Fête de l’Humanité. La Courneuve au centre du monde ! + Stand du PG : Le programme + L’agora, un espace aux mille visages résolument tournés vers l’avenir (Humanité)

Fête de l'Humanité 2013. La Fête de l’Humanité a lieu cette année les 13, 14 et 15 septembre prochains au parc Georges-Valbon à La Courneuve. Toujours rendez-vous festif de tous ceux qui veulent construire des choix de gauche face à la crise, elle mettra à l’honneur Jean Jaurès, fondateur du journal.


Réforme des retraites, guerre en Syrie, rentrée des classes à hauts risques, un an après la victoire de la gauche, les sujets de débat ne manqueront pas pour cette nouvelle édition de la Fête de l’Humanité. Face à tous ces défis, la Fête se veut l’endroit où se construisent « des choix de gauche », comme l’énoncent les bandeaux qui accompagnent les affiches qui couvrent les murs pour annoncer l’événement. Ce sera le rendez-vous de ceux qui recherchent, espèrent un changement en France et dans un monde agité de mille tourments. À l’heure où les bruits de bottes se font de plus en plus entendre, la fête du journal de Jaurès sera bien évidemment placée sous le signe de la paix, à quelques mois, qui plus est, de la commémoration du centenaire de l’assassinat de la grande voix pacifiste qui voulait empêcher la première grande boucherie du siècle dernier. La situation en Syrie, les alternatives aux solutions guerrières dans une région complexe seront bien sûr débattues, mais également la situation du Mali, au coeur de la poudrière d’un Sahel toujours terre coloniale et nouvelle terre de djihad. Zones de guerres, s’ajouteront de nombreux débats autour de la paix, seront au programme de la Fête et du village du monde en particulier. Jean Jaurès, figure historique de la gauche, sera au coeur de la Fête à plus d’un titre. Il sera étudié, débattu, honoré et même chanté pendant trois jours. L’agora de l’Humanité consacrera une matinée entière à débattre de la résonance actuelle des idées de l’ancien dirigeant socialiste. À un siècle de distance, ses débats avec Clemenceau rappellent furieusement celui qui agite aujourd’hui le gouvernement et la gauche depuis que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a entrepris de faire prendre à la gauche un tournant sécuritaire. Réformes, révolutions ou évolutions révolutionnaires, les pensées de Jaurès interpellent l’identité de la gauche d’aujourd’hui. À la Fête ce sont les réponses progressistes nécessaires à l’enjeu de l’éducation pour tous, des retraites ou du logement, entre mille autres thèmes, qui seront en débat avec des représentants des différentes formations de gauche.


Des débats qui ne sont pas du goût de tous puisque les ministres socialistes ont préféré se presser à l’université du MEDEF plutôt que de répondre à l’invitation du journal de Jaurès et des visiteurs de la Fête qui les ont portés au pouvoir. Des militants, des dirigeants de la majorité accepteront cependant une confrontation nécessaire qui fait l’ADN de la Fête, que le directeur de « l’Humanité », Patrick Le Hyaric, conçoit « ouverte, où doit avoir lieu le débat, argument contre argument ». Un an après la victoire sur Nicolas Sarkozy, c’est peu dire que les espoirs de changement sont déçus chez ceux qui ont agi pour ouvrir une nouvelle ère. Les conditions d’un changement de cap de la politique gouvernementale, de la construction d’une alternative seront à n’en pas douter au coeur des discussions dans les espaces of-ficiels comme dans les allées. Représentants de la majorité comme ceux qui ont fait le choix de ne pas participer au gouvernement confronteront ainsi leurs points de vue sur l’avenir du pays et les possibilités de changement.

Ceux qui s’expriment pour une autre réforme des retraites auront micro ouvert au Forum social, quelques jours seulement après une première journée de mobilisation qui appellera un bilan et une réflexion sur les perspectives d’action à venir. Les arguments qui vont à contre-courant de l’idée selon laquelle nous serions condamnés à travailler plus longtemps s’échangeront par dizaines pour tenter de contrer le flot de l’idéologie dominante.

Dans ce même espace, le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, fera sa rentrée par un dialogue toujours attendu. Il le sera d’autant plus cette année que, pour la première fois, le dirigeant du premier syndicat français débattra avec Bernadette Ségol, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats. La présence de cette dernière témoigne en elle-même de la prise de conscience du besoin d’alternative au fléau de l’austérité qui ravage le continent sans aucun effet bénéfique pour les peuples. La convergence européenne des forces sociales et politiques qui veulent ouvrir une autre voie sera d’ailleurs un des enjeux de cette Fête. À quelques mois d’élections européennes qui peuvent aussi bien être le théâtre de l’expression d’un désir d’Europe et de coopération comme celui d’un repli xénophobe, les leaders de la gauche européenne confronteront leurs idées. Un échange d’autant plus utile qu’ont démarré il y a quelques semaines les négociations sur le traité transatlantique qui prévoit un nouvel espace de libre-échange : soit une fuite en avant vers tout ce qui a organisé la régression sociale depuis 30 ans en Europe.


L’éducation populaire est un objectif affiché par la Fête de l’Humanité, qui permettra cette année à ses visiteurs de découvrir le contenu du futur traité avec notamment une intervention de Patrick Le Hyaric, auteur de l’ouvrage « Dracula contre les peuples » dévoilant, le fameux document. Un projet qui érige la concurrence en valeur suprême, à l’opposé de celles portées par le journal d’un Jaurès épris d’internationalisme solidaire. Des valeurs qui s’exprimeront une nouvelle fois avec force envers le peuple palestinien et l’un de ses représentants, Marwan Barghouti, prisonnier depuis dix ans dans les geôles israéliennes. Une soirée spéciale sera aussi consacrée à celui qui incarne pour nombre d’acteurs de la paix au Proche-Orient un symbole d’arbitraire et un possible espoir pour sortir de l’impasse. À la Fête de l’Humanité, les grands débats le disputent aux initiatives concrètes des dizaines d’associations présentes. De la Fondation Abbé-Pierre au Mouvement de la paix en passant par les acteurs de l’économie sociale et solidaire ou le Secours populaire, la compréhension et l’action solidaire contre les maux de ce monde jalonneront les pas des visiteurs. De cet immense bouillonnement festif et politique, la rentrée ne sort jamais indemne. Quand tant de choses et de gens essaient de convaincre que rien n’est possible, ces trois jours seront une bouffée d’espoir lucide et d’optimisme, pour dire de mille façons : oui nous pouvons vivre autrement.

• Parmi les débats de la Fête
  
  
  
  

-Vendredi 16 h 30. Agora. Quelles convergences construire entre le mouvement syndical et le mouvement politique de transformation sociale ? 19 h 30. Village du monde. Grande soirée pour la libération de Marwan Barghouti et des prisonniers palestiniens. 19 heures-21 heures. Agora. Écommunisme, écosocialisme, écologie... Quel développement durable ?

-Samedi 14 heures. Agora. Jeunes, un avenir à construire. Animé par Grégory Marin, journaliste à « l’Humanité ». 14 h 30. Village du livre. Hommage à Henri Alleg. 16 heures. Village du monde. Après les printemps arabes, quel chemin vers l’émancipation ? 16 heures. Agora. Forum pour une autre réforme des retraites. 17 heures. Village du livre. Rendez-vous de la rentrée littéraire : rencontre avec les auteurs de premier roman. 17 h 30. Village du monde. Syrie : comment sortir de l’impasse ?

-DimancHe 11 h 30. Village du monde. L’Amérique latine après Chavez. 13 heures à 16 heures. Agora. Carrefour pour une autre Europe. 13 h 45. Village du livre. Autour de l’ouvrage « les Intellectuels et la stratégie communiste ». 16 heures. Agora. Une autre répartition des richesses est-elle possible ?

• "La Fête de l'Humanité sera la fête de la paix"
  
  
  
  

Cédric Clérin

Social, politique, économie, culture, l’agora de l’Humanité est, trois jours durant, le lieu de tous les possibles. Un espace où prennent vie 
les alternatives pour le changement réel.

Le cœur de la Fête de l’Humanité bat à l’agora. Ce lieu central accueille une multitude de débats qui cernent les enjeux des grandes mobilisations en cours ou à venir, parmi lesquelles s’impose l’urgence d’un règlement politique en Syrie (samedi, à 13 heures), l’émergence de vraies politiques de jeunesse (samedi, à 14 heures), d’éducation (samedi, à 15 heures) et de culture (« Oser la culture », samedi, à 19 h 30). Des discussions, forums, débats, université populaire qui, loin d’attendre le changement promis par le gouvernement socialiste, ouvriront des pistes pour le mettre en œuvre.


Plusieurs temps forts marquent la programmation de l’agora.
Dès l’ouverture, les préoccupations sociales y prendront place, avec, vendredi à 16 h 30, un débat coorganisé par la rédaction de l’Humanité et le Front de gauche des luttes, sur les convergences à construire entre mouvements syndical et politique. Une question d’actualité, en plein examen de la réforme des retraites. Le sujet fera d’ailleurs l’objet, samedi de 16 heures à 18 heures, d’un forum qui réunira des acteurs politiques et syndicaux. Aux sujets sociaux s’ajouteront des questions économiques avec, dimanche à 16 heures, un débat sur la possibilité d’une autre répartition des richesses avec des économistes d’Attac et du PCF, et, à 18 heures, une question corollaire  : « Comment empêcher l’évasion fiscale ? » Afin d’élargir le champ de réflexion, une séquence européenne, « Carrefour pour une autre Europe », s’ouvrira dimanche après-midi, de 13 heures à 16 heures.

Ces temps forts se complètent d’un travail de « formation » sur un temps plus long, au cours de l’université populaire de l’Humanité, qui prendra place samedi et dimanche matin. Samedi de 9 h 30 à midi, elle se tiendra en partenariat avec l’association de sociologues Champ libre : sociologues et historiens débattront de la famille, de l’immigration, de la formation des élites… 
Dimanche, de 9 h 30 à 13 heures, ce rendez-vous sera consacré à la pensée de Jean Jaurès : de sa famille politique, les radicaux, à « la question éducative », en passant par le débat Jaurès-Rosa Luxemburg ou l’affrontement idéologique avec Clemenceau. Des spécialistes de l’œuvre de l’homme politique et journaliste, fondateur en 1904 de notre quotidien, feront revivre ses idées.


Enfin, et parce que le lieu se prête aussi à la chaleur humaine, l’espace accueillera des rencontres privilégiées avec des artistes : carte blanche à l’ancien footballeur champion du monde Lilian Thuram, vendredi à 18 heures, et le lendemain samedi, à 19 heures, les comédiennes Sophie de La Rochefoucault et Anne Le Guernec rendront hommage, par une lecture de ses poèmes, au poète chilien Pablo Neruda. Un peu de légèreté ? L’agora clôturera ses soirées en musique, vendredi, à partir de 21 h 30, avec la chanteuse Agnès Bihl, suivie, à 22 h 30, de Boulevard des airs, groupe tarbais qui joue chanson française, rock, reggae, jazz et rythmes de fanfares balkaniques en français, anglais et espagnol. Musicalité samedi également, avec les mots cette fois. Ceux du Jamel Comedy Club, qui dépêchera ses envoyés spéciaux de l’humour Malik Benthala, Redouanne Harjane, Waly Dia, Djal, Fary et Shirley Souagnon. À partir de 23 heures, l’Humanité, partenaire du nouvel album du rappeur Layon (et de son titre le Chant des oubliés), lui laisse carte blanche pour terminer la soirée en beauté. « Pourquoi choisir l’Humanité ? » s’interrogeront des personnalités du monde culturel, samedi à midi. La réponse est évidente : pour tout ça…

Grégory Marin