" Opium du peuple " Le Parti de gauche n'est pas fan du Royal Baby
Le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon a fait entendre sa différence dans le concert de louanges qui a accueilli la naissance du petit garçon du prince William et de la duchesse de Cambridge.Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche et bras droit de Jean-Luc Mélenchon, en septembre 2012.
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Le Royal Baby de Kate et William est-il le rejeton d'une « famille parasite » ?
C'est en tout cas l'accusation que porte Alexis Corbière, élu du Parti de gauche au Conseil de Paris et proche de Jean-Luc Mélenchon. Alors que la presse et les responsables politiques du monde entier ont célébré
la naissance du fils du prince William, héritier de la couronne d'Angleterre, les responsables du Parti de gauche ont décidé de faire entendre un message quelque peu dissonant.
« Cette " royal mania ", machine à infantiliser les peuples, anachronique et décérébrante, est absurde », tonne Alexis Corbière dans un communiqué diffusé lundi.
L'attaque est sévère et les mots claquent, mais elle ne surprend pas de la part de l'élu parisien, défenseur inlassable de la Révolution française et de Robespierre,
que Paris Match avait rencontré il y a quelques mois.
Alexis Corbière n'est pas le seul à s'agacer des hommages rendus au royal fiston : Eric Coquerel, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, arpente également les plateaux pour y dénoncer toutes les monarchies. Et tant pis s'il faut le faire alors que toute la presse tourne un regard attendri faire le couple royal: « C'est toujours opportun de s'opposer à la monarchie ! », nous confie-t-il.
Kate et William, une bouffée "d'opium du peuple" pour le Parti de gauche
Au delà de l'aspect trivial et sympathique, le Parti de gauche croit déceler dans l'attention accordée au bébé royal un symptôme de l'époque.
« Dans les crises et les récessions, il y a toujours des moments où l'on a envie de se distraire. Dans les années 1930, c'étaient les comédies musicales américaines, par exemple. Je préfère ça à la fascination pour des gens dont le seul mérite est d'être " fils de ".
Je trouve que c'est assez caractéristique de notre époque», assure Eric Coquerel.
Le communiqué de presse de l'Elysée publié lundi, quoique très succinct, est très mal passé auprès de ces responsables. « Qu'un président socialiste fasse ce genre de communiqué, c'est quand même un peu à tomber par terre. Je suis choqué», explique Eric Coquerel. François Hollande avait écrit que « le peuple français se réjouit de la naissance du prince » et exprimé « avec Valérie Trierweiler, nos plus sincères félicitations ».
Eric Coquerel ne croit pas non plus qu'une monarchie puisse parfois renforcer l'unité d'un pays. L'exemple belge, où le roi Albert qui a abdiqué dimanche est souvent apparu comme l'ultime gardien l'identité nationale, ne convainc pas l'élu de gauche.
« La meilleure unité nationale, c'est d'adhérer à une idée. C'est ça la force de la République », juge-t-il.
Le proche de Jean-Luc Mélenchon martèle qu'il faut pointer les défauts des monarchies « où l'on n'est pas reconnu par rapport à ses talents, par rapport à son travail mais parce qu'on est de sang royal ».
Toute l'agitation autour de Kate et William ne serait donc qu'une bouffée « d'opium du peuple », selon l'expression de Karl Marx.
Eric Coquerel nous glisse tout de même que « chacun a des contradictions ». « Je considère que le sport-spectacle, c'est l'opium du peuple et il n'empêche que j'aime bien regarder un match de foot ».
Adrien Gaboulaud