Jeudi 19 juin 2014
Les intermittents durcissent le ton, Manuel Valls lâche du lest
C’est une victoire pour les
intermittents. L’État s’est engagé, jeudi 19 juin 2014, à financer le différé d’indemnisation, afin que les
intermittents ne soient pas pénalisés par l’accord du 22 mars signé entre le patronat et trois syndicats.
Depuis plusieurs jours, ils multipliaient les coups d’éclat, notamment à Dijon.
“ Inacceptable ”. C’est ces termes que le patron du Medef local, Pierre-Antoine Kern, qualifie l’attitude des intermittents du spectacle à son égard. Une cinquantaine de manifestants a tenté d’investir,
mercredi 18 juin dans l’après-midi, les locaux de son entreprise alors qu’il en était absent. “ Mon entreprise, tout comme ma famille ou mes activités personnelles sont des lieux privés où il n’est pas tolérable d’être agressé pour des idées que je défends au nom de la collectivité des entrepreneurs ”, explique-t-il avant de préciser qu’il portera l’affaire en justice.
Le lendemain, les interluttants, comme ils s’appellent, se sont alliés aux grévistes de la SNCF. Une centaine d’entre eux a d’abord manifesté devant la gare de Dijon avant de se rendre à la mairie en empruntant les voies du tramway. Durant la nuit, plusieurs panneaux du centre historique avaient été recouverts d’une caricature de François Rebsamen, ancien maire de la ville désormais ministre du Travail, au pied de Pierre Gattaz, patron du Medef.
Place de la Libération, les manifestants ont d’abord trouvé porte close avant de finalement pouvoir rentrer dans la cour de la mairie, fumigènes à la main. Quelques heures plus tard, le premier ministre cédait. Il met fin à plusieurs mois de lutte en mettant entre parenthèses la mesure la plus controversée de la nouvelle convention d’assurance-chômage. Concrètement, l’Etat s’engagera dès le 1
er juillet en finançant le différé d’indemnisation des intermittents.
Manuel Valls a annoncé la mise en place d’une commission pour redéfinir avant la fin 2014 le statut d’intermittent. La mesure représente un coût d’environ 20 millions d’euros pour l’État, mais sauve sans doute la saison des festivals.
Jérémie Lorand