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 En pensant à Rosa la rouge (Eric Coquerel)

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MessageSujet: En pensant à Rosa la rouge (Eric Coquerel)   En pensant à Rosa la rouge (Eric Coquerel) EmptySam 18 Jan - 17:28

En pensant à Rosa la rouge (Eric Coquerel) IMG_0366_2
DR Le 30 décembre sur le Landwehrkanal

Où je parle du vrai faux tournant de François Hollande mais d’une vraie accélération libérale, de sa conférence de presse, de Berlin, de Rosa Luxembourg et du Front de Gauche…

L’année aurait donc commencé par un tournant autre que calendaire… A en croire les médias, François Hollande se serait donc révélé social-démocrate lors de ses vœux du 31 décembre 2013 puis, hier, lors de sa conférence de presse. Disons, pour commencer, que ce qualificatif traduit mal sa politique. Cela lui donne encore un petit air de gauche, réformiste certes, mais de gauche… On en est loin. Il est vrai qu’à l’inverse de l’Europe du nord et de l’Allemagne, le terme a longtemps été un épouvantail pour un socialiste français. Mais historiquement, dumoins depuis la Libération, la Social-démocratie est le parti du compromis historique et du développement de l’Etat social. Or aujourd’hui, ceux qui dirigent en son nom en Europe, participent au démantèlement de ce dernier. Depuis Schroeder, auteur de la politique de déflation salariale dont se réclame François Hollande, la social-démocratie européenne s’est convertie au social libéralisme dans laquelle on se demande de plus en plus ce qui est social.  Sous l’ère Hollande, le PS français a pleinement sauté ce pas. Mais pour nous c’est loin d’être un tournant. Dans son livre « en quête de gauche » (Balland 2007), Jean-Luc Mélenchon rappelle que François Hollande a animé dès les années 80 le petit groupe « Transcourants » dont le texte référence «pour être modernes, soyons démocrates » anticipait la 3ème voie chère à Blair et Schroeder. Mais, à l’époque, c’était loin d’être le cœur de la gravité du PS. Le temps a passé. A l’Elysée,  Hollande met en pratique ses écrits de jeunesse. Voilà ce qu’il faut comprendre lorsqu’il nous dit « je n’ai pas changé ». L’énumération des décisions gouvernementales en 2013 a déjà tracé en effet une année horribilis pour ceux et celles qui ont battu la politique de Nicolas Sarkozy en mai 2012  Souvenons-nous : accord national interprofessionnel fragilisant toujours plus la norme du CDI et facilitant les licenciements, refus d’une loi d’amnistie sociale, réforme reculant l’âge de départ à la retraite, budget d’austérité le plus radical depuis la libération,  augmentation de la TVA pour compenser de nouveaux cadeaux sans conditions aux entreprises… Et puis, surtout, cette politique de l’offre assumée comme colonne vertébrale de l’action gouvernementale. Jamais un gouvernement de gauche n’avait défendu pareille politique économique. Et pour cause : la politique de l’offre c’est le choix du capital contre le travail. C’est considérer le salarié comme le responsable de la crise. Le travail couterait trop cher alors même que le capital ponctionne depuis 30 ans une partie toujours plus importante des richesses produites. Et ce pour les orienter vers des profits dans lesquels la part des investissements ne cesse de baisser. C’est d’ailleurs cette conversion du gouvernement socialiste à la politique de l’offre qui m’avait fait dire en janvier 2013 que nous ne partagions plus les mêmes objectifs avec le PS (http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Coquerel-Avec-le-PS-on-ne-partag...)

S’il n’y a pas tournant, il y a par contre une accélération incontestable. Pour qu’on le comprenne bien, le Président de la République avait encadré ses vœux par deux décisions qui, en plus du contenu antisocial, sont autant de messages aux organisations syndicales les plus critiques. La veille des vœux, il y a eu ce décret autorisant l’ouverture dominicale pour les magasins de bricolage contre laquelle s’étaient fortement mobilisés les syndicats. Deux jours après les vœux, le procureur de la République fait appel contre la relaxe, décidée en novembre par le tribunal de Roanne, des 5 Cgtistes qui avaient refusé des tests ADN. La CGT en avait fait une cause nationale allant jusqu’à initier un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Roanne. Renversement sinistre des valeurs de gauche, le MEDEF a bénéficié lui d’un tout autre traitement. Entre ces deux annonces, François Hollande a en effet choyé l’organisation patronal lors de ses vœux en lui promettant toujours plus d’allégement de « charges ».

Engagé dans une telle spirale, on peut toujours faire pire. Et il l’a fait ce mardi 14 janvier lors de sa conférence de presse. Cela a été un jour noir pour la gauche. C’est simple, il s’agissait d’un véritable musée des horreurs libéral. Au programme casse de l’état social, état d’austérité général avec 50 milliards d’économies supplémentaires annoncées, cadeaux royaux au Medef, au siège duquel les boutons de champagne ont du sauter et, cerise sur le gâteau, l’enfoncement vers un fédéralisme européen à la sauce Merkel. Au point que cette dernière peut, avec le Medef, exiger des droits d’auteur à François Hollande… On a beau s’attendre à tout, Hollande a quand même réussi à nous effarer. D’un président de droite nous parlerions d’une déclaration de guerre sociale. De la part de Hollande c’est la même chose.
Sur la forme, François Hollande paraît désormais décomplexé. Il ne s’embarrasse même plus d’enrobage social pour faire ses annonces libérales. C’est pourquoi j’ai expliqué récemment qu’il était de plus en plus à l’aise dans ses baskets de libéral. (http://www.parismatch.com/Actu/Politique/Eric-Coquerel-du-Parti-de-gauch...). Depuis, Thierry Mandon, a eu le mot juste, confirmant du coup cette analyse : pour le porte-parole du PS à l’assemblée nationale, il ne s’agit pas d’un tournant de François Hollande mais d’un Outing. Tout est dit.

Retour à Berlin

C’est le moment pour moi de revenir à Berlin où j’ai passé quelques jours lors des fêtes.
Il se trouve que j’ai entendu les vœux de Hollande dans la capitale allemande  grâce à RFI. Ce n’était évidemment pas l’objectif de ce voyage mais ce fut bien choisi car Berlin est une ville qui invite aux mises en perspective historiques.  Célébrer l’entrée dans l’année qui marque le centième anniversaire de la naissance historique du 20ème siècle à l’endroit où il s’est clôt le 9 novembre 1989 renforce cette perception.  Je ne connais en effet pas  d’autre capitale à ce point marquée par le siècle dernier. Concassée, déchirée, remodelée seraient des termes plus appropriés. C’est d’ailleurs loin d’être fini puisque les gigantesques travaux encore en cours sont la conséquence de la réunification.

Sur place, la lecture d’un livre de Jean-Michel Palmier, « retour à Berlin » (Petite Bibliothèque Payot 1989), a d’ailleurs encore accentué cette perception. Claude Debons m’a offert ce livre il y a quelques années avec pour conseil de le lire avant tout séjour berlinois. Il avait raison. Curieusement ces notes de voyages écrites par un spécialiste, aujourd’hui disparu, de l’expressionnisme allemand et de la République de Weimar, sont à la fois datées et utiles. Datées puisqu’écrites entre 1975 et 1988, un an avant la chute du mur. Utiles car l’auteur y recherche les traces du Berlin des années 20 et 30 dans celui laissé en legs par les destructions de la 2ème guerre mondiale (un tiers de la ville rasée !) puis par la blessure béante provoquée par la guerre froide.  L’auteur, on s’en doute, n’en trouve que de traces fugaces, parfois même seulement une atmosphère. Mais du coup l’ouvrage m’a offert un double effet miroir. Car le Berlin dans lequel se meut Palmier a lui même été profondément bouleversé et transformé 30 ans après…

Mais c’est un passage précis du livre qui m’intéresse ici. Palmier revient sur l’assassinat de Rosa Luxembourg et de Karl Liebknecht. Ces quelques lignes m’ont donné envie de suivre, à mon tour, les traces des dernières heures des dirigeants spartakistes. Le passage est dur et poignant : « c’est le 15 janvier vers 9 heures (voici donc 95 ans ce mercredi) que Karl, Rosa et Wilhelm Pieck furent arrêtés au 53 de la Mannheimerstrasse. Les trois prisonniers furent emmenés à l’hôtel Eden, insultés et frappés par les policiers. Rosa fut trainée sur le sol. Elle perdait beaucoup de sang par le nez et la bouche. Après qu’on les eut interrogés, on déclara qu’ils devaient être emmenées à la maison d’arrêt de Moabit. Liebknecht fut frappé à coup de crosse. On le traîna dehors et on le fit monter en  voiture. Accompagné de six policiers, ils prirent la direction du Tiergaten. Arrivé au Neuer see, ils déclarèrent que la voiture avait une panne et on le fit descendre. Le capitaine-lieutenant Horst Von Pflugk-Hartung lui tira une balle dans la tête et on traina son corps vers d’autres cadavres, près d’une station service. Rosa Luxembourg fut emmenée par le lieutenant Vogel. Un soldat, Runge, reçut l’ordre de la tuer. Il lui broya le crane de deux coups de crosse et on la jeta inanimée dans une auto où ils la frappèrent encore. Finalement le lieutenant Vogel l’acheva d’une balle dans la tête. Le cadavre fut transporté à travers le Tiergaten et jeté dans le Landwehrkanal. Il n’échoua sur la rive qu’en mai 1919, déjà putréfié »…

Comme Palmier voici une trentaine d’année j’ai donc été vérifié que le 53 Mannheimerstrasse, dans le quartier de Wilmesdorf, au sud-ouest de Berlin, n’existait plus. Il est remplacé par un bloc d’immeuble des années 60. Quelques kilomètres plus au nord, j’ai observé que la plaque rappelant le calvaire des deux révolutionnaires était toujours fixée sur l’hôtel Eden qui avaient servi de QG aux corps francs du général Pabst. Je suis rentré dans le grand parc de Tiegaten, en plein de centre de Berlin. C’est là,  près de l’étang du Neur see, que Rosa et Karl ont passé leurs derniers instants conscients. J’ai enfin rebroussé chemin vers le sud pour rejoindre le lieu où Rosa a été jetée dans le Landwerkhanal. Le pont en pierre de l’époque a été remplacé par un ouvrage métallique mais une plaque y commémore le meurtre de Rosa la Rouge. Je suis resté plusieurs minutes là à regarder les eaux noires du canal.

Ainsi prenait fin la tentative de révolution socialiste menée par les Spartakistes. Au même moment, les dirigeants de la toute nouvelle république allemande, les sociaux-démocrates Ebert et Scheidemann, échangeaient avec les hautes autorités militaires dont Noske le supérieur hiérarchique des troupes qui avaient assassiné les révolutionnaires.

C’est ici que je reviens aux allocutions de ce début d’année de François Hollande. En écoutant le Président de la république s’enfoncer toujours plus dans les annonces d’une politique de droite, je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec les sentiments qu’ont pu ressentir des militants de gauche sincères lorsque la grande majorité des partis socialistes de l’époque ont approuvé l’union sacré et la guerre de 14, puis quand les révolutionnaires allemands ont pleuré leurs dirigeants assassinés tout en constatant que les socio-démocrates, leurs anciens camarades de parti, partageaient, au moins un temps, le même camp que leurs assassins. Bien sûr, je mesure la différence du moment et de la période : nous parlons de paroles et de décisions politique, pas de sang et de violence. Mais  le sentiment est malgré tout du même ordre. Ce moment où l’on passe de l’effarement à une révolte d’autant plus sourde que sa cause semble échapper à l’entendement.

Car ne nous y trompons,  la capitulation des principaux dirigeants sociaux-démocrates face à la guerre est du même ordre que celle de leur capitulation face à la finance dans la guerre économique qu’elle livre aujourd’hui au monde du travail. La rupture qui en découle est d’une ampleur historique à gauche.

Dès lors se pose la question de la stratégie à adopter pour faire face. Près de cent ans après on peut se demander si le rapport de force rendait pertinente une révolution du type de celle tentée par les Spartakistes. On peut également, l’histoire du 20ème siècle aidant, se poser même la question sur ce type de prise de pouvoir où la nécessité et l’urgence  du moment ne s’embarrasse pas de vérifier qu’elle repose sur une légitimité majoritaire dans le peuple. Cette légitimité majoritaire qui, en dernier ressort fonde, sans doute, ce que nous appelons la révolution citoyenne. Mais il y a cent ans, la situation dans un pays vaincu après la plus terrible des boucheries mondiales et dans une période révolutionnaire qui voyait les peuples se débarrasser des régimes autocratiques des Tsars ou des empereurs se posait tout autrement. Et l’histoire du 20ème siècle n’avait pas parlé…

Mais dans les deux cas, en 1918 comme en 2014, ce qui ne change pas c’est qu’il faut définir la stratégie la plus opérante et agir. Dans les deux cas, il s’agit bien de résoudre la question du leader ship à gauche parce que la force dominante jusqu’alors a failli et a appliqué une politique que l’on attend de la droite. Fort heureusement, nous disposons d’un moyen moins « quitte ou double » et potentiellement tragique  pour régler la question : le suffrage universel. En théorie ce devrait donc être plus simple…

L’heure de vérité

On aura compris que je reviens ainsi aux débats qui animent le Front de gauche.

Car au Front de Gauche nous partageons la même analyse sur ce gouvernement. Nous n’hésitons ainsi plus à dire qu’il faut s’y opposer : « Le Front de gauche s’oppose à la politique libérale de ce gouvernement dont l’orientation nourrit la désespérance et fait le lit de l’extrême droite » avons-nous écrit en commun le 8 janvier dans un communiqué.
 (http://www.lepartidegauche.fr/actualites/communique/communique-rentree-f...)

Paradoxalement, c’est au moment où le libéralisme du gouvernement ne fait plus débat entre nous que nous ne sommes pas capable de présenter une stratégie commune lors de la première élection nationale après l’élection de François Hollande. Alors qu’inévitablement beaucoup au PS et plus largement à EELV, et bien plus largement encore dans l’électorat de François Hollande, se posent a minima des questions sur la politique de ce dernier quand ils ne la récusent pas, le FDG rate l’occasion d’être un repère dans une période lourde de désorientation.  Nous devrions parler d’une seule voix pour interpeller les parlementaires de la majorité gouvernementale pour leur dire : ne votez pas le pacte de « responsabilité ». Nous le faisons en désordre. La stratégie à géométrie variable assumée aujourd’hui par Pierre Laurent au nom de la direction du PCF, et appliquée sur le terrain pour partie seulement de nos camarades communistes, ne répond pas au rôle historique qui est le nôtre. Ce sentiment de responsabilité et d’urgence explique la vigueur de nos réactions devant le risque non seulement de gâcher ce que nous avons construit ensemble mais surtout de ne pas être à la hauteur de la situation. C’est ce que j’ai voulu dire dans mon interview à Regards consacré au Front de Gauche et  réalisé fin décembre où je propose quelques solutions pour sortir de sa crise : http://www.regards.fr/web/Eric-Coquerel-Il-faut-ouvrir-les,7347

Car, au risque de devenir illisible et donc inutile, le Front de Gauche ne pourra plus se payer le luxe d’un pareil recul. Il n’y survivrait pas. Nous ne réparerons pas tous les dégâts pour les municipales où nous aurons malgré tout la satisfaction d’enregistrer des listes autonomes des listes gouvernementales dans plus de ¾ des villes de plus de 20 000 habitants avec dans la moitié toutes les forces du FDG rassemblées. Nous pourrons ainsi donner à voir nationalement l’émergence d’une opposition de gauche à la politique de François Hollande. Source d’espoir supplémentaire : dans près de 70 villes, nous serons alliés à Europe Écologie ce qui rend un peu plus concret le concept de majorité alternative et promet quelques belles surprises. Bref, malgré la situation dans le FDG, la force de la nécessité a fait loi et la stratégie d’autonomie que nous défendons sera bien présente. Mais, je l’ai dit, ce doit être la dernière fois. Il faut relancer le FDG pour l’avenir, certes oui mais sur des bases claires.

C’est dans cet esprit que nous rencontrerons une délégation du PCF vendredi. Une rencontre « au sommet ». Nous y allons avec une série de propositions concrètes sur les municipales, européennes et pour l’avenir. Nous y proposons notamment le développement de l’implication citoyenne dans le FDG et d’une plus grande intégration comme solution par le haut pour résoudre nos débats stratégiques. Je veux croire que nous avancerons ensemble. Le moment est en effet venu au Front de Gauche d’être audacieux comme nous l’avions été lors de sa création. En entendant François Hollande, je me dis même que cette audace est encore bien plus nécessaire qu’en 2008. Car l’histoire nous mord de plus en plus sévèrement la nuque.
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