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 De l’Histoire au présent (Jean-Luc Mélenchon)

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MessageSujet: De l’Histoire au présent (Jean-Luc Mélenchon)   De l’Histoire au présent (Jean-Luc Mélenchon) EmptyDim 8 Juin - 23:02

Samedi 7 juin 2014

Des circonstances personnelles me tiennent éloigné de France pour quelques jours. J’écris entre mes devoirs. N’étaient-ce les rendez-vous que j’ai dû annuler, j’en serais tout à fait content. Car comme on le sait, la distance n’est rien désormais. On suit tout de près, même de loin. Mais la distance kilométrique suggère son équivalent intime : mettre à distance. L’exercice tient davantage de la philosophie pratique (que valent les autres ?) que de l’art de voyager. N’empêche : d’où je suis, je vois la mer et ça aide. Les côtiers et les insulaires savent de quel remède il s’agit. Regarder les vagues moutonner, c’est les faire entrer dans l’esprit et, de là, dans tout le corps. Il peut en résulter une plage aussi lisse que fraîche. Il est vrai qu’à présent on voit les déchets suivre le fil de l’eau jusqu’au sable. Notre civilisation est celle des déchets massifs. Il faut bien que ça finisse quelque part, et mieux vaut cela que les gires sans gestion qui défigurent les océans. Je laisse donc les ordures médiatiques accumulées en six mois de campagne revenir aux lisières de l’esprit qui les avaient écartés par hygiène mentale. Je suis comme brûlé, et il m’en cuit de retrouver ces sortes de remugles. Mais il faut traiter.

Cette fois-ci je n’écris que peu. De toutes les farces que je vois de loin, toutes ne m’émeuvent pas de même. D’aucunes sont bénignes, comme ces célébrations reconstruites du débarquement en Normandie. Si notre tour vient, on passera davantage de temps à célébrer celui de Provence où s’illustrèrent les maghrébins, et on célébrera ceux qui s’enrôlèrent avec Leclerc ou la Résistance plutôt que de se trouver des bonnes raisons à faire les lâches qui « ne peuvent pas partir tout de suite ». Et on mentira moins sur la chaude amitié de ceux qui tentèrent de nous imposer une administration d’occupation, pactisèrent avec Pétain et sa bande jusqu’à la dernière minute et tentèrent même d’éliminer De Gaulle au profit de marionnettes comme le général Giraud ou cet amiral collabo Darlan, fort heureusement expédié au diable par les gaullistes d’Algérie. Mais puisqu’il s’agit d’Histoire et de sa pertinence à construire les représentations et rites du présent, comment nommer la sidération qui m’a saisi comme tant de gens en découvrant le carnaval de François Hollande et de sa petite équipe qui gesticule dans des habits trop grands ! La carte de France comme un légo pour technocrate ! L’estomac se soulève. On transpire, on reste sans voix. Tout ce qui peut être fait pour empêcher cette vivisection de notre pays doit être mis en branle-bas de combat.

Penser la France

Je crois que l’Histoire de France n’était pas enseignée, ni sa connaissance vérifiée, pour la promotion Voltaire à laquelle appartiennent ceux qui commandent dans notre pays à cette heure. C’est pourquoi l’équipe de bons amis qui tient tous les leviers de l’État pense qu’il est possible de traiter la carte de France comme un plan de table dans le beau monde. Pris dans leurs jeux, absorbés par leurs bonnes et mauvaises raisons, obsédés par leurs complots ou leurs projets de pantouflage, les importants ont consterné tout le pays. Même les pires dévots du régionalisme ne se retrouvent pas dans le pâté confus qui leur est servi. Tous les autres, ceux qui aiment notre pays, quel que soit leur bord politique, tous ceux qui connaissent son Histoire, tous ceux qui savent comment les structures de l’État et de la République sont un vin longuement muri venu d’une vigne bien longtemps travaillée, tous ceux-là commencent par tourner le regard de honte et de peine.

Comment avons-nous pu élire une telle bande de bons à rien ! Depuis Charles VI, a-t-on jamais vu un monarque aussi absent de sa tête ? Le premier était un fou que l’on plaignait quand « le mal » lui revenait. Il admit ce que l’occupant voulait : que le roi de France était dorénavant Anglais. L’actuel veut faire l’Allemand. La France des Länder ! Qui lui apprendra que les Länder sont le résultat de l’impuissance séculaire des élites politiques allemandes à se construire en Nation ? Qu’ils restent un casse-tête institutionnel pour la gestion du pays dans les domaines aussi sensibles que l’éducation par exemple ? Que ces Länder furent récrés après-guerre, sur la base de la carte d’ancien régime, pour mieux contrôler les tentations hégémonistes qui pourraient resurgir ? Qui explique à ces petits marquis désinvoltes que le sud de l’Europe, c’est-à-dire l’intérieur des frontières de l’Empire romain, est fait de cités et de citoyens quand l’au-delà des « limes » est fait de hordes et de tribus ? Qui va leur expliquer pourquoi nous notons sur nos bâtiments publics « Liberté-Égalité-Fraternité », message universaliste ouvert à tout être humain, et que les réunificateurs de l’Allemagne contemporaines firent graver sur le Bundestag : « au peuple allemand » ?

Supprimer les communes, c’est araser la base de la démocratie réelle et historique, celle du temps long où se construisit la conscience collective de nos peuples. C’est de l’addition des cités qu’est venue l’idée d’un ensemble plus vaste qui nécessite des droits égaux pour être viable. L’édit de Caracala étendant la citoyenneté romaine à tout l’Empire a mille ans d’avance sur la sauvagerie confuse des hordes qui n’avait pas l’ombre d’une idée sur ce que le mot « universel » veut dire. L’État démocratique est l’enfant de la cité civique. De là au département, il n’y a qu’un pas de logique politique. La nécessité d’ensemble plus vaste que la cité ne se discute pas sérieusement. La réponse révolutionnaire des républicains est le département. C’est la proximité et l’anomie ethnique qui rend possible cet échelon en le rendant acceptable par tous. Je ne rappelle tout cela que comme introduction à des débats qui vont dorénavant structurer l’esprit public. Bien sûr : ce qu’ils ont entrepris est odieux. Bien sûr que c’est dans toute l’Europe que les froids bureaucrates de la Commission exigent cette destruction des échelons de base de la démocratie. Bien sûr que tout va de mal en pis avec ces élites politiques et sociales du type « promotion Voltaire » sans conscience historique ni même nationale.

Pour autant, la lutte est nécessaire et elle est aussi une opportunité. Ne vous en désolez pas, vous qui me lisez. La cohérence du projet libéral exige de briser tout ce qui unit pour mettre en scène une compétition généralisée. Cette compréhension, à mesure qu’elle avancera, nous permettra de construire une conscience collective affinée et argumentée. Jamais nous ne pourrions avoir ce débat « à froid ». L’odieux projet de Hollande est une occasion de rétablir dans le grand nombre l’idéal universaliste de la République une et indivisible. Nous allons pouvoir transformer en un ridicule archaïsme la sale petite musique des néo-modernes pour qui la différence prime sur l’universel, le local prime sur le global, la racine tournée dans l’ombre confuse des humus prime sur le feuillage tourné vers la lumière de la lune et du soleil. Le débat ne sera nullement abstrait. Pour l’instant, ce qui se voit se discute entre gens qui comprennent ce qui est en jeu. Mais cette compréhension va s’étendre et percoler en profondeur quand les citoyens vont réaliser que la structure des administrations et de l’État va devoir se disloquer pour correspondre à ce bricolage. Ce n’est pas seulement la mise en compétition des territoires mais la destruction de l’État qui est engagée. Dès lors, la nature de nos tâches et de notre programme en est modifiée. C’est à l’échelle du problème politique, constitutionnel, républicain et national posé que doivent être formulées les questions en débat et les réponses proposées.

Pourquoi 14 régions et non plus 22 ? Et pourquoi pas 13 ? Ou 15 ? Peu importe. C’est d’avoir l’air allemand qui compte. François Hollande explique dans sa tribune que les régions « seront ainsi de taille européenne et capables de bâtir des stratégies territoriales ». Des stratégies territoriales ! Quel jargon pour habiller le féodalisme ! Mais les 22 régions françaises sont déjà plus grandes que les Länder allemands idéalisés par les perroquets médiatiques ! Elles font en moyenne 25 000 km² contre 21 000 km² pour les Länder d’Outre Rhin. Mais pour finir, que valent ces prétendus arguments quand on les compare aux faits qui sont censés en être déduits ? Si François Hollande considère la taille d’une région comme déterminante, pourquoi va-t-il laisser le Nord Pas-de-Calais dans ses limites actuelles ? C’est pourtant, par la taille, l’une des régions les plus petites du pays. Elle s’étend sur 14 000 km², près de 7 fois moins que la nouvelle méga-région Poitou-Charente–Limousin– Centre ! De même, pourquoi laisser la Bretagne d’un côté et les Pays-de-la-Loire de l’autre au lieu de créer une de ces prétendues « région de taille européenne » en fusionnant les deux ? Et que dire des péroraisons sur le « mille-feuille » français ! Où est l’aberration sinon dans les ajouts baroques et post féodaux de l’aménagement du territoire à la sauce néolibérale qui organisent le désert français avec ses métropoles, et autres bidouillages féodaux ? Communes, départements et régions peuvent former une construction harmonieuse si l’on ne s’acharne pas à y ajouter des structures qui les neutralisent, les doublonnent, les enchevêtrent !

Un embrouilli désastreux

En mai, lors de sa rencontre avec la délégation du Parti de Gauche conduite par Gabriel Amard et Danielle Simonnet, François Hollande avait promis une réforme « proche, simple et démocratique ». Sa nouvelle carte et sa tribune indiquent tout le contraire : le nouveau paysage territorial sera plus éloigné des citoyens, plus complexe, et moins démocratique.

La méthode opaque du redécoupage signe l’état d’esprit de la réforme : tenir le peuple à distance. Pour la proximité, le mensonge saute aux yeux quand on voit la taille des nouvelles régions. Où sera la proximité dans une région qui ira du Gard aux Hautes-Pyrénées, de Nîmes à Tarbes ? Ou dans une région qui ira de Chartres à La Rochelle ? François Hollande annonce que ces nouvelles régions auront compétence pour les routes, les bus, les collèges. Ces compétences sont aujourd’hui gérées par les conseils généraux, à l’échelle des départements. Demain, elles seront gérées à plusieurs centaines de kilomètres de distance. Les collèges de Moulins-sur-Allier seront gérés depuis Lyon, à 200 kilomètres ! Les routes du Gers seront gérées depuis Montpellier, à moins que ce ne soient les routes du Gard qui soient gérées depuis Toulouse, dans les deux cas à 300 kilomètres de là. Que vont devenir les personnels qui travaillent à l’entretien des routes, des collèges et des lycées ? Devront-ils accepter des mutations à plusieurs centaines de kilomètres ? Et sur quelle base seront harmonisées les conditions sociales des agents des différentes régions fusionnés ? Par le haut ou par le bas ?

La course au gigantisme ne se limite d’ailleurs pas aux régions. François Hollande veut aussi faire grossir les intercommunalités. Les Communautés de Communes ne pourront plus compter moins de 20 000 habitants contre 5 000 aujourd’hui. Pourquoi changer ce découpage alors que les électeurs viennent de voter pour élire leurs représentants dans ces instances il y a à peine 3 mois ? Et que la carte des intercommunalités du pays a été revue de fond en comble ces dernières années suite à la réforme Sarkozy ?

Ce ne sera pas plus simple non plus. Fusionner des régions ne rend rien plus simple. Déjà, les problèmes s’accumulent : Quel nom pour les nouvelles régions ? Quelle préfecture de région entre Toulouse et Montpellier ou entre Metz et Strasbourg par exemple ? Comment harmoniser les vacances scolaires entre les écoles, collèges et lycées de Basse-Normandie actuellement en zone A et ceux de la Haute-Normandie, aujourd’hui en zone B ? Surtout, François Hollande prévoit de supprimer les Conseils généraux. Mais leur suppression n’est pas prévue avant 2020. En effet, il faut pour cela changer la Constitution, et François Hollande n’a pas de majorité pour le faire. Donc les départements continueront à vivre. D’ailleurs, les élections départementales auront bien lieu en 2015. Mais ils seront progressivement vidés de leurs compétences dès l’an prochain. Au profit de qui ? François Hollande lui-même ne sait pas bien répondre. Sa tribune est d’un flou artistique. Au début, ça parait clair : « les grandes régions auront davantage de responsabilités. Elles seront la seule collectivité compétente pour soutenir les entreprises et porter les politiques de formation et d’emploi, pour intervenir en matière de transports, des trains régionaux aux bus en passant par les routes, les aéroports et les ports. Elles géreront les lycées et les collèges ».

Puis, ça devient vite encore plus confus : « la création de grandes régions, et le renforcement des intercommunalités absorberont une large part des attributions [du conseil général]. Mais cette décision doit être mise en œuvre de façon progressive car le conseil général joue un rôle essentiel dans la solidarité de proximité et la gestion des prestations aux personnes les plus fragiles. […] Du temps est nécessaire et de la souplesse est indispensable. Une large initiative sera laissée aux élus pour assurer cette transition. Certaines métropoles pourront reprendre les attributions des conseils généraux et toutes les expérimentations seront encouragées et facilitées ». Vous avez compris quelque chose ? Le seul point à peu près clair, c’est que les compétences seront réparties entre collectivités à la carte entre seigneurs locaux. Ici, c’est la région qui s’en occupera mais ailleurs, ce pourrait être l’intercommunalité ou une autre « expérimentation ». Sans compter que François Hollande annonce la suppression des conseils généraux mais précise dans sa tribune que « le département en tant que cadre d’action publique restera une circonscription de référence essentielle pour l'État, autour des préfets et de l’administration déconcentrée avec les missions qui sont attendues de lui » !

Reste la démocratie. Ou plutôt : les reculs démocratiques. François Hollande et Manuel Valls ont déjà annoncé qu’ils ne voulaient pas de référendum. Ni sur la réforme des compétences, ni sur le découpage. Ensuite, François Hollande souhaite reporter les prochaines élections prévues en mars 2015 à l’automne 2015. Après les municipales et les européennes, faut-il y voir une volonté de repousser la prochaine sanction électorale ? L’objectif est clairement affirmé par François Hollande dans sa réforme : il veut « moins d’élus ». C’est déjà ce que voulait Nicolas Sarkozy. François Hollande reprend le même discours. Et il ne prend pas de gants : les 4 000 conseillers généraux disparaîtront en 2020. Et le nombre d’élus régionaux sera lui aussi réduit parfois drastiquement puisque François Hollande veut limiter leur nombre à 150 par région fusionné. Or, aujourd’hui, par exemple, Poitou-Charente, Limousin et Centre comptent à elles trois 174 élus. Il faudra donc revoir aussi la répartition des élus régionaux entre départements puisque aujourd’hui les conseillers régionaux sont élus sur une base départementale. Qui perdra ? Les territoires ruraux évidemment. Et la démocratie. Car moins d’élus, ce sont moins de citoyens en charge de représentation de leurs compatriotes ! Bien sûr, les « petits partis » verront leur représentation réduite d’autant.

Cette réforme est bricolée dans le cadre de la politique d’austérité, cela va de soit. Le gouvernement prévoit de réaliser 11 milliards d’euros de coupes dans les budgets des collectivités locales. C’est la déclinaison du plan d’austérité de 50 milliards de Manuel Valls. C’est une somme considérable. L’enjeu est donc de réduire la démocratie pour pouvoir couper en silence dans les services publics locaux. Car le gouvernement sait que sa réforme en elle-même ne rapportera rien. Le secrétaire d’État chargé de la réforme avait parlé de 12 à 25 milliards d’euros d’économies espérées une fois la réforme achevée. Le président de l’Association des départements de France, pourtant lui aussi membre du PS, avait parlé de « chiffres farfelus ». Déjà, le gouvernement est revenu à une fourchette de « 10 à 12 milliards d’euros ». Au fur et à mesure, le montant baissera. Car même réformé, il faudra quand même acheter des trains régionaux, entretenir les routes, verser les aides sociales aux personnes âgées, construire des collèges, etc. Et la réforme va même engendrer des coûts supplémentaires. Les élus régionaux viendront de plus loin, ce qui coûtera plus cher. Les fusions de régions et l’aspiration de compétences des départements vont entraîner une révision complète de la signalétique. Il faudra mettre le logo des régions à la place de celui des départements dans tous les collèges du pays par exemple.

Cette réforme va plaire à la Commission européenne. Elle l’a voulue. François Hollande n’en avait nullement parlé dans la campagne présidentielle. Par contre, la réforme territoriale figure dans les recommandations que la Commission européenne adresse à la France. C’était déjà le cas l’an dernier. C’est encore le cas dans les recommandations qu’elle a adressés lundi 2 juin après-midi, veille de la tribune de François Hollande. Que dit la Commission ? Elle appelle « à intensifier les efforts visant à obtenir des gains d'efficacité dans tous les sous-secteurs des administrations publiques, y compris par une redéfinition, le cas échéant, de la portée de l'action des pouvoirs publics […] ; à fixer un calendrier clair pour le processus de décentralisation en cours et à prendre des mesures préliminaires, d'ici à décembre 2014, en vue d'éliminer les doublons administratifs, de faciliter les fusions entre les collectivités locales et de préciser les responsabilités de chacun des échelons des collectivités locales ; à fixer un plafond pour l'augmentation annuelle des recettes fiscales des collectivités locales tout en réduisant comme prévu les subventions octroyées par l'État ». Voilà à quoi obéit François Hollande ! Les despotes de la Commission veulent venir finir ce que Brunswik n’était pas parvenu à faire : intimider la France républicaine au profit des délires provincialistes. La prochaine étape sera l’instauration d’une « règle d’or » pour les collectivités, pour les obliger à baisser leurs dépenses au fur et à mesure que l’État baisse ses subventions. Et cela aura des conséquences directes sur le prix de la cantine dans les établissements scolaires, sur l’entretien de la voirie, sur le réseau d’aide à domicile, sur les investissements publics en matière d’accueil des personnes âgées dépendantes, de bâtiments scolaires, etc. Une fois de plus, l’affaiblissement de la démocratie est le compagnon de l’austérité. Les deux marchent ensemble. De l’Europe aux communes.

Cette réforme doit être combattue. Pour autant, faut-il être partisan du statu quo ? Oui, les institutions du pays doivent être réformées. Tout le monde en convient, semble-t-il, puisque cette « réforme » est engagée ! Mais qui en a l’autorité sinon le peuple lui-même, qui doit refonder les institutions ? C’est pour cela que la France a besoin d’une Assemblée Constituante et d’une nouvelle République. François Hollande préfère l’opacité, les copinages, les duchés d’Ancien Régime et le fait du Prince qui décide seul de la carte des régions. Face à cela, je ne sais comment porter remède sinon qu’avec le fer rouge de l’action populaire et l’insurrection civique. Je compte bien que la révolte des élus locaux nous aide à renverser ce projet funeste et ceux qui l’ont conçu.

Vivement la fin

Je vois bien comment, dans la panique finale d’un devoir ni fait ni à faire, François Hollande a, pour finir, redécoupé les régions : comme il gérait les congrès du PS. Les barrons du Nord Pas de Calais, d’Aquitaine ou de Provence-Alpes-Côtes d’Azur ont su peser suffisamment pour convaincre Hollande de les laisser tranquilles. De même que Ségolène Royal a su mettre tout son poids dans la bataille pour hériter de la nouvelle plus grande région de France ! Les vieilles gloires du PS n’ont pas eu droit au même respect. L’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault voulait la fusion de la Bretagne avec les Pays-de-La-Loire. Il avait même le soutien de la ministre de la Décentralisation, Marylise Lebranchu. Mais ils n’ont pas eu gain de cause face au ministre Le Drian. Celui-ci s’est encore une fois comporté d’abord comme un baron local breton, et François Hollande a suivi l’avis de son copain du club deloriste « Témoin » et des trans-courants du PS des années 80 que celui de son ancien Premier ministre. Et au cas précis pourquoi ces micmacs ? Pour tenir compte de la façon de heurter le moins possible les indépendantistes bretons qui veulent de Nantes mais pas des allogènes qui infestent le reste des pays de Loire ! On en est là, sous Hollande.

Après les socialistes affligés ils faudrait un club des consternés. Tout le PS y serait inscrit d’office. Jusqu’aux lapins les plus timides se désolent. Ainsi le maire PS de Tulle, Bernard Combes. C’est lui qui a succédé à François Hollande à la mairie de la ville. Il a exprimé sa « déception ». Il parle d’un découpage « improbable et informe », précisant que la Corrèze n’a « pas sa place » dans la méga région Poitou-Charente –Limousin–Centre. Selon lui, « Il n'y a pas de réalité géographique, sociologique, démographique et économique ». Quitte à voir le Limousin disparaître, il plaidait pour un rattachement à l’Aquitaine pour aller dans le sens du « tropisme du sud-ouest » de son département et faire partie d’une région dominée par une capitale « de taille européenne » comme Bordeaux. Ici, le ridicule finit le travail que la raison commence sans peine à propos de ce projet grotesque. François Hollande sait-il qu’une semaine avant son redécoupage se tenaient des élections européennes ? Il est personnellement intervenu pour maintenir le mode de scrutin inventé par la droite qui découpe le territoire en sept immenses circonscriptions. Grâce à ce maintien, le Front national a cinq élus de plus que dans une circonscription unique. Mais une semaine après le vote, il n’a tenu aucun compte de ce découpage pour redessiner la carte des régions. Ainsi, les régions Picardie et Champagne-Ardenne, qui sont dans deux circonscriptions européennes différentes, se retrouvent fusionnées ! Et la circonscription Massif Central–Centre se retrouve éclatée entre la nouvelle région Rhône-Alpes–Auvergne, et la méga-région Poitou-Charente–Limousin-Centre. Ce sont 5 des 7 circonscriptions européennes métropolitaines qui sont ainsi démembrées ou remembrées. Pauvre François Hollande. Tête vide, mains confuses. Vivement que ce soit fini.
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