Elles sont partout parmi nous, et pourtant, trop souvent on les ignore. Elles, ce sont les abeilles. Si les abeilles domestiques sont réputées pour leur production de miel, elles sont également essentielles dans le développement d’écosystèmes puisque sans elle, la pollinisation est pratiquement impossible.
A Dijon, plusieurs dizaines de ruches sont en place dans le centre-ville et aux alentours. Dans le parc de la Colombière (Lire
ici le Bien Public), ou bien sur le domaine de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (
Dreal), tandis que d’autres seront prochainement voisines de l’Auditorium. Au total, 1.500.000 de ces insectes volants vont élire domicile dans la ville… pour une production de miel attendue de deux tonnes par an !
L’association Surveillance des abeilles gardiennes de l’environnement (
Sage) est à l’origine d’une « quarantaine de ruches installées dans l’agglomération », détaille Marien Lovichi, son président. La raison ? Elle est simple : sensibiliser les gens à la fragilité de l’espèce, « les alerter sur les problèmes liés aux pesticides ». Des pesticides qui sont l’une des principales causes de la diminution de la population des abeilles. Si trois pesticides seront interdits par la commission européenne dès le 1er décembre prochain, les effets de ceux-ci restent encore obscurs sur l’
abeille (Lire
ici Le Monde).
Sans abeille, plus de fruit ni de légume« Pour certains apiculteurs, les pesticides n’expliquent pas tout, il y a d’autres menaces comme le varroa, un acarien qui parasite les larves et les abeilles adultes », explique Marien Lovichi. Pour autant, il est persuadé que les désherbants et autres fongicides sont dangereux : « le
pesticide a un impact direct sur les abeilles, la preuve, d’autres pollinisateurs en sont touchés mortellement ».
D’autres pollinisateurs ? « L’abeille domestique n’est pas le seul insecte qui va de plantes en plantes, les papillons ou les coléoptères le font également ». La pollinisation est le mécanisme naturel et privilégié de reproduction des plantes à fleurs. Ce sont majoritairement les animaux qui permettent aux grains de pollen d’arriver au stigmate, l’organe de reproduction femelle chez les plantes.
« Les abeilles, mais aussi tous les autres pollinisateurs assurent le bon déroulement des cycles de reproduction des végétaux », expose Marien Lovichi. Les abeilles ont des parties du corps où le pollen s’accroche facilement, et de fleurs en fleurs, elles permettent aux grains de se disséminer sur son passage. Donc sans abeille, de nombreux fruits viendraient à disparaître, idem pour les légumes. « Les graminées seraient en revanche toujours abondantes ».
Photo Jonas Jacquel
Les végétaux se reproduisent également via les forces de la
nature, à savoir l’eau et le vent. Mais ce ne serait pas insuffisant pour pallier à « la relation entre l’abeille et les fleurs, vieille depuis plusieurs millions d’années ». En effet, les fleurs ont « appris » à attirer les pollinisateurs à elles, créant « une symbiose unique » entre le monde animal et végétal.
« Sans abeille, l’être humain arriverait encore à se nourrir. Mais la Nature a horreur du vide, et une autre espèce prendra sûrement le relais de l’abeille, si elle venait à disparaître », raconte Marien Lovichi, qui explique par ailleurs « que des scientifiques tentent de les remplacer par des mouches. En installant une carcasse d’animal dans une serre pour que se développe les mouches, ces dernières se baladent ensuite de plantes en plantes, les fécondant ainsi. Une expérimentation comme alternative aux abeilles, « certains scientifiques pensent qu’elles sont déjà condamnées ».
10 à 20 kg de miel par rucheCela n’empêche, à Dijon, les abeilles sont nombreuses et ont largement de quoi produire du miel, y compris en centre-ville où est présente « une grande diversité de plantes et d’arbres. D’autant plus que les saisons de floraison de chaque espèce végétale se succèdent dans le temps », précise Marien Lovichi, il y a donc tout le temps du travail pour les abeilles.
Chaque site, soigneusement sélectionné à l’abri du bruit et des vibrations, produit en moyenne entre « 10 et 20 kilos de miel » par ruche à chaque récolte. Et la pollution de la ville ? « Pas un problème » pour l’association Sage. « La Dreal a analysé notre production de miel et il n’y a aucune trace de pollution dedans. Cependant, nous n’avons pas encore pu tester pour les pesticides ».
Valentin Euvrard