Mercredi 25 juin 2014
Les dirigeants d'Europe Ecologie-Les Verts et du Front de gauche se sont réunis mercredi pour la première fois. Le chemin vers une convergence semble pourtant long : en cause, des divergences stratégiques importantes.Deux affiches, l'une de la candidate écologiste Eva Joly et l'autre du co-président du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, pour la présidentielle de 2012. (Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP
Front de gauche et Verts à la même table. Le tableau est inédit. Les dirigeants de toutes les formations du Front de gauche - dont Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), Pierre Laurent (Parti communiste) et Clémentine Autain (Ensemble) - ont honoré mercredi
l’invitation lancée début juin par Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d’EE-LV.
« C’est assez cocasse, dit-on dans l’entourage de cette dernière.
Ils ont répondu à la lettre séparément, mais sont venus tous ensemble.» « Il y avait un souci de montrer un front uni », admet Clémentine Autain.
Durant plus de deux heures, cette première discussion a tourné autour des trois thèmes proposés par Emmanuelle Cosse : emploi, transition énergétique et institutions. Mais si chacun a voulu y voir les bases d’une future convergence, le chemin est encore très long qui mènera à des propositions communes, tant la divergence stratégique paraît grande.
« Mélenchon et le Parti socialiste refusent de se parler. C’est complètement stérile. L’écologie peut-être une passerelle entre les deux », veut-on croire à la direction d’EE-LV. Où l’on estime que la critique de l’austérité en soi, le résultat des élections européennes en est la preuve, n’offre aucun débouché politique.
« Il faut faire des propositions. Et l’écologie en est une, poursuit un proche d’Emmanuelle Cosse.
Elle peut dépasser tous les vieux clivages de la gauche. Et les écologistes sont en situation de faire le pont entre la majorité et l’opposition de gauche. »En sortant du gouvernement, les écolos ont clairement fait un pas sur leur gauche. Et même si la base du parti réclame une alternative, la direction veut surtout éviter d’endosser l’habit d’une opposition de gauche.
« Il n’y a rien d’infamant à inviter le Modem à discuter », confiait il y a une semaine Emmanuelle Cosse. La patronne des Verts faisait alors référence au refus exprimé par le Parti de gauche d’ouvrir le débat avec des formations acceptant la politique de rigueur menée par l’Elysée.
Sur ce point, la position des dirigeants du Parti de gauche n’a pas changé d’un iota. Ces derniers ne veulent en aucun cas s’asseoir à une table où ils devraient discuter du fond avec le parti socialiste.
« Il serait complètement artificiel de débattre de la politique du gouvernement avec les socialistes. Dans cette période troublée, nous devons être utiles et surtout éviter toute ambiguïté. On ne peut pas laisser penser qu'on débat d'un projet commun avec le PS », estime Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche, pour qui
« les Verts sont encore au milieu du gué ».« C’est une affaire de rythmes, analyse pour sa part Clémentine Autain.
A partir du moment où l’on refuse la politique soutenue par la majorité, la logique appelle à construire une majorité alternative. Les Verts n’en sont pas encore là. Mais on ne veut pas les mettre au pied du mur, on n’a besoin de s’élargir et on peut faire du chemin ensemble. »« Tout le monde est devant ses responsabilités, pointe Pierre Laurent, le secrétaire national du parti communiste.
Et personne ne veut donner de leçon à personne. » Ni en recevoir.
Rémy Dodet
