Jeudi 17 avril 2014
Les Bourguignons inégaux face à la pauvreté
Avec un taux de
pauvreté de 13,2%, la Bourgogne est une des régions les plus préservées. Pourtant, ce ne sont pas moins de 212 000 personnes qui vivraient sous le seuil de
pauvreté dans la région. Mercredi 16 avril, l’
Insee Bourgogne a dévoilé la topologie de cette pauvreté. Elle concerne principalement les jeunes, les femmes et les familles monoparentales. Avec une surreprésentation dans le département de l’Yonne et de la Nièvre.
Si le plan quinquennal de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, lancé il y a un peu plus d’un an connaît un déploiement “globalement satisfaisant”, selon un rapport remis par François Chérèque, l’ex-leader de la CFDT, certaines mesures se font encore attendre. Le but affiché par le gouvernement est d’enrayer la hausse de la pauvreté qui s’accroit davantage parmi les chômeurs, les jeunes et les familles monoparentales. Mais à ce stade, il est encore impossible d’évaluer l’impact du plan sur le niveau de pauvreté. Et pour cause, les indicateurs ne sont connus qu’avec un délai de trois ans.
C’est donc une vision sur la période 2008-2011 qu’a présentée l’Insee Bourgogne. “Il fallait que chaque partenaire partage le même diagnostic pour adapter les politiques publiques”, note Brigitte Dempt, directrice de la Direction régionale de la jeunesse des sports et de la cohésion sociale. C’est un moyen de mieux saisir les réalités sociales des territoires bourguignons pour fédérer l’ensemble des services territoriaux”.
Et dans le détail, la situation est globalement plus positive en Bourgogne qu’au niveau national : “La Bourgogne est relativement préservée”, assure Christine Lecrenais, chef de projet à l’Insee. “13,2% de la population régionale vit sous le seuil de pauvreté alors que la moyenne nationale est de 14,3%”. Ce seuil est fixé à 977 euros pour une personne vivant seule en 2011. La Bourgogne est la septième région la plus préservée. En regardant la carte du taux de pauvreté, l’Insee établit un parallèle avec celle du taux de chômage. “Les régions Nord, Paca ou Corse sont plus touchées par le chômage comme par la pauvreté”, note la chef de projet.
La Côte-d’Or et le Grand Dijon plus épargnésSur les 212 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté, près de 50 000 perçoivent le revenu de solidarité active et 43 000 l’allocation adultes handicapés. Pour certains habitants, les prestations sociales constituent plus des trois quarts de leur revenu. Cette dépendance aux prestations est un peu plus faible en Bourgogne : elle concerne dix-neuf allocataires sur cent soit un peu moins qu’en province ou en France métropolitaine.
Mais les disparités sont aussi régionales. Avec un taux de pauvreté de 11%, la Côte-d’Or se situe parmi les dix départements les plus épargnés. “En raison de sa structure”, justifie Christine Lecrenais. “La pauvreté a augmenté de 1,2 point entre 2008 et 2011 car la crise a frappé plus tard le département, moins concerné par l’industrie”. À l’inverse, la Nièvre figure parmi les 25 départements les plus touchés avec un taux de pauvreté avoisinant les 16%.
En position intermédiaire, la Saône-et-Loire et l’Yonne affichent des taux de pauvreté proches, de l’ordre de 14 %. Mais la population icaunaise apparaît plus fragile au regard des indicateurs de la Caisse d’allocations familiales rapprochant l’Yonne de la Nièvre. Reste que la pauvreté est avant tout urbaine : ainsi, 15% des citadins sont pauvres contre 11% pour la population vivant en milieu rural. Elle est même concentrée en ville puisque 63% de la population pauvre réside en milieu urbain.
Christine Lecrenais de citer quelques exemples comme Joigny, Migennes, Auxerre, Tonnerre dans l’Yonne, mais aussi le Chatillonnais en Côte-d’Or. Car des poches de pauvreté sont aussi présentes dans les milieux ruraux comme la Bresse ou la Puisaye. “À population égale, elle est même surreprésentée”, explique Christine Lecrenais.
Seul point surprenant sur la carte : le taux très faible autour de Dijon. “Les zones périurbaines attirent des jeunes couples qui veulent une maison, un peu plus d’espace”, commente Moïse Mayo. Reste que les jeunes sont très touchés par cette pauvreté. La moitié des personnes pauvres a bien moins de trente ans. Passé 65 ans, le taux de pauvreté s’établit à 8,1%. Moins que le taux chez les jeunes de 20 à 29 ans, c’est vrai, mais en valeur absolue, c’est l’inverse. Puisque 27 400 seniors bourguignons sont durablement inscrits dans la pauvreté puisqu’ils ont dépassé l’âge d’un éventuel retour à l’emploi.
Jérémie Lorand