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Messages : 5167 Date de naissance : 18/05/1952 Date d'inscription : 17/05/2013 Age : 71 Localisation : 21500 Montbard
| Sujet: Pourquoi défendre Jérôme Kerviel ? Est-ce un combat juste ? (Alexis Corbière) Mar 30 Juil - 9:57 | |
| Me voici en vacances et comme il va de soi, ce blog ralenti sensiblement son activité. De façon opportuniste, je profite donc de l’occasion pour publier une tribune co-rédigée par mon camarade Guillaume Etievant, secrétaire national du Parti de Gauche. Intellectuel brillant, il explique dans le texte qui suit une prise de position récente de soutien à Jérôme Kerviel de la part de plusieurs responsables du PG, du Front de Gauche (avec Clémentine Autain) et même au-delà (avec notamment Julien Bayou d'EELV). De manière plus générale, au passage, je profite aussi de l’occasion pour vous inviter à découvrir le blog de Guillaume Etievant(cliquez sur le lien) qui vient de rejoindre la blogosphère du PG.Vous ne serez pas déçu. La tribune de Guillaume (déjà publiée dans l’Humanité) décortique les raisons pour lesquelles nous étions nombreux à être venus apporter notre soutien à Jérôme Kerviel lorsqu’il est passé devant le Conseil des Prud’hommes à Paris le 4 juillet dernier. J’y étais, j’ai rencontré Kerviel et je dois dire que je ne le regrette pas. Cette rencontre m'a bien sûr touchée sur le plan personnel, mais ce n'est pas le plus important. Je ne suis pas aveuglé par l'affect (et j'ignore d'ailleurs tout des convictions politiques de cet homme), même si je sais qu'il n'est qu'un parmi des milliers de femmes et d'hommes qui souffrent en raison des coups tordus des établissements bancaires, d'autant que lui était un acteur majeur de ces "calculs égoïstes" de la Société Générale. Je ne me cache pas donc la difficulté en m'affichant en photo avec lui. Cette prise de position en faveur de cet ex trader, profession qui incarne la dégénérescence du capitalisme financier, peut surprendre mes amis et au delà. C’est logique. Les banques écrasent des milliers d’hommes et de femmes quotidiennement, dans un silence médiatique révoltant. Et Kerviel était un des rouages consentant de cette machine à broyer. Je comprends donc ceux qui nous interpellent à en disant : Pourquoi défendre Kerviel, et les autres ? Précisément car en défendant Kerviel, et son cas très médiatisé, on peut essayer de démonter publiquement la mécanique occulte de la finance, on peut utiliser le système médiatique et tenter de démontrer les rouages internes de ce monde fou. A ce sujet, je vous renvoie à la lecture de blog de Jean-Luc MélenchonEt je vous invite à lire, ou relire, la tribune qui suit : Fallait-il se mobiliser pour défendre le trader Jérôme Kerviel contre la Société Générale ?Il est l’incarnation d’un rouage essentiel du capitalisme financiariséPar Guillaume Etievant, Secrétaire national du Parti de Gauche à l’économie et au travail et Thomas Maurice, chercheur en philosophie à Paris 1 Panthéon-Sorbonne La lumière s’est récemment à nouveau portée sur Jérôme Kerviel, grâce notamment à Jean-Luc Mélenchon, qui a décidé de prendre la défense du trader et de dénoncer ainsi le système politico-financier dont il n’est que le symptôme et le paravent. Son argument est simple : Kerviel est innocent et c’est la Société Générale qui porte l’entière responsabilité de ces exactions. Évidemment, certains gardiens de la vertu s’interrogent sur l’opportunité de défendre un “ ennemi de classe ” comme Kerviel pour un dirigeant politique tel que le co-président du Parti de Gauche. C’est pourtant justement en partant d’une véritable analyse de classes que l’on peut comprendre de quoi il retourne vraiment dans cette affaire. Et pourquoi il faut défendre Jérôme Kerviel.Pourquoi défendre ce fils d’une famille modeste, issue des couches populaires, qui est allé se vendre au grand Capital, en l’occurrence la Société Générale, pour être l’un des fers de lance de la finance toute-puissante et mondialisée ? Pourquoi braquer ainsi les projecteurs sur l’innocence toute relative de ce personnage, au vu de son zèle dans la prise de risque et la maximisation du profit, alors que les syndicalistes en lutte méritent bien davantage le soutien constant que leur apporte le Front de Gauche ? C’est bien en partie à cause de la coupable besogne de tous les Kerviel du monde que des milliers d’entreprises ferment à tour de bras et jettent à la rue des millions de salariés. Pourquoi alors ? Parce que Kerviel, comme beaucoup d’autres de son espèce, n’est que l’instrument de la haute finance : instrument pour mener la lutte des classes et instrument pour la masquer aux yeux du Peuple. En fait, Kerviel appartient à une nouvelle classe intermédiaire, que l’on peut appeler le contre-prolétariat.Le contre-prolétariat, c’est cette classe bâtarde d’agents de la sphère financière, composée des traders, créateurs de produits financiers, stratèges marketing et autres courtiers, dont le but est de faire croire que la source de la richesse aujourd’hui, c’est le rendement financier et non le travail productif réel. Leur monde est un monde sans ouvriers, sans corps vivants, sans lutte de classes. Pourtant, les financiers sont eux aussi des travailleurs soumis à l’exploitation (puisque leur travail est la source du profit des actionnaires), mais dont la particularité est de percevoir une rémunération qui, non seulement masque cette exploitation, mais place même ces travailleurs du côté de la classe dominante, au regard de leurs intérêts propres. Sont-ils des capitalistes, puisqu’ils servent le Capital ? Non, ils ne sont pas propriétaires de leurs moyens de travail et sont par conséquents des salariés exploités. Alors en toute logique, ne devrait-on pas les compter comme une frange du prolétariat ? Non plus : leur allégeance au Capital, ainsi que la nature et la hauteur de leurs primes les met précisément à part de la classe prolétarienne. En effet, les bonus faramineux qu’ils touchent sont une part directement prélevée sur la plus-value créée par les capitalistes financiers. Si on leur ôtait la part de leur revenu tout droit issue de ce partage direct de la plus-value, ils deviendraient immédiatement de simples prolétaires. Cette part de plus-value est donc le paiement aux contre-prolétaires par la classe capitaliste de leur trahison de classe. Pour le dire en un mot, Kerviel a été employé pour lutter contre sa classe d’origine. Non seulement à travers les exigences folles de rendement imposées par la finance aux entreprises, dont il s’est fait la cheville ouvrière, mais aussi par la nature-même de son travail qui conduit à gommer les rapports d’exploitation, en ensevelissant le prolétariat sous des montagnes de valeurs virtuelles. Le contre-prolétariat, en tant que bras armé de la classe capitaliste, se développe donc contre le prolétariat… tout contre.Pourquoi donc en définitive défendre Kerviel ? Au-delà du faisceau de présomptions qui indique que cet homme est innocent et qu’il n’est que le fusible d’une affaire d’état politico-financière, il faut défendre Kerviel, car il est la démonstration vivante d’un rouage essentiel du capitalisme financiarisé et de la façon dont il broie les travailleurs sans états d’âme.Il faut défendre Kerviel, car le système financier l’utilise pour concentrer contre lui les attaques médiatiques et judiciaires et ainsi se préserver de toute remise en cause globale. Gageons que Kerviel, en dessillant ses yeux à l’occasion de son procès, saura retrouver le camp du prolétariat et apporter sa pierre à la lutte indispensable contre la finance. | |
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