Vendredi 18 avril 2014
Au conseil général de Côte-d’Or, le dialogue social est-il “ une coquille vide ” ?
Ce jeudi 17 avril à 15h, les syndiqués de la CGT du conseil général de Côte-d’Or se mobilisaient dans les jardins du département afin de faire valoir leurs revendications. Après quelques chants au mégaphone, pour attirer les yeux des employés aux fenêtres donnant sur l’espace vert, Pierre Walterspieler a fait le point sur la situation en interne.
Leur slogan est simple. Dialogue social = coquille vide. Il n’y a pas plus direct. Le conseil général minimise le mouvement affirmant qu’à peine 1% du personnel de la collectivité était gréviste. Pour eux, le dialogue social est une priorité du quotidien.
Des commissions sourdesLes syndiqués n’auraient plus leur mot à dire. Les récentes commissions administratives paritaires auraient permis de révéler “ l’attitude méprisante et dédaigneuse de la direction ”, selon le communiqué de presse de la CGT. “ Ces commissions servent à discuter des cas individuels des employés. À chaque fin d’année, tout le monde passe un entretien d’évaluation, duquel découle une note, allant de 0 à 5, qui permet de toucher une prime de fin d’année ”, explique le représentant syndical.
Seulement, là où les syndicats avaient l’opportunité de rattraper une note sur certains cas, “ cette année, c’est la première fois où le conseil général ne plie sur rien ”. “ Et c’est valable pour les catégories C, B et A ”. La direction fait la sourde oreille et “ n’a entendu que sa commission d’harmonisation ”, mettant au second plan les syndicats, leur donnant l’impression “ de ne servir à rien ”. “ Et pourtant, nous avions des dossiers étayés sur lesquels nous avions de quoi discuter ”.
Un courrier intersyndical signé par la CGT, la CFDT et l’Unsa dénonçant le “ comportement de toute-puissance de la direction des ressources humaines ” a été envoyé au directeur général des services. Au-delà des commissions administratives paritaires, c’est la double posture que joue le conseil général que dénonce Pierre Walterspieler. “ Il y a une structure au conseil général qui impose le dialogue. Le président le dit lui-même aux moments des voeux, mais dans les faits ce n’est absolument pas le cas. L’institution s’appuie sur ses directions, sur sa commission d’harmonisation et ne se base que sur ses rapports hiérarchiques ”.
Communication interne opaqueEt des exemples où le dialogue social est inexistant, Pierre Walterspieler en a. “ Dans un centre routier, nous avons une équipe de six personnes qui n’ont jamais vu de chef, parce qu’en arrêt maladie. Un nouveau a été nommé, il a rencontré son équipe 2 fois dans l’année. Les employés ont fait leur boulot sans chef pendant un an, mais sous prétexte qu’il y avait une mauvaise ambiance, il a baissé tout le monde d’un point. Ça a pénalisé chaque agent de 200 à 250€ ”.
Les problèmes de communication sont légion. Une expertise pour évaluer les risques psychosociaux a été réalisée par un cabinet médical, en interne. Depuis 3-4 mois, la CGT bataille pour obtenir ne serait-ce qu’une copie du compte-rendu final. “ Les commissaires paritaires, qui sont investis d’une mission pour défendre la personne, ont l’impression d’être maltraités, malmenés et ne se sentent pas entendus ”, rajoute-t-il.
Néanmoins, deux heures après avoir déposé le préavis de grève, une délégation de la direction générale des services venait discuter avec lui. “ Elle a reconnu son erreur au niveau de la gestion des commissions paritaires. Mais qu’est-ce qui change dans l’immédiat ? Leur réponse : on va mettre ça en place pour la suite ”. Une réponse évasive à laquelle la CGT rétorque qu’il “ faut maintenir la pression ”.
Des grévistes estimés à 1,08% du personnelDe son côté, Martine Eap-Dupin, présidente de la commission affaires financières, générales et ressources humaines, tient à rappeler que “ la CGT est minoritaire au conseil général ” et que la CFDT, l’UNSA et la CFTC-FO ne se sont pas associées à ce mouvement, “ l’UNSA s’en est même publiquement désolidarisée ”. Selon les chiffres, le personnel gréviste est estimé à 1,08%.
Elle rappelle que le dialogue social de qualité est “ une priorité forte ” et que “ la nécessité d’améliorer les choses ” dans les commissions administratives paritaires avait déjà été identifiée. Un groupe de travail s’étant constitué l’après-midi même de la grève. Et pour répondre au manque de clarté dans les dialogues, Martine Eap-Dupin rajoute que “ la direction générale organise régulièrement des rencontres informelles avec les têtes de liste des organisations syndicales ”.
Finalement, elle regrette “ que ce mouvement s’inscrive dans un contexte électoral – les prochaines élections aux instances paritaires représentatives ont lieu à la fin de l’année – et s’éloigne de notre vision du dialogue social : le dialogue social, pour nous, il est quotidien, exigeant, apaisé, constructif ”.
Valentin Euvrard, pour le Miroir