Le congrès du Parti Communiste d’Espagne : se tourner vers la gauche (Gauche Unitaire)

Le XIXe congrès du Parti Communiste d’Espagne s’est tenu à Madrid du 15 au 17 novembre 2013. Durant ces trois jours, une série d’évènements d’actualité ont illustré à eux seuls le contexte dans lequel se sont déroulés les travaux : l’exigence lancée par la commission européenne au gouvernement espagnol de trouver 35 millions d’euros supplémentaires d’économies sur le budget 2014, la grève des employés du ramassage d’ordures à Madrid, de nouvelles étapes dans la crise morale du Parti Populaire (droite, au pouvoir), une manifestation de la droite catholique contre le droit à l’avortement et un sondage publié par El Mundo indiquant que le PP perd le tiers de ses électeurs et annonçant une remontée du PSOE et d’Izquierda Unida, qui prend place en 3e position avec 13% d’intentions de vote. Plus largement, il faut garder en tête l’ampleur des désastres sociaux provoqués par la crise et les politiques d’austérité du gouvernement de droite : 30% de taux de chômage réel en moyenne, et 65% chez les jeunes, 2 millions d’expulsions locatives alors que le pays compte 3 millions de logements vides… Dans le même temps, le gouvernement de Mariano Rajoy multiplie les attaques contre les droits des femmes et cherche à criminaliser les mouvements sociaux. Pour preuve, un projet de loi « sur la sécurité citoyenne » limite le droit à manifester.

Dans ce contexte, le PCE, qui est la principale organisation politique membre d’Izquierda Unida, a réaffirmé son orientation stratégique, tournée vers la gauche. Il appelle à la constitution d’un « bloc social et politique alternatif », autour de quelques points fondamentaux aptes à constituer les grands axes d’une politique gouvernementale de gauche : des mesures pour l’emploi, l’audit de la dette, la lutte contre la corruption, la suppression de la règle d’or, instaurée par le gouvernement Zapatero, une réforme fiscale dans le sens de la progressivité de l’impôt, la création d’une banque publique de développement, des droits garantis pour les familles hypothéquées. L’exigence d’un audit citoyen de la dette est reprise dans l’appel du congrès « à la majorité sociale travailleuse pour une rébellion démocratique ». Le PCE défend « l’unité de la gauche » sur un projet de rupture apte à « rassembler une grande partie de la gauche politique » ainsi que « la majorité sociale qui subit la crise, en défendant l’unité maximale des forces de gauche, des mouvements sociaux, et des syndicats de classe pour disputer l’hégémonie et le pouvoir à la droite et avancer vers le socialisme ».

Cette politique, le PCE entend la mener à travers Izquierda Unida, mouvement social et politique, qu’il faut renforcer et élargir.

En Espagne comme en France, le social-libéralisme est minoritaire à gauche. Le PCE et Izquierda Unida entendent formuler un certain nombre de propositions politiques aptes à changer les rapports de force à gauche, pour enfin rompre avec les politiques d’austérité. Alors que les mesures antisociales et antidémocratiques se multiplient, il y a urgence !