulière des USA venue s’ajouter aux mercenaires et autres aventuriers déjà payés par les États-Unis en Ukraine.  C’est si consternant qu’on peut se demander si, dans cette affaire, les services et agences nord-américains ne sont pas devenus autonomes et ne mènent pas leurs affaires sans se soucier du commandement politique. Exactement comme ce que l’on voit en Amérique latine où les diverses fractions nord-américaines se disputent le terrain entre partisans des coups d’État et partisans des élections sous tension. La partie se joue à l’échelle du monde pour l’Empire dont le leadership est menacé. La guerre en Ukraine serait une catastrophe pour toute l’humanité.

Ce post vient sur un autre sujet qui me tient à cœur dans le combat de fond, il s’agit du rebondissement du Mouvement pour la 6ème République qui a engagé la constitution de son auto-organisation de façon spécialement vigoureuse. Je considère qu’il s’agit d’une expérience sans précédent dans l’espace politique de la gauche en France.

Poutine a-t-il tué le cacique eltsinien Boris Nemtsov ?

Le malheureux a été assassiné Place Rouge devant le Kremlin, la veille de la manifestation à laquelle il avait appelé en compagnie d’une autre grande figure de l’opposition, le raciste et antisémite Alexey Navalny. Des flots d’encens sont aussitôt montés vers le ciel, votivement offerts par tous les médias « éthiques et indépendants ». Le premier d’entre eux, « Le Monde », a pieusement recopié, sans nuance ni recul, la notice de l’ambassade des États-Unis. Il a donc repeint Nemtsov aux couleurs du martyr de la démocratie, de l’Occident et ainsi de suite. Qualité à laquelle n’accédera jamais le blogueur saoudien qui reçoit chaque semaine sa ration des mille coups de fouets qu’il doit endurer sans bénéficier de l’indignation mondialement bruyante d’Obama, de François Hollande, et les autres. Ni, bien sûr, « Le Monde », ni l’ignoble Plantu, titulaire du prix de 10 000 euros « pour la liberté de la presse » que lui ont attribué les riant fouetteurs du Qatar. Sans vergogne, « Le Monde » écrit : « Boris Nemtsov, qui avait 55 ans, n’était pas un héritier du soviétisme. C’était un authentique démocrate, un homme qui croyait en l’universalité des valeurs de liberté et de pluralisme ». Quel besoin d’en rajouter à ce point ? Ne suffit-il que cet homme ait été assassiné pour déplorer sa mort ? Non, bien sûr ! L’apologie de Nemtsov, illustrissime inconnu avant son meurtre, fonctionne comme un piège à naïf pour créer une ambiance de « Sadamisation » contre Poutine. « A-t-on encore le droit de s’opposer en Russie » me demande une journaliste qui ne connait rien ni à cette affaire ni à aucune autre concernant la Russie contemporaine. On devine le sous-entendu. Ce Nemtsov aurait été assassiné par Poutine. Sans le début d’une preuve, l’accusation est instillée. Ces gens-là n’ont aucune subtilité. Et leurs enquêtes sont rondement menées depuis le bar de la rédaction.

Voyons : un opposant est assassiné, Place Rouge. Il combattait Poutine, Poutine habite le Kremlin sur la place rouge ! « Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Poutine l’a tué ! » Hurrah ! Quelle perspicacité ! On ne la fait pas à un journaliste libre d’être d’accord avec l’ambassade des USA ! Que Poutine veuille rendre célèbre un inconnu à la personnalité plus que trouble, qu’il le tue devant sa porte, la veille de la manifestation d’opposants à laquelle celui-ci appelait, ne leur parait pas d’une insigne stupidité. Ni contradictoire avec l’intelligence machiavélique qu’ils prêtent à Poutine le reste du temps. Non. Pourtant, après ce mort et sa malheureuse famille, la première victime politique de cet assassinat est Vladimir Poutine. Car il a été aussitôt traîné dans la boue par toute la presse « libre, éthique et indépendante » du monde entier, dénonciatrice ardente sur ordre des armes de destruction massive de Saddam Hussein, de l’Iran et de tous les autres articles de propagande pré-machée des USA.

Voyons donc la biographie de cet émouvant « authentique démocrate ». Commençons par ses fréquentations les plus récentes dans le cadre de son amour pour les valeurs sans rapport avec « le soviétisme » ! Il appelait à une manifestation le 1er mars contre le gouvernement russe, ce qui est bien son droit. La manifestation a eu lieu et a été traitée moins durement que la manifestation à Sivens le jour ou Remi Fraisse s’y trouvait. Pour convoquer cette manifestation, l’ami de la liberté a joint sa signature à celle d’un autre ami du « Monde », le raciste Alexey Navalny, leader libéral-xénophobe ultra violent. Navalny a créé en 2006, avec des néonazis russes, le mouvement nationaliste des « Marches Russes ». Il est l’inventeur des slogans qui ont entraîné de nombreuses violences contre des immigrés : « la Russie aux Russes », « Arrêtons de nourrir le Caucase ! », « nettoyer la Russie ». Dans une vidéo en marge de ces marches, il qualifiait de « cafards » les habitants du Caucase : « si l'on peut tuer les cafards avec une chaussure, quand il s'agit d'êtres humains, je recommande d'utiliser une arme à feu ». Voilà pour l’ami de « l’authentique démocrate ». Et aussi pour les organisateurs de la manifestation encensée par « le Monde ». Risible dans la fabrication d’une information de convenance, le journal a aussi voulu faire croire qu’elle était organisée en réplique au meurtre. En fait, elle se préparait depuis des semaines sur les thèmes racistes habituels de ces personnages nauséabonds.

Voyons à présent le cas de Boris Nemtsov, « l’ami des libertés », « sans rapport avec le soviétisme » ? En effet, il s’agit d’un voyou politique ordinaire de la période la plus sombre du toujours titubant Boris Eltsine. Ce Nemtsov est le principal artisan des privatisations de la période 1991-1993 qui furent en fait un véritable pillage. L’homme « sans rapport avec le soviétisme » était alors nommé par Eltsine, gouverneur de Nijni-Novgorod. Il se rendit odieux à grande échelle comme ministre de l'énergie d'Eltsine. Ce sont les privatisations décidées et organisées par lui, Nemtsov, qui ont créé l'oligarchie kleptocratique russe, fléau dont ce pays met un temps fou à se débarrasser. En effet, chaque oligarque, généreux donateur, est défendu bec et ongle par la propagande des agences de l’OTAN comme des « amis de la liberté », de « l’économie de marché » et autre habillages rhétoriques de la caste dans le monde entier. D’ailleurs, l’entourage de « l’authentique démocrate » Nemtsov, a fourni un riche contingent de condamnés pour diverses malversations dans les privatisations organisé par l’homme qui « n’avait rien à voir avec le soviétisme ».

Libéral fanatique, ce grand esprit avait été félicité à l'époque par Margaret Thatcher lors d'une visite en Russie. Vice-premier ministre chargé de l'économie en 1997-1998, sa gestion servile à l’égard des injonctions du FMI provoqua le crash russe. Ce fut la plus terrible humiliation de la nation russe depuis l’annexion de l’ancien glacis de l’est dans l’OTAN. Voilà le bilan de monsieur Nemtsov. Cela ne justifie pas qu’on l’assassine. Mais cela devrait nous épargner d’être invités à l’admirer comme le propose grotesquement « le Monde ». Si nous avions une presse indépendante des États-Unis et du conformisme de la dictamolle libérale, personne ne s’aviserait de nous le proposer.

Qui a bien pu tuer Nemtsov ? Naturellement nous n’en savons rien. Si l’on exclut le crime passionnel, et que l’on reste à la politique, on peut diriger l’enquête et les soupçons du côté où il avait le plus d’ennemis. A qui profite le crime ? Certainement pas à Vladimir Poutine : cet assassinat arrive pour lui au plus mauvais moment sur le plan international et au plus mauvais endroit : devant chez lui, au Kremlin. Boris Nemtsov n'était pas une menace pour Poutine compte tenu de sa marginalisation intérieure. En Russie, les amis de l’Ukraine actuelle qui manifestent avec le drapeau de l’ennemi sont très mal vus. Surtout que pour Nemtsov, son soutien à l'Ukraine ultra-nationaliste a commencé en 2004, quand il était déjà conseiller économique du président Ioutchenko, ami d’hier du journal « Le Monde » et ennemi d’aujourd’hui, héros de la dite « révolution » orange. Il est certain que la popularité de Boris Nemtsov n'a pas grandi en Russie du fait son opposition au vote des citoyens de Crimée pour le rattachement à leur patrie russe. Il préférait une Crimée enchainée à l’Ukraine dont les habitants étaient interdits de parler leur langue par ordre des hurluberlus violents de Kiev. L’homme qui n’avait « rien à voir avec le soviétisme » était pourtant dans cette circonstance le défenseur d’une décision personnelle de Nikita Kroutchev, alors tout puissant secrétaire général du Parti Communiste de l’Union soviétique, qui décida, un soir de beuverie dit-on, de rattacher la Crimée à l’Ukraine pour afficher la force de l’attachement de l’Ukraine à la Russie. Un peu comme si un président français décidait de rattacher l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne pour montrer la force du couple franco-allemand ! Car la Crimée est russe depuis toujours, comme l’Alsace et la Lorraine sont françaises, comme l’ont prouvé les millions de morts français tués pour la libérer de l’occupation allemande. Notons, quoiqu’on en pense, qu’un Russe qui se prononce pour Kiev et pour l’intervention de « l’Occident » en Ukraine est un courageux minoritaire parmi les Russes qui vivent mal la présence de nazis au gouvernement de Kiev, l’interdiction de parler russe dans les terres russophones et s’émeuvent des quatre mille civils russophones tués dans le Donbass et du crime sadique contre les quarante syndicalistes brulés vifs ! Sachant cela, je pense que même le plus anti-Poutine et ennemi des Russes peut alors voir sous un autre œil la situation.

Boris Nemtsov était un opposant extrêmement confortable pour Poutine car il était caricaturalement acquis aux ennemis de la Russie. Il était donc sans aucun danger politique et parfaitement inconnu de « l’opinion occidentale » avant sa mort. Je n’en dirais pas autant des milieux de l’extrême droite Russe. Celle-ci est aspirée dans une surenchère permanente et des compétitions mortelles depuis que des « amis de l’Europe » comme l’antisémite Alexey Navalny en rajoutent sans cesse dans l’hystérie xénophobe et ultra nationaliste. Dès lors « l’authentique démocrate», multi pensionné des officines et succursales de la bien-pensance européenne et nord-américaine, ami public du gouvernement ultra anti-russe de Kiev, en pointe dans le rôle de tireur dans le dos de son pays, pourrait avoir été pour eux une cible pleine de sens. Pour ceux-là d’ailleurs, la politique de Poutine est trop équilibrée. Eux sont partisans de la confrontation directe avec l’Ukraine et les USA. C’est eux que le parti américain d’Ukraine veut encourager en les poussant à bout. Le débarquement des troupes américaines fonctionne dans ce sens. Car soyons clairs : si l’armée russe entrait en Ukraine à la suite des provocateurs nord-américaine, les forces qui tenteraient de s’y opposer seraient balayées en moins d’une semaine, parachutistes américains ou pas. 600 Américains ne sont pas davantage invincibles que des milliers d’entre eux. Ce qu’ont montré toutes les guerres perdues par les armadas nord-américaines, à Cuba, au Vietnam, en Somalie, en Afghanistan, en Irak. Les USA savent organiser des complots, des assassinats politiques, acheter des journalistes et des agents d’influence dans tous les pays. Mais militairement, ils ne peuvent vaincre que dans l’ile de la Grenade des gens désarmés, à Panama le chef des trafiquants de drogue, et d’une façon générale des gens incapables de se défendre.

Il est important de se souvenir que la Russie est une très grande puissance militaire, dont le peuple en arme, que n’intimideront pas les bandes de pauvres diables chicanos de l’armée des USA. En tous cas ces 600 parachutistes-là ne peuvent compenser le caractère pitoyable des bandes armées ukrainiennes qui viennent d’être défaites dans l’est du pays en dépit de la sauvagerie de leurs actions. Tout repose donc à présent sur le sang froid de Vladimir Poutine et des dirigeants russes. Pas de guerre ! La patience, l’écroulement de l’économie ukrainienne, la désagrégation de ce pays qui a tant de mal à en être un, tout vient à point a qui sait attendre. La guerre est le pire qui puisse arriver à tout le monde en Europe et dans le monde. La guerre au milieu de sept centrales nucléaires dont la deuxième du monde, devant le sarcophage de Tchernobyl, la guerre serait un désastre dont l’Europe ne se relèverait pas avant des décennies. Les USA doivent rentrer chez eux et laisser les habitants de ce continent régler leurs problèmes.

Un succès imprévisible : le processus de convocation de l’assemblée représentative du M6R !

Il entre dans sa phase décisive. Avant de parler du résultat très étonnant acquis sur ce plan, je voudrais faire quelques remarques générales. La mise en place du Mouvement pour la sixième République est une des actions politiques que j’ai amorcées dont je suis le plus impressionné. Je m’émerveille de la voir trouver son rythme et sa vie propre, c’est-à-dire trouver son autonomie de discussion et de fonctionnement. En lançant le projet, je ne savais rien de ce que serait l’écoute reçue par un projet essentiellement construit par Internet. Je ne sais pas s’il y a un précédent de cette nature pour une idée aussi ample. Car signer pour demander la tenue d’une Assemblée Constituante n’est pas un acte de seconde intensité politique. Tout le contraire. Cependant, considéré du point de vue de la façon de faire de la politique traditionnelle, ce fait n’est pris en compte nulle part. Pour un observateur lointain, toute pétition se vaut. Et ceci depuis le départ. J’ajoute que les développements de la plateforme, de sa fréquentation, des thèmes abordés, la croissance du nombre des signataires, tout est passé sous les radars des commentateurs comme de la mouvance politique de gauche pourtant friande de discours sur la nécessité de « faire du neuf », « dépasser les formes traditionnelles » et ainsi de suite. Je crois que cela a été notre chance. De cette façon nous nous sommes évité des centaines de trolls, sans oublier les inévitables aigres polémiques byzantines dont l’autre gauche a le secret et l’inépuisable pratique. Je me suis amusé de voir annoncé l’échec et même la mort de l’initiative à plusieurs reprises par toute sorte de gens, sans arrière-pensée cela va de soi. Il va de soi cependant que ces peaux de bananes là et quelques polémiques aussi acrimonieuses que vaines ont peut-être contribué à ralentir le mouvement de signatures déjà atteint par la trêve des confiseurs puis relégué par la violence de l’actualité des assassinats du début d’année. Mais au premier signal, le flux de signataires a repris son cours. Ce qui était un fleuve était devenu un ruisseau ; le revoici revenu en rivière vigoureuse. Depuis que nous avons franchi la barre des 80 000 signataires nous savons que nous atteindrons à coup sur les 100 000, certes moins vite que prévu, mais que nous les atteindrons. Pour moi, c’est un fait important. L’auto-organisation d’un mouvement qui compte une telle base annonce une puissance.

Mon idée était qu’il fallait inscrire la construction du M6R dans la durée. Et non dans le style des champignons médiatiques qui ne peuvent durer qu’à la condition d’une obsédante agitation qui tourne vite au superficiel. Mais une telle pratique politique est-elle possible ? C’est ce que je ne savais pas en commençant. Ni aucun de celles et ceux qui se sont impliqués en toute sincérité sans en attendre rien d’autre que d’être en accord avec soi-même. La montée du nombre des signataires, l’ouverture de la zone de débats, puis les initiatives comme « la manifestation en ligne », et combien d’autres choses de cet ordre ont apporté la preuve que le système trouvait son enracinement et que ses signataires agissaient en toute conscience politique et non pas sur un coup de tête. Des niveaux différents d’engagement ont été observés comme le prévoyaient les organisateurs de la plateforme a ses débuts. C’est là une caractéristique des mouvements de notre temps. Les uns s’engagent beaucoup, d’autres moins, et nombreux passent de l’un à l’autre statut sans difficulté ni drame dès lors qu’aucun enjeux de pouvoir ne s’y trouve lié. C’est à cette implication que nous devons le premier résultat obtenu : toute la logistique informatique est une création ouverte et autonome des participants qui se sont impliqués parmi les 2000 personnes qui se sont offertes pour prendre en charge une compétence personnelle. Je le rappelle car à peine l’idée de la plateforme interactive avait-elle été lancée que nombre de critiques s’était exprimées pour exiger une indépendance totale. C’est fait. Ce n’est pas rien. Tous les outils mis en service : machine à voter, plateforme de débat, plateforme « nous le peuple », et à présent la machine à organiser les rencontres locales, tout a été fabriqué par les militants de l’équipe très horizontale venue de tous les horizons qui fait vivre le Mouvement en mettant à sa disposition les moyens techniques qui permettent son expression sous toutes les formes.

La phase auto-organisation consiste à mettre en place une assemblée représentative des signataires. Je lui remettrai officiellement les clefs de la nouvelle maison dont j’ai lancé la fondation en disant dès le premier jour que je n’avais d’autre but que de n’y jouer aucun rôle supérieur à celui de tous les autres participants. Déjà le mouvement est en réalité animé et mené par l’équipe technique qui n’est pas faite de techniciens mais de militants de la cause du M6R qui ont une compétence technique qu’il mettent à son service. Une équipe très jeune, donc d’une culture aussi contemporaine que ses outils d’action. Le lancement du processus de tirage au sort a été la plus grande crainte. Les tirés au sort accepteraient-ils de s’engager ? La bonne surprise c’est qu’à mesure du tirage, 20 % des sélectionnés acceptent d’assumer le rôle qui leur est proposé. Même bonne surprise côté contingent des gens à élire. Combien de candidats se présenteraient ? Faudrait-il courir après des candidats à pousser dans le dos ? Inutile. Plus de 800 candidatures se sont faites connaître ! C’est proprement aussi stupéfiant que la situation du tirage au sort ! Tout cela peut se découvrir sur le site et la plateforme.

Je pense que tout ceci fournit une matière première d’étude politique autant qu’un enseignement sur l’état d’esprit de notre temps actuel et sur l’action politique de notre époque. Car une leçon plus générale peut être tirée de cet épisode. Il est une source d’apprentissage en vue des campagnes qui viennent. Je pense avoir fait partie du peloton de tête en 2012 de l’usage de la toile comme espace public concret. Pourtant, nombre des décideurs n’y voyaient déjà qu’une coûteuse obligation confiée à des communiquant déjantés et un espace récréatif pour jeunes entrant dans le débat politique. A présent, je vois comment construire un avantage tactique décisif face à ceux que nous affrontons. Il est bon de les voir s’attarder sur le sable de l’arène où ont lieu les combats du cirque, pendant que les gens réels en sont aux jeux vidéo. Toutefois, mon regret est que trop de nos propres amis souvent n’y comprennent rien eux-mêmes. Ils conservent leurs repères dans les mouvements de l’espace traditionnel. Je ne dis pas qu’ils ne s’ouvrent pas au monde « virtuel ». Ils ne le considèrent pas en tant qu’espace central de la bataille en cours pour nous. Je dis bien pour nous. Car les passages dans les grands médias audiovisuels ont évidemment leur importance comme carrefour où se connecter avec « l’opinion » en général, c’est-à-dire avec la construction qu’en font les médiacrates. Mais ils ne sont rien pour construire des convictions. Ils ne peuvent laisser que des « impressions ». Non seulement du fait du traitement sensationnaliste de toute question qui en est la règle. Mais surtout parce que dans le flot général, nos présences ne changent strictement rien à l’effet de système des répétitions en boucle globale de ce que j’appelle le « parti médiatique » pour nommer cet effet de système. Elles servent seulement à justifier la bienveillance du système (« vous voyez on vous invite »). Il faut donc l’occuper dans l’esprit du spectacle qui en est la règle, sans en abuser pour ne pas subir l’épuisement de tout refrain.

Pour construire de l’argumentation et de la culture commune, l’échange et l’interactivité des réseaux sociaux et des blogs est le lieu décisif. Notamment pour construire notre résistance intellectuelle et pratique face à l’écroulement de l’espace public dans l’ethnicisme qui est en cours. Pour qui ne croit pas que tout soit ethniquement analysable, ni que le problème essentiel de la France ce soit l’antisémitisme et l’islamisme, il faut pouvoir trouver où parler d’autre chose. Ce n’est donc pas dans l’espace public audio-visuel officiel que cela se passe. Celui-ci est entièrement voué à la construction du paysage du choc des civilisations. C’est ce que nous subissons depuis des semaines. Il va de soi que cette mise en scène correspond exactement à la représentation du monde du « tout ethnique » de l’extrême droite. Elle va donc amplifier sa dynamique interne mobiliser mieux que personne son propre électorat et commencer à siphonner sérieusement et profondément la droite. Les logiques qui se construiront alors sont celles de l’esprit de résistance. Cet esprit, conscient et argumenté, nourrit d’intelligence et d’arguments, sera notre point de départ. Il se fabrique ici, sur la toile, au calme du choix des lectures et des interlocuteurs. Je m’empresse d’ajouter que je suis conscient du fait que tout le monde n’accède pas à internet, et ainsi de suite, comme on me l’objectera avant de me conseiller la pratique du porte à porte que beaucoup de mes conseilleurs ne pratiquent eux-mêmes jamais. Mais cette précaution prise, je renvoie à mon analyse de la réalité concrète de l’espace virtuel. J’en ai déjà fait un thème ici et je renvoie mes nouveaux lecteurs à ce que j’en ai dit après avoir pris le soin de l’argumentation et de l’effort d’écriture.

Je sais bien combien la débandade sera profonde dans l’espace traditionnel de la « gauche ». La « gauche traditionnelle » va être détruite dès le premier tour dans 600 à 1000 cantons. Cyniquement, le PS en tire l’argument d’un chantage sans cesse alourdi : « unitéééééé » bêlent tous les chefs du PS. Comment y parvenir ? En nous taisant et en acceptant leur politique, celle-là même qui provoque le désastre. Ceux-là sont directement et personnellement responsables du désastre qui s’avance. Mais évidemment, ceux qui continuent à placer le PS devant au nom du « vote utile », du « moins pire » et ainsi de suite sont les fossoyeurs effectifs de la gauche. Ce n’est pas tout. Le soir du vote, le résultat sera rendu illisible par les manipulations de la nomenclature des « nuances »  et « étiquettes » décidées dans les préfectures et au ministère de l’Intérieur. Tout est organisé pour rendre la situation absolument démoralisante et renforcer la pression pour « l’unitééééé » au service du PS et de Valls. Nous avons prévu de faire notre propre présentation des résultats le soir du premier tour. Mais surtout de vous indiquer où se joue en réalité la partie qui se prépare pour la riposte depuis notre camp : les cantons, départements où les assemblées citoyennes ont désigné les candidats, là où les accords Front de gauche et EELV ont fonctionné. Car dans la nuit qui nous accable, la suite se prépare avec patience. Du M6R aux élections, nous ne lâchons rien ! Et moi moins qu’un autre je veux le dire ici. Dans l’intervalle, nous avons besoin d’un peu de discrétion et d’ombre, ici ou là, pour échapper aux éclairages malveillants. Après la pluie…

Jean-Luc Mélenchon


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« Il y a 15 millions de pauvres en Allemagne »


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