Des listes paritaires et bloquées seront obligatoires pour le prochain scrutin des municipales en 2014. Les élus des communes concernées réagissent.Finies les listes modifiables à souhait, où le votant aura pris soin de rayer un nom afin d’en ajouter un autre à la main.
Pour les communes de 1 000 à 3 500 habitants, les listes deviennent “bloquées”. Autre détail, une stricte parité devra être respectée. À terme, les conseils municipaux de Losne, Aiserey ou encore Mirebeau-sur-Bèze devront être constitués d’autant d’hommes que de femmes. Sur l’ensemble de la région dijonnaise, une trentaine de communes sont concernées par la réforme des modes de scrutin.
" Une réforme raisonnable "« Une avancée ». C’est ainsi que Roger Ganée, maire de Saint-Usage, définit cette nouvelle réforme. « C’est enfin une réforme raisonnable. Lorsqu’on monte une équipe, on essaye de mettre en place un projet solidaire, tous ensemble, avec un pilote. Or il s’avérait que le nom le plus souvent barré était celui du maire, qui doit pourtant être le rassembleur. C’est un soulagement d’avoir cette notion d’esprit d’équipe pour porter des projets ». Au sujet de la place des femmes dans les listes, il n’y a pas de difficultés pour Roger Ganée. « Elles s’intéressent de plus en plus à la vie publique, on sent qu’il y a un changement. Les femmes ont également un regard différent. La complémentarité est une force dans un conseil municipal ».
À Brazey-en-Plaine, 2 588 habitants, le premier adjoint , Gilles Delepau réagit à cette réforme. Celui qui compte se présenter l’année prochaine à la tête de la municipalité brazéenne reconnaît certaines limites à l’application de cette réforme en milieu rural. « Cela complexifie le montage d’une liste. Ce sont des critères sélectifs dès le départ, qui sont encore moins faciles à trouver en milieu rural. Personnellement, je trouve cela très bien d’imposer un homme et une femme, mais en allant plus loin je dirai qu’il faudrait aussi mettre des jeunes et des moins jeunes. Bien souvent dans les élections on oublie les jeunes. S’il y avait des critères pour leur permettre d’accéder à la politique, ça serait bien », souligne l’actuel adjoint.
Des listes " politisées "Toutefois, pour Gilles Delepau, ce nouveau mode de scrutin soulève une autre question. « J’ai un peu peur que cela politise les élections. Comme cela va être difficile de trouver des listes, celles qui seront appuyées par des partis politiques auront peut-être plus de facilité à se créer. Le Front national qui essaye de percer dans le milieu rural, a tout un savoir-faire pour aller chercher des gens et organiser cela. Alors qu’on n’en a pas besoin. Moi, je me bats pour que le conseil ne soit pas politisé », assure-t-il.
Le maire d’une commune d’un millier d’habitants, qui préfère rester discret sur son éventuelle candidature, tient un tout autre discours. « Je pense qu’il y aura toujours des candidats dans des villes de notre importance. À mon avis, il est plus difficile de trouver des gens dans des communes de moins d’une centaine d’habitants. Et puis, on n’a pas le choix, on est bien obligé d’appliquer la loi », souligne le premier édile.
Quant aux listes bloquées, l’élu fait confiance à « l’intelligence des électeurs ».
Inès de la Grange