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 Globalisation de la pauvreté (Gauche Anticapitaliste)

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MessageSujet: Globalisation de la pauvreté (Gauche Anticapitaliste)   Globalisation de la pauvreté (Gauche Anticapitaliste) EmptyMar 23 Juil - 15:50

Globalisation de la pauvreté (Gauche Anticapitaliste) Objectif-n-1-reduire-la-pauvrete-et-la-faim-dans-le-monde-3128

« Nous sommes la première génération qui peut éradiquer la pauvreté ». En 2005, dans les campagnes de promotions des Objectifs du Millénaire, ce slogan exprimait (en oubliant d’ailleurs l’histoire des luttes des générations qui nous ont précédés et la raison de leur échec) l’autosatisfaction optimiste qui était celle des pays du Nord pour éradiquer la pauvreté de ceux du Sud. Car il était évident que quand on parlait de « pauvreté », c’était du Sud et de ses peuples que l’on parlait. Huit ans après, une bonne partie de cette « génération » est plus occupée à combattre la pauvreté proche qu’à éradiquer celle des pays lointains.

La crise capitaliste qui a éclaté en 2008 est en train de transformer radicalement le monde. Comme l’avait diagnostiqué Karl Polanyi dans son ouvrage de référence La grande transformation, « Le mécanisme que l’appât du gain a mis en marche ne peut être comparé, dans ses conséquences, qu’à la plus violente des explosions de ferveur religieuse qu’a connu l’histoire. En l’espace d’une génération, toute la terre habitée a été soumise à son influence corrosive ». Le triomphe du libéralisme dans les années 1980 du XXe siècle ont entamé une « deuxième corrosion » qui a détruit les économies des pays du Sud avec les plans d’ajustement structurels et entamé une démolition systématique des systèmes publics sur lesquels se basait « l’État-Providence » mais aussi les valeurs morales qui lui étaient associées.

Au commencement de la crise financière dont nous subissons aujourd’hui les conséquences, une phrase de celui qui était alors le président de la République française, Nicolas Sarkozy, est restée célèbre. Il fallait, disait-il, « refonder le capitalisme sur des bases éthiques ». Il exprimait ainsi les peurs des élites quant au rejet social d’un modèle économique mis à nu par la chute de la banque Lehman Brothers et les manœuvres obscures d’une financiarisation de l’économie qui commençait seulement à émerger de l’ombre. Malheureusement, cette contestation n’a pu ni atteindre une force suffisante ni se convertir en une expression politique significative dans les pays du centre, à l’exception de Syriza en Grèce.

Une fois que l’adversaire social avait ainsi prouvé sa faiblesse, le sens de la « refondation » changea du tout au tout. « Bien sûr que la lutte des classes existe. Mais c’est la mienne, celle des riches qui a commencé cette lutte et qui est en train de la gagner ». Le slogan du multimillionnaire Warren Buffet qui comme tant d’autres – Georges Soros en premier – exerce son activité philanthropique avec les miettes de ses activités spéculatives, résume la dynamique de fond de la situation internationale : nous assistons certes à une tentative de « refondation du capitalisme », mais certainement pas sur des « bases éthiques », plutôt sur celles de la lutte des classes et par le biais d’une accumulation basée sur la dépossession des biens communs et publics ­ (pour reprendre l’expression de David Harvey), des droits sociaux et des conditions de vie dignes de la grande majorité de la population mondiale. Les politiques d’ajustement structurel des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix dans les pays du Sud frappent aujourd’hui les pays de l’Union européenne de la même façon : austérité, discipline fiscale, réformes, externalisations.

Voici le cadre général de la « globalisation de la pauvreté », thème de cet article. Nous donnons ce nom à la logique qui crée et reproduit l’appauvrissement des individus dans le monde entier, tant au Nord qu’au Sud. Mais il est nécessaire d’analyser les différences existant entre les divers processus politiques et économiques qui engendrent de la pauvreté, leurs conséquences matérielles sur la vie des travailleurs et comment sont socialement perçus ces processus. Nous montrerons également le rôle que veulent se donner le marché et les grandes entreprises, à partir des gouvernements des pays du centre et des institutions multilatérales, dans l’éradication de la pauvreté comme le rôle marginal donné à la coopération internationale dans les politiques de développement après l’éclatement du krach global.

Nous sommes bien conscients que les catégories que nous utilisons sans distinction de Sud/Nord ou périphérie/centre simplifient la réalité en général, notamment en tout ce qui touche à la pauvreté. Il ne fait aucun doute qu’il y a beaucoup de « Sud » différents, y compris à l’intérieur d’un même continent. Il y a une énorme différence entre, par exemple, le Mexique et les pays de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba). Dans les limites de ce texte, nous essaierons d’analyser pourquoi il y peut cependant y avoir des exceptions à cette règle, qui permettent encore d’établir des différences significatives dans le traitement de la pauvreté des pays du centre et de ceux de la périphérie. Pour ce faire, nous partirons de données fiables, dont ne fait évidemment pas partie l’Indice de développement humain du Pnud qui, en 2011, situait Chypre à la très honorable 31ème place avec une tendance ascendante ; par comparaison, le Venezuela occupait la 71ème place dans ce même classement.

Entre pauvreté et « classes moyennes »

Selon une interprétation largement diffusée, la crise capitaliste suivrait un cours paradoxal qui remet en question les schémas traditionnels de la hiérarchie Nord/Sud : alors que les économies du centre, notamment l’Union européenne, chavirent ou sombrent dans la récession, les économies périphériques, notamment celles des pays « émergents », maintiennent année après année des niveaux de croissance du PIB supérieurs à 5%. L’une des conséquences de cette asymétrie est que la pauvreté a fait son apparition au Nord comme un problème politique important par son impact social, alors qu’elle paraît en même temps régresser dans les pays du Sud. On associe fréquemment cette situation avec l’état des « classes moyennes », nouveau mantra sociologique qui est devenu aujourd’hui la mesure de nombreux phénomènes sociaux politiques importants, depuis la mobilité sociale jusqu’à la crise de la démocratie.

Il y a sans aucun doute des données qui rendent compte de changements profonds dans la situation internationale : par exemple, l’autonomisation relative et inégale des différents pays du Sud, sous la houlette de ce que l’on appelle les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Il ne convient d’ailleurs pas d’inclure la Russie dans les pays du Sud, par rapport aux « vieux » impérialismes comme les États-Unis ou l’Union européenne. En ce qui concerne la lutte contre la pauvreté toutefois, cette vision du contexte international est plus que discutable. Commençons par le Sud en posant deux types de problèmes : d’abord l’estimation des succès dans l’éradication de la pauvreté, puis l’utilisation et la manipulation de la catégorie « classe moyenne ».

Avec l’affection habituelle que portent les politiciens de l’establishment aux chiffres ronds, le secrétaire général des Nations unies a compté les mille jours qui demeurent pour atteindre les Objectifs de développement du millenaire (ODM) et s’est montré extraordinairement satisfait des objectifs déjà atteints. Notamment parce que ces douze dernières années « 600 millions de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté, c'est-à-dire 50% de cette couche ». Le calcul est pour le moins trompeur : selon la Banque mondiale, en 1990, 43% de la population vivait avec moins de 1,25 dollar US par jour, alors qu’en 2010 ce chiffre est tombé à 21%. Voici la réduction de 50% à la laquelle se réfère Ban Ki-Moon. Mais cela ne dit rien ni sur les conditions d’extrême pauvreté qui demeurent quand on passe ce chiffre de 1,25 dollar par jour (plus de 40% de la population mondiale survit avec moins de 1 dollar par jour), ni que 1,3 milliard de personnes vivent toujours en dessous de ce seuil ! Au final, cette réduction de l’extrême pauvreté est due aux grands pays émergents, et fondamentalement à la Chine, et n’a rien à voir avec les politiques et projets inspirés par les ODM ou l’orthodoxie économique en vigueur.

Dans la présentation de cette nouvelle campagne, le 2 avril dernier à l’Université de Georgetown sous le slogan “ Un monde sans pauvreté ”, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, affirmait : « Nous nous lançons sous les auspices d’une  situation historique, où se combinent les succès des décennies précédentes avec des perspectives économiques mondiales chaque jour plus favorables aux pays en développement qui ont là une opportunité qu’ils n’ont jamais eue auparavant, de mettre fin à la pauvreté extrême en l’espace d’une seule génération ». On ne peut pas prendre au sérieux un projet qui a pour point de départ une vision aussi inconsistante de la situation internationale, à laquelle ne pouvait manquer bien entendu, l’habituel ajout générationnel.

L’ingénierie statistique sur les “ classes moyennes ” mérite plus d’attention. Une récente étude publiée par la Banque mondiale propose un changement important dans la définition et le traitement de la pauvreté : le plus significatif est l’utilisation du concept de « sécurité économique », comprise comme « faible probabilité de retomber dans la pauvreté ». Naît ainsi une nouvelle catégorie, la population « vulnérable », un peu au-dessus de la pauvreté et sur la voie de l’entrée dans la « classe moyenne », formée de ceux qui ont atteint la « sécurité économique » et garantiront la « stabilité économique future ». La somme des pauvres, des vulnérables et de la classe moyenne forme 98% de la population latino-américaine. Pourtant, la mesure du succès de la lutte contre la pauvreté serait une mobilité sociale ascendante vers la classe moyenne. C’est ce qui est en train de se passer selon les auteurs du rapport car « la classe moyenne en Amérique latine s’est accrue et notablement : elle est passée de 100 millions de personnes en l’an 2000 à 150 millions à la fin de la décennie qui vient de s’écouler ». Nous nous approcherions, si nous suivons cette argumentation, d’un continent formé de « classes moyennes » qui aurait définitivement écarté le poids de la pauvreté.

Même si les critères quantitatifs ne peuvent être qu’un des aspects à prendre en compte dans l’analyse de la pauvreté, ils sont parfois incontournables pour concrétiser les termes du débat. Si nous nous basons sur la Banque mondiale, on considère comme pauvres ceux qui ont un revenu inférieur à 4 dollars par jour et qui représentent 30,5% de la population latino-américaine. Les personnes dont le revenu se situe entre 4 et 10 dollars par jour, seraient dans la catégorie des « vulnérables » : ils représentent 37,5% de la population d’Amérique latine. Au-dessus, ceux dont les revenus sont entre 10 et 50 dollars par jour feraient partie de cette « classe moyenne ». Ils sont 30% de la population du continent. Enfin, les 2% restant sont considérés comme « riches » : leurs revenus sont supérieurs à 50 dollars par jour. Si l’on prend comme référence le salaire minimum existant en Équateur, soit 300 dollars mensuels, on peut dire qu’avec ce revenu on s’approche de la « classe moyenne ». Une telle classification n’est pas raisonnable : la seule chose sérieuse serait de dire que 68% au moins de la population latino-américaine est pauvre. De plus, si l’on poursuit avec notre exemple équatorien, nous voyons que cette « classe moyenne » se composerait de travailleurs percevant entre une et cinq fois le salaire minimum, c’est-à-dire ceux qui sont juste un fragile échelon au-dessus de la pauvreté et ceux qui sont au niveau moyen-haut de la population salariée.

Le Brésil apparaît comme l’une des principales références pour justifier tout ce processus d’ascension des « classes moyennes ». Ainsi le gouvernement brésilien définit comme appartenant à la classe moyenne ceux qui ont un revenu par tête mensuel compris entre 291 et 1091 reales si bien que 54% de la population du pays appartient à cette soi-disant « classe moyenne ». Dans la dernière décennie, 30 millions de personnes (15% de la population) seraient « sorties de la pauvreté » car elles disposent chaque mois d’un revenu supérieur à 250 réals. Si l’on prend en compte le fait qu’au Brésil le salaire minimum est de 678 réals, cette « classe moyenne » aurait des revenus qui oscilleraient entre 42 et 150% du salaire minimum ! Avec de tels critères, il est assez facile de prétendre que le Brésil est un pays de « classes moyennes », des classes moyennes dont les revenus ne permettent même pas de couvrir dignement les nécessités de base !

Il est vrai que pour estimer ces besoins, il faut prendre en compte d’autres facteurs et surtout l’étendue et la qualité des services publics dont peuvent bénéficier les citoyens et, par conséquent, les dépenses publiques destinées à y subvenir. Voilà pourquoi il est très important de prendre en compte que sur ces questions économiques de base, le Brésil comme d’ailleurs la majorité des pays du Sud, se soumet à l’orthodoxie économique en vigueur : avec seulement neuf jours de paiement de la dette extérieure, on pourrait couvrir tout le budget du programme Bourse Famille, colonne vertébrale de la politique d’assistance et de la base électorale du parti au pouvoir. Si nous pouvons dire qu’avec la crise capitaliste les programmes d’ajustement structurels ont migré du Sud au Nord, les fondements de l’État-Providence eux, n’ont pas fait le voyage du Nord au Sud.

David Harvey dit que « la croissance économique bénéficie toujours aux plus riches ». Et de fait, ils sont les principaux bénéficiaires de la croissance des pays du Sud, si bien que la croissance du PIB s’accompagne d’une croissance soutenue… des inégalités. La manne économique n’engendre pas une croissance de ces mythiques « classes moyennes » mais de millions d’emplois précaires, à faibles revenus, droits sociaux inexistants et services sociaux en berne. « Emplois à la brésilienne » est d’ailleurs devenu une expression utilisée dans la sociologie critique. Mais la plupart des travaux académiques se contente de suivre la Banque mondiale avec des analyses délirantes n’hésitant pas à parler de ces couches sociales comme d’une « néobourgeoisie »

Le processus d’appauvrissement du Sud n’est pas terminé, loin s’en faut, mais il est vrai qu’il s’est modifié. De façon substantielle, seulement dans quelques pays (comme le Venezuela), qui font un effort considérable pour non seulement augmenter les revenus des travailleurs pauvres, mais se fixent aussi le développement de puissants services publics d’éducation, de logement et de santé. Mais dans la grande majorité des pays, on est simplement passé de la plus extrême pauvreté à un emploi extrêmement précaire, et ce avec de grands retours en arrière. Si les fragiles attentes de mobilités sociales ascendantes se fracassent, ce qui est loin d’être une hypothèse d’école dans la conjoncture économique mondiale que nous vivons, la situation au Sud s’apparenterait davantage aux révolutions arabes qu’au mythique paradis de la « classe moyenne ».

Extension et perception sociale de la pauvreté

Dans l’Union européenne, avant l’éclatement de la crise financière, 80 millions de personnes, soit 17% de la population, vivaient dans la pauvreté. En 2010, ce chiffre avait atteint les 115 millions de personnes, soit 23,1%, de la population et on estimait qu’un nombre identique de personnes se trouvait sur le fil du rasoir. Mais pour comprendre la situation actuelle, il faut se reporter à l’étape d’avant le krach. Car si la croissance de la pauvreté est significative et alarmante, il aurait fallu s’en inquiéter auparavant, car dès avant 2008 la pauvreté était une plaie massive tant dans l’ensemble de l’UE qu’en Espagne, où entre 2007 et 2010, elle est passée de 10,8 millions de personnes touchées (23,1% de la population) à 12,7 millions (25,5%).

L’extension de la pauvreté est sans aucun doute un problème crucial. Nous pensons néanmoins qu’elle n’explique pas à elle seule, en cinq ans, l’évolution de sa perception par la grande majorité de la population européenne. En effet, d’un problème marginal et lointain, « invisible », dont le traitement était laissé aux organisations caritatives et à quelques subventions publiques, elle est aujourd’hui au centre des craintes de la majorité de la population qui se pensait jusqu’alors libérée à tout jamais de cette peur de « tomber dans la pauvreté ». Aujourd’hui, on dit que la pauvreté est devenue plus intense, plus étendue et plus cyclique. Il faut s’arrêter sur ce troisième point qui indique une tendance à l’augmentation de la pauvreté sans « sortie du tunnel » visible, à cause des politiques qui sont implacablement imposées aux populations de l’Union européenne, sans alternative crédible à moyen terme. La pauvreté est devenue « visible » dans l’UE non seulement parce qu’il y a plus de pauvres, mais fondamentalement parce que la conscience du risque de sombrer dans la pauvreté est aujourd’hui massive.

Diagnostiquer ce problème comme une « crise des classes moyennes » est une simplification qui ne permet de comprendre ni les causes de la crise actuelle ni les conditions minimales pour inverser cette tendance à l’appauvrissement. De même, dans les pays du Nord, c’est un concept aisément manipulable et fondamentalement subjectif : un « mileuriste » (jeune diplômé de l’enseignement supérieur qui ne gagne que 1000 euros par mois) était hier le symbole même de la précarité, il est vu aujourd’hui comme un membre des classes moyennes ! Il vaut mieux prendre dans leur ensemble tous les éléments importants, qui sont bien connus, et qui ont produit cette érosion de la « sécurité sociale » caractéristique fondamentale de l’État-Providence : le chômage massif, de longue durée, aux prestations de plus en plus faibles ; l’augmentation croissante des « travailleurs pauvres » car le travail précaire et soumis au bon vouloir patronal n’assure plus aujourd’hui des revenus suffisants à une vie digne ; les coupes drastiques dans l’emploi public et les administrations qui menacent les fonctionnaires ; le risque de ne pouvoir faire face aux dettes contractées voilà quelques années et qui ont permis une bulle de consommation des classes travailleuses malgré la tendance généralisée à la baisse des salaires depuis les années 1990 ; la détérioration de la qualité des services de santé et d’éducation et la menace de privatisation qui pèse sur eux.

Tout cet ensemble de mesures participe d’une logique commune qui est le principe fondamental de l’économie politique néolibérale : la réduction systématique du coût direct et indirect de la force de travail. Dans des conditions de rapport de forces très favorables au capital, cela se traduit par la destruction du filet de sécurité qui constituait les bases de stabilité du système. C’est ici, de cette faiblesse des classes travailleuses, y compris celles qui considéraient comme un fait acquis un emploi stable de qualité, une éducation et des services de santé publics et gratuits, une retraite digne, qu’est née la peur de la pauvreté et, en même temps, l’impuissance à y faire face. Car à la différence de nombreux pays périphériques, où indépendamment de l’orientation politique des gouvernements, se mettent en place des politiques centrées sur la pauvreté, souvent pour des raisons liées aux conflits sociaux ou à un clientélisme électoral très loin de toute idée de solidarité, dans les pays du centre, et notamment dans les pays de l’UE, les politiques suivies sont soumises à la « règle d’or » qui préfère les privilèges du capital aux besoins d’une population appauvrie en coupant dans les fonds qui lui seraient destinés. Dans ce cadre, que l’année 2010 ait été baptisée « Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale » ne laisse pas d’être ironique !

Dès les premières études des conflits sociaux engendrés par la société capitaliste, on constate que « l’insécurité des conditions de vie » est un des traits marquants de la classe ouvrière. Quand il a semblé que grâce aux politiques de l’État-Providence, ce trait caractéristique disparaissait pour une grande partie des travailleurs, la catégorie de « classe moyenne » venait certifier cette situation nouvelle : « nous ne faisons plus partie de la classe ouvrière » entendit-on alors. Le néolibéralisme a développé avec succès une « diabolisation de la classe ouvrière » pour reprendre l’expression d’Owen Jones, faisant de celle-ci un groupe social en déclin, dont les revenus ne proviendraient pas tant du travail que des subsides étatiques.

En généralisant l’insécurité sociale et en rapprochant la menace de la pauvreté, la crise a fragilisé ces barrières idéologiques qui fragmentaient le tissu social des classes populaires. Mais ces barrières ne pourront tomber totalement que si se dressent devant elles des alternatives politiques comprenant qu’on ne peut lutter efficacement contre la pauvreté qu’en abattant ceux qui la produisent.

Le marché et les entreprises pour « lutter contre la pauvreté »

« Le capital, les idées, les bonnes pratiques et les solutions aux problèmes ne cessent de s’étendre », osait affirmer en 2010 le Conseil mondial des entreprises pour le développement durable. Soumis à une crise économique, écologique, sociale comme n’en avait jamais connu auparavant le capitalisme globalisé, nous sommes en train d’assister à la fin de « la mondialisation heureuse » et à la déroute de la Belle époque du néolibéralisme. Mais les grandes entreprises et leurs think-tanks insistent pour dire que rien n’est joué. Bien loin de remettre en question leurs responsabilités dans la crise du système socio-économique et la crise de civilisation que nous connaissons, les entreprises transnationales se présentent à nouveau comme le moteur fondamental du développement et de la lutte contre la pauvreté. À en croire la pensée dominante, la grande entreprise, la croissance économique et les forces du marché doivent être les piliers de base sur lesquels construire les activités socio-économiques à même de combattre la pauvreté. Éludant leur responsabilité dans la crise systémique qui nous accable, et seules à avoir tiré profit du krach, les transnationales nous redonnent les mêmes recettes : l’entreprise, l’initiative privée et l’innovation entrepreneuriale sont les seules voies de la « reprise économique ».

Ce recentrage sur l’entreprise consiste à appliquer, simultanément à une tactique défensive basée sur du marketing, une stratégie offensive pour passer de la « responsabilité sociale » à « l’éthique du commerce » à travers toute une série de techniques business. L’objectif n’est pas de s’attaquer aux causes structurelles à l’origine des inégalités sociales qui empêchent la majorité de la population mondiale d’accéder à une vie digne, mais bien de gérer et de rentabiliser la pauvreté en accord avec les critères du marché : bénéfices, rentabilité, retour sur investissement. C’est ce que nous avons appelé la « pauvreté 2.0 » et qui constitue l’un des domaines en expansion à l’aube du XXIe siècle. D’une part, dans les pays du Sud global, cela se traduit par la volonté du « secteur privé » d’intégrer des centaines de millions de personnes pauvres à la société de consommation ; d’autre part, dans les pays du Nord, cela implique de préserver l’accès au marché pour la majorité de la population, une question centrale face à l’augmentation croissante du niveau de pauvreté dans les sociétés occidentales, conséquence des mesures économiques adoptées « pour sortir de la crise ».

 « Nous sommes à l’heure où les multinationales regardent leurs stratégies de globalisation à travers les nouvelles lunettes du capitalisme inclusif », écrivait voici dix ans les gourous du néolibéralisme qui appelaient les grandes entreprises à porter leur regard sur l’immense marché que formaient les deux tiers de l’humanité qui n’étaient pas dans les « classes consommatrices ». « Les sociétés qui ont les moyens et la volonté de concourir sur la base de la pyramide économique mondiale seront récompensées par la croissance, les bénéfices et une contribution incalculable à l’Humanité » disaient-ils alors. Aujourd’hui, les sociétés multinationales assument pleinement cette doctrine d’entreprise et ont mis en route toute une gamme de stratégies, d’activités et de techniques qui ont pour objectif que les personnes pauvres habitant dans les pays du Sud s’intègrent au marché mondial à travers la consommation de biens, de services et de produits de consommation créés par ces mêmes sociétés. « Responsabilité sociale », « commerce inclusif » sur « la base de la pyramide », « intégration financière », « alphabétisation technologique » et, en fin de compte, tous les moyens qui permettent d’accéder à de nouvelles niches de marché sont justifiés avec l’argument qu’ils vont contribuer « au développement » et à « l’inclusion » des personnes pauvres. Mais comme l’a dit le président bolivien Evo Morales lors du dernier sommet UE-CELAC, « quand nous nous soumettons au marché, il y a des problèmes de pauvreté, des problèmes économiques et sociaux et la pauvreté ne fait que croître ».

Dans le même temps, dans les pays du centre, où les niveaux de pauvreté et d’inégalité augmentent également, au lieu d’employer les ressources publiques à des politiques économiques et sociales qui pourraient mettre un frein à cette situation, les institutions qui nous gouvernent n’ont pas rompu avec l’orthodoxie néolibérale et se sont attelées à toute une série de contre-réformes qui vont contribuer à augmenter l’appauvrissement de larges couches de la population. Et dans ce contexte, les grandes entreprises sont en train de redéfinir leurs stratégies pour ne pas perdre une miette du marché. « À Madrid, Londres ou Paris il existe aussi des « favelas », même si on ne les appelle pas ainsi », disait un expert brésilien de « la base de la pyramide », « c’est un marché en pleine croissance qui compose la nouvelle classe moyenne avec un pouvoir d’achat ». Des géants comme Unilever par exemple, sont en train de réfléchir à comment transposer ici des stratégies qu’ils ont testées dans les pays du Sud. Mais, même si quelques multinationales se demandent comment appliquer en Europe la logique du « commerce inclusif », la majorité des grandes entreprises ont choisi de ne pas innover beaucoup quand il s’agit de continuer à augmenter les bénéfices : elles ont choisi de faire pression à la baisse sur les salaires et leur extension vers d’autres pays et d’autres marchés a été jusqu’à présent privilégiée pour poursuivre leur dynamique de croissance et d’accumulation.

Cette tendance à considérer que l’accélération du rythme de croissance économique est la seule stratégie pour éradiquer la pauvreté s’est trouvée renforcée par la crise financière. Avec la récession actuelle, les grandes firmes veulent augmenter leurs volumes commerciaux et étendre leurs opérations à des régions jusque-là périphériques pour contrebalancer ainsi la chute des taux de profit en Europe et aux États-Unis. Pour leur part, les gouvernements des pays du centre plaident pour une augmentation des exportations et l’internationalisation des entreprises comme seule solution pour « sortir de la crise ». Selon la doctrine néolibérale, l’élargissement du commerce de ces sociétés à de nouveaux pays, secteurs et marchés amènera un accroissement du PIB et, en conséquence, une amélioration des indicateurs socio-économiques, fondamentalement concernant l’emploi. « La seule solution possible pour sortir de la crise et créer à nouveau des emplois, c’est retrouver la croissance économique », résume le président de la banque espagnole La Caixa. Pour ce faire, il propose de « rechercher de nouvelles sources de revenus, créer de nouveaux produits et ouvrir de nouveaux marchés ».

Bien que les affirmations traçant une corrélation directe entre croissance du PIB et avancées en termes de développement humain ne reposent sur aucune analyse sérieuse, l’idée selon laquelle croissance économique et développement humain vont de pair est dominante dans le discours de la « lutte contre la pauvreté ». De cette façon, la référence à la croissance des économies nationales – vue uniquement sous l’angle de la croissance du PIB – comme seul moyen de dépasser la pauvreté n’est pas seulement partie prenante de toute une architecture discursive de l’agence officielle de développement, mais elle est mise en pratique par l’allocation des ressources et moyens publics à cette stratégie d’activité d’entreprise et de « commerces inclusifs ». Et il en est ainsi parce que les principales agences de coopération et les gouvernements des pays du cntre, comme d’ailleurs les organismes multilatéraux, les institutions financières internationales et mêmes beaucoup d’ONG, avalisent ce discours et travaillent à intégrer le « secteur privé » à leur stratégie de développement.

De la coopération internationale à la philanthropie d’entreprise

La coopération pour le développement, comme politique publique de solidarité internationale, trouve difficilement sa place dans ce cadre. Il est vrai qu’au milieu des contre-réformes structurelles qui sont aujourd’hui imposées, la coopération internationale ne connaît d’autre destin que celui du reste des services publics : la privatisation et la marchandisation. On ne peut pas dire que ces dernières années aient vu un changement de direction dans la voie prise par les principaux organismes et gouvernements qui dirigent le système de coopération international, bien au contraire : dans cette recherche d’alternatives néolibérales pour se sortir de la situation actuelle, la crise a eu pour résultat que toute rénovation de l’orientation stratégique de la coopération pour le développement se trouve renforcée et prend davantage de sens encore.

Voilà pourquoi nous assistons à une profonde restructuration de toute l’architecture du système d’aide internationale qui vise à reformuler le rôle que doivent jouer, tant au Nord qu’au Sud, ceux dont on considère qu’ils sont les principaux acteurs sociaux – grandes entreprises, États, organismes internationaux et organisations de la société civile – dans les politiques de « lutte contre la pauvreté ». La feuille de route des prochains mois et années est assez claire : donner la priorité à la croissance économique comme stratégie hégémonique dans la lutte contre la pauvreté, prendre pour ligne directrice dans la coopération l’entreprise privée comme agent de développement, réduire l’intervention de l’État à des secteurs bien définis et peu conflictuels et limiter l’intervention des organisations sociales dans les politiques de coopération pour le développement.

On ne peut plus, dit-on, « exporter autant de solidarité », « les circonstances ont changé » et les engagements contre la pauvreté doivent être réorientés « vers chez nous ». Voici ce qu’affirmait en septembre 2012 le conseiller à la Justice et au Bien-être social de la généralité de Valence, Jorge Cabré, pour justifier la décision de son gouvernement de mettre fin aux politiques de coopération internationale. C’est seulement un exemple parmi d’autres de la manière dont, avec des arguments similaires, le gouvernement central comme la majorité des administrations autonomes et municipales de l’État espagnol ont éliminé ou réduit drastiquement leur budget pour la coopération et le développement en 2012. Pour 2013, loin de voir pointer une remise à niveau (même s’il existe quelques exceptions à cette tendance généralisée) nous allons dans la même direction, comme l’a dénoncé la Coordination des ONG pour le développement. 1,9 milliard d’euros ont été supprimé l’an dernier, 300 millions d’euros s’y ajouteront encore cette année. Avec tout cela, l’Aide officielle au développement (AOD) espagnole se réduira à seulement 0,2% du revenu national brut, ce qui nous ramène au niveau du début des années 1990. « Cela fut une erreur de viser 0,7% », dit aujourd’hui le secrétaire d’État à la coopération et pour l’Amérique latine, Jesus Gracia, renonçant ainsi à ce qui fut l’objectif pendant des années des ONG dans l’État espagnol et que les gouvernements successifs s’étaient engagés à remplir à travers la signature du Pacte d’État contre la Pauvreté.

Dans les années 1980 et 1990, la coopération internationale a contribué à appuyer « le consensus de Washington » et les réformes structurelles qui ont permis l’expansion globale des grandes firmes ayant leur siège dans les principaux pays donateurs de l’AOD. Aujourd’hui, la coopération au développement ne joue plus un rôle fondamental pour la légitimation de la politique extérieure du pays donateur, comme c’était encore le cas au début de la crise financière. Même si elle peut encore jouer un rôle secondaire dans l’image de marque internationale, sa fonction essentielle est de réduire les risques et d’accompagner ces entreprises dans leur extension mondiale, pour contribuer ainsi à l’ouverture de nouvelles niches de marché et de nouveaux commerces avec les pauvres qui sont à « la base de la pyramide ».

Pour ce qui nous touche de plus près, tout tourne autour de cette fameuse « marque Espagne », un projet qui vise à attirer des capitaux transnationaux dans notre pays (avec EuroVegas comme projet modèle) et favoriser l’internationalisation des entreprises espagnoles. Selon Manuel Garcia-Margallo, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, « les intérêts de l’Espagne à l’extérieur sont en grande partie des intérêts économiques et les entreprises en sont les principales protagonistes ». On peut le constater, sans aller plus loin, dans le budget 2013 de ce ministère, la partie coopération pour le développement a diminué de 73% entre 2012 et 2013, alors que pour la même période, les fonds pour l’action de l’État à travers ses ambassades et ses antennes commerciales sont en hausse de 52%.

Nous nous sommes habitués à écouter régulièrement une phrase du discours officiel qui sonne comme une justification : « Nous avons assez à faire avec la pauvreté ici, pour nous occuper de celle d’ailleurs ». Il est évident que les derniers gouvernements espagnols, l’actuel comme le précédent, n’ont pas rempli leurs obligations en matière de coopération internationale et de lutte contre la pauvreté au niveau mondial. Et en même temps, il est faux de dire que davantage de fonds ont été destinés à lutter contre la pauvreté dans notre pays. Aujourd’hui et ici même, ce travail est laissé à quelques ONG et grandes entreprises, dont les œuvres sociales, la charité et la philanthropie visent à pallier les inégalités croissantes. Alors que ces dernières augmentent à marche forcée (depuis 2007, la différence entre les 20% les plus riches et les 20% les plus pauvres s’est accrue en Espagne de 30%). La philosophie du « néolibéralisme compassionnel » ressurgit avec force, basée sur l’idée que l’on peut combattre la pauvreté et la faim « avec ce que chacun peut apporter ».

 « Chaque jour plus de gens qu’on ne peut l’imaginer ont besoin d’aide dans notre pays », disait la Croix-Rouge lors de sa dernière journée de collecte, mettant ainsi l’accent sur la « pauvreté locale ». « Compte sur moi pour l’enfance pauvre » : tel était le thème de la campagne de Noël 2012 menée conjointement par la banque La Caixa  et l’ONG Save the Children, en ajoutant le mot « enfant » pour une touche additionnelle de sentimentalisme. Et nous avons plein d’exemples de la manière dont les grandes entreprises essaient de se réapproprier les bonnes intentions et la solidarité de citoyens chaque fois plus concernés par l’augmentation de la pauvreté et la faim : cela va de la philanthropie d’Amancio Ortega, patron d’Inditex (propriétaire entre autres de l’enseigne Zara), troisième fortune du monde, qui a fait don de 20 millions d’euros à Caritas (l’une des grandes ONG catholique) soit 0,05% de sa fortune, jusqu’aux spots publicitaires de type « Accueillez un pauvre à votre table » qu’ont fait plusieurs ONG en passant par l’augmentation des banques alimentaires auxquelles des grandes entreprises (comme Mercadona ou Repsol) ont annoncé des donations. Voici quelques années « la solidarité de marché » se basait sur les fonds récoltés dans les émissions de télé, aujourd’hui il semble qu’on la quantifie à partir du nombre de colis de nourriture donnés aux organismes charitables.

Repenser le modèle de développement

« Ce n’est pas une crise, c’est une escroquerie » crient les manifestants qui protestent contre la privatisation de la santé, de l’éducation et de l’eau. Effectivement, il n’y a pas de meilleur nom pour expliquer que les grandes entreprises privées vont sortir renforcées par la crise, alors qu’à l’inverse la majorité des femmes et des hommes de ce pays vont perdre leur emploi, leurs droits sociaux,  leur droit à la santé et à l’éducation, celui à une retraite  digne, tout ce qui a été gagné au siècle précédent. Dans ce cadre, les changements notables pour lutter contre la pauvreté ne pourront avoir lieu qu’en se confrontant, main dans la main avec les organisations politiques et syndicales et avec les mouvements sociaux émancipateurs, aux réformes économiques et aux ajustements structurels qui produisent et reproduisent chaque jour davantage une plus grande pauvreté.

Face au démantèlement de la coopération comme politique publique de solidarité internationale, la seule façon de ne pas perdre ces sentiments solidaires qui ont guidé les activités de beaucoup d’organisations espagnoles de coopération internationale dans ces deux dernières décennies, c’est de travailler, ici et maintenant, à reformuler et mettre en pratique un calendrier alternatif de développement où la coopération solidaire soit comprise comme une relation sociale et politique égalitaire, basée sur les mouvements sociaux et les luttes d’émancipation. Nous ne pouvons pas penser que nous allons soulager la pauvreté avec « ce que chacun peut apporter », il faut une autre politique. Il faut travailler à des alternatives solidaires qui puissent apporter leur pierre à la résistance sociale face aux processus d’appauvrissement et, dans le futur, gagner des forces pour les inverser, c’est-à-dire pour changer la politique économique dominante, régie par la dictature du profit. Voici ce que nous voulons faire.

Miguel Romero et Pedro Ramiro

Texte publié par Papeles de relaciones ecosociales y cambio global, nº 121, 2013, pp. 143-156 et repris sur la site de Viento Sur.

Miguel Romero est éditeur de la revue et du site Viento Sur et Pedro Ramiro est coordinateur de l’Observatoire des Multinationales en Amérique latine (OMAL) – Paix et Dignité.
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