" Fukushima : Plus jamais ça " (Corinne Morel Darleux) + Divers

Lundi 10 Mars 2014

Fukushima : Plus jamais ça

A l’occasion de la commémoration des trois ans du désastre de Fukushima, le Parti de Gauche a décidé d’organiser un déploiement important de ses responsables nationaux et élu-e-s sur plusieurs centrales nucléaires françaises ce mardi 11 mars.

Nous souhaitons ainsi rendre hommage aux victimes du nucléaire et réaffirmer notre demande d’une décision immédiate de l’’arrêt programmé du nucléaire.

Les dernières annonces du gouvernement français enterrent hélas un peu plus cette perspective. Agiter inconsidérément la possibilité de prolonger la durée de vie des centrales, sous le titre de "Grand carénage", laisser brader la sécurité comme à Euriware ou brandir l’étendard des coûteux et hypothétiques EPR tout en continuant à envisager l’enfouissement des déchets qui s’accumulent à Bure, autant d’hérésies des temps modernes et de fautes graves à l’égard des générations à venir.

Celles et ceux qui ont cru aux tours de passe-passe nucléaire du candidat Hollande en sont pour leurs frais. Il serait plus que temps qu’ils en tirent enfin leçons et conséquences. Trois ans après Fukushima, continuer à vanter les mérites d’Areva et de la filière "d’excellence française" du nucléaire au Japon comme l’ont fait MM Hollande et Fabius, est une honte.

Outre les manifestations collectives comme celle de ce dimanche 9 mars sur les ponts du Rhin à laquelle nos militants participaient, le Parti de Gauche sera donc présent sur l’ensemble du territoire ce mardi 11 mars pour commémorer Fukushima, rappeler son projet écosocialiste et ses propositions alternatives : économies d’énergie, développement de la filière des énergies renouvelables et lutte contre les lobbies de l’énergie aux niveaux français, européen et international.

Les membres du Bureau National, élus régionaux et responsables de secteur suivants du PG seront présents :

• Jean Luc Mélenchon avec Corinne Morel Darleux qui revient de la zone contaminée de Fukushima, Brigitte Blang, Boris Morenas et Josiane Gasparini, en compagnie de Jean Marie Brom à Strasbourg - Fessenheim (Alsace)

• Eric Coquerel sera accompagné de Jean Michel Gremillet, Julie del Papa et Didier Thévenieau à la centrale du Tricastin (PACA)

• Danielle Simonnet, candidate à la Mairie de Paris, Mathieu Agostini et Pascale le Neouannic seront à la centrale de Nogent (Champagne Ardennes)

• Tifen Ducharne sera présente avec des militants rhônalpins en défense des salariés d’Euriware à la centrale du Bugey (Rhône Alpes)

• Christine le Coent, François Delbrayelle et des militants du Nord seront à la centrale de Gravelines (Nord Pas de Calais)

• Jean Christophe Sellin, candidat à la mairie de Toulouse, sera à la centrale de Golftech (Midi-Pyrénées)

• Rémy Lebas de Lacour et Gérard Boullanger, élu régional, seront à la centrale du Blayais (Aquitaine)

• Des militants du PG seront également présents à la centrale de Chinon (Centre).

Des photos et témoignages de l’ensemble de ces actions seront envoyés au nom du PG à nos amis parlementaires du Parti Communiste Japonais (PCJ) et citoyens Japonais engagés dans la lutte antinucléaire, afin de témoigner de notre solidarité et de l’existence d’une force politique autonome de résistance au nucléaire en France.

Corinne Morel-Darleux

Lundi 10 Mars 2014

Notre siècle à 3 ans

Il y a trois ans, le 11 mars 2011 survenait la catastrophe de Fukushima. Ce cataclysme éclatait non pas dans un pays de l’ancien bloc soviétique ou dans une économie balbutiante mais dans un Etat développé, à la pointe des techniques modernes, détenteur d’un parc nucléaire civil parmi les plus importants du monde. Au Japon, personne ne risque d’oublier ce funeste anniversaire. Il est devenu la géographie physique et humaine du pays pour plusieurs générations. Il faudra en effet encore quelques décennies pour que la zone du réacteur soit ouverte à nouveau à la vie. En attendant, les producteurs de riz de la préfecture de Fukushima ont ajouté le compteur Geiger à leurs outils traditionnels.

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En France, il est utile en revanche de rappeler cette date. Car elle nous oblige à voir. Désormais on ne peut plus nier la possibilité et la gravité d’une catastrophe nucléaire sur notre sol. Pour la première fois l’institut de sureté nucléaire lui-même l’admet. Il a même tenté d’évaluer les dégâts que subirait alors la France. C’est un acquis même si en la matière les chiffres ne disent pas grand-chose. Mais le plus extraordinaire n’est pas ce travail. C’est qu’il n’avait jamais été fait jusqu’à présent. Voyez-le comme un signe : les dangers du nucléaire ont été mis sous le tapis, consciemment ou non, par la longue chaîne de ceux qui ont intérêt à entretenir le mythe d’une technologie sûre.

Qui sont-ils ? Aujourd’hui, ce sont les comptables d’EDF qui plaident pour l’allongement de la durée de vie des centrales jusqu’à 60 ans. Aucune centrale nucléaire dans le monde n’a jamais atteint 50 ans d’âge. Déjà le nombre d’incidents ne cesse d’augmenter dans les centrales françaises à mesure qu’elles vieillissent. Certes, mais il faut être compétitif ! Il faut arranger le bilan financier d’EDF, même si ce n’est pas encore au niveau d’Enron. Il faut vanter le nucléaire, beau produit d’exportation, comme l’ont fait Hollande et Fabius… dans un Japon endeuillé ! Il faut passer sous silence les coûts réels de la filière, incluant les nouvelles normes de sécurité et le démantèlement, pour ne pas effaroucher la clientèle. Ce sont les noces de cendre du nucléaire et de la politique de l’offre. Quand Hollande appelle à produire n’importe quoi dans n’importe quelles conditions, il trouvera toujours un Proglio, l’homme à qui Sarkozy confia la tête d’EDF, pour lui dire oui et en profiter jusqu’à la tombe.

Le Parti de Gauche a marqué cet anniversaire par une présence de ses dirigeants sur plusieurs sites nucléaires du pays ce 11 mars. Ne vous attendez pas à ce que les médias en parlent d’abondance. Ils s’occupent de choses tellement plus importantes ! Alors faites-le savoir. Car sans opinion éclairée l’intérêt général ne l’emportera jamais dans le domaine vital de l’énergie pas plus que dans les autres. C’est d’autant plus urgent qu’une loi dite de transition énergétique est annoncée pour juin prochain. Il reste encore une promesse de Hollande à renier, celle d’une diminution de la part du nucléaire. Mais au moins une loi parlera. Car la politique énergétique exige à la fois la primauté de l’intérêt général et le souci du long terme, et donc la loi. Elle appelle aussi des citoyens motivés et impliqués dotés de conscience et de mémoire. Le réacteur de Fukushima n’est pas éteint : il nous rappelle la noce de braise qui unit l’écologie et la République, l’écosocialisme et la révolution citoyenne.

François Delapierre