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 Et maintenant : action ! (Jean-Luc Mélenchon)

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MessageSujet: Et maintenant : action ! (Jean-Luc Mélenchon)   Et maintenant : action ! (Jean-Luc Mélenchon) EmptySam 25 Oct - 7:45

Vendredi 24 octobre 2014

Cette semaine a été finalisé l’accord des membres du comité « triple A » pour appeler à une marche nationale le 15 novembre prochain contre la politique d’austérité du gouvernement. J’ai souhaité cette marche, je m’en réjouis donc. Je sais que nous allons honorer notre signature en nous mobilisant sérieusement. J’y appelle tous ceux qui m’accordent de la confiance. Ce comité « triple A » rassemble les organisations politiques et syndicales qui avaient appelé à la marche du 12 avril. Manuel Valls avait ridiculisé le nombre des participants avec la participation active des griots médiatiques habituels. J’avais été victime d’une provocation de certains médias sous influence socialiste. Plus tôt, à l'occasion de notre marche du 1er décembre pour la Révolution fiscale, Jean Marc Ayrault avait annoncé « une remise à plat fiscale » d’heureuse mémoire. Un tel déploiement de pompiers montrait bien l’étendue du feu qui couvait. Je forme le vœu que tous les idiots utiles qui se sont précipités pour nous injurier, minimiser notre action et me flétrir après avoir encensé les bonnets rouges et leurs saccages des portiques de l’écotaxe, aient rudement payés sur leur feuille d’impôt leur servilité ! C’est tout le mal que je leur souhaite ! D’autres pourraient en tirer d’utiles conclusions : peut-être est-ce le moment de passer des paires de gifles entre PS à la présence dans la rue à cette date. Au demeurant, de nouveaux partenaires seront là si j’en crois ce qu’on m’en a dit : la gauche d’EELV et Nouvelle Donne ainsi que de nombreuses structures syndicales. On va voir aussi ce qu’il en est de la gauche du PS.

Ce post donne de l’importance à la situation qu’ouvrent les surenchères verbales au PS. Depuis les représailles disproportionnée contre la rudesse de l’épitaphe de Gérard Filoche à propos du décès du patron de Total, jusqu’aux menaces d’exclusion contre Hamon de Le Foll et Mandon. J’en étais à finir un chapitre bien dosé à propos de l’interview de Martine Aubry quand tout ce tumulte se déclencha de fil en aiguille, comme une onde de choc, après son intervention. Au moment de prendre le train du retour de Strasbourg à Paris, je découvre l’interview du Premier ministre. Je comprends qu’il s’agit d’un tournant majeur. Une tendance lourde à l’œuvre dans la mutation du PS français est en train de cristalliser. Ceux qui réagissent à présent le font sans doute trop tard. Ils devront se soumettre ou se démettre car celui qui a volé les clefs du camion ne les rendra pas. A l’arrivée du train, j’apprends que le premier secrétaire du PS lance un appel au cessez le feu. Son discours glacial résonne comme la lecture d’une épitaphe.

J’écris donc sur le sujet. On m’a assez reproché de ne pas m’intéresser assez à ce qui se passe au PS. Mais je dois dire que la pièce me semble à ce point jouée que j’ai parfois du mal à commenter des épisodes dont je connais d’avance le dénouement. Cette fois ci pourtant l’entrée en scène de Martine Aubry déstabilisant en une seule interview tout l’attelage laborieusement reconstitué par Manuel Valls, puis la réplique de ce dernier à un tel niveau de violence symbolique met à l’ordre du jour le début d’une dislocation longtemps prévue. J’ai beau savoir qu’on a toujours tort d’avoir raison trop tôt, je ne peux me départir de cette sorte d’ébullition qu’un intellectuel rencontre quand les faits confirment au cheveu près ses pronostics.

Puis je parle des progrès du mouvement sixième République et d’une journée de votation citoyenne pour le référendum révocatoire.

La Commission européenne de malheur !

Elire ou pas la nouvelle commission européenne présidée par Jean Claude Junker, c’était le sujet essentiel de cette session. Pas banal. Car c’était tout de même un coup de force contre le Parlement qui se jouait. Celui-ci fit bonne figure et vota tout ce qu’on lui demanda sans broncher. Il avait pourtant exprimé ses doutes à propos de 6 des 28 candidats commissaires. Il avait demandé un rattrapage pour 4 d'entre eux ! Comme c’était mignon ! Juncker est passé en force : tout le monde ou rien ! Les lâches qui tortillaient la veille la bouche pleine de leur prétendu « pouvoir du Parlement » se mirent à genoux au premier coup de fouet. Et pourtant, l’impayable Martin Schulz avait fait les gros yeux. « A l’issue des auditions, les commissions parlementaires compétentes avaient conclu que trois commissaires devaient fournir davantage d’informations afin de finaliser leur évaluation » avait-il tempêté ! Voyons cela pour mémoire.

Le Britannique Jonathan Hill, commissaire désigné à la stabilité financière, aux services financiers et à l'union des marchés de capitaux a refusé de s'engager sur un calendrier précis en vue de mettre en place l'union bancaire, le système unique de garantie des dépôts. Il n'a pas essayé non plus de calmer les inquiétudes sur le fait que c'était un candidat d'un pays non membre de la zone euro qui était en charge de la mise en œuvre de l'union bancaire. En effet, même si le projet est ouvert à tous les États membres, seuls les pays de la zone euro participent au projet jusqu'à ce jour. Comment un tel homme avec de telles idées peut-il être là ? Son parcours professionnel répond. Il a été lobbyiste et a fondé sa propre agence de conseils. Bingo ! Ses anciens collègues vont adorer ! Il a répondu qu'il s'était séparé des parts qu'il détenait au sein de son ancienne entreprise, et ce, « moins d'une journée après » sa nomination. Rassurant, non ?

Mieux connu est le cas déplorable de l’espagnol Miguel Arias Canete au poste de commissaire à l'énergie et à l'action climatique. Il est surtout connu pour avoir réduit les subventions aux énergies renouvelables dans son pays et pour être un ancien dirigeant de compagnies pétrolières, aux Canaries, aujourd'hui dirigées par ses fils et dont il est toujours actionnaire. Il a même osé un changement de dernière minute dans ses déclarations d'intérêt financier. Amnistié ! Les mêmes qui le critiquaient vertement ont voté pour lui.

Le Hongrois Tibor Navracsics, candidat pour le poste de commissaire à l'Éducation, à la culture, à la jeunesse et à la citoyenneté, semblait également mal parti. Rappelons que c'est un proche de Viktor Orban, dont le gouvernement promeut ouvertement des politiques discriminatoires envers les Roms et laisse prospérer un antisémitisme de type nazi. Tout est pardonné.

Elu en même temps que Moscovici, son nouveau collègue. Lequel s’est vu adjuger le portefeuille des affaires économiques et financières. Ouf, car tous nos « amis » européens s’étaient déchainés contre lui et contre la France dans des termes souvent inadmissibles ! Il fut tout bonnement accusé d'être un cheval de Troie envoyé par Paris, dont la mission serait de permettre à son pays de laisser filer son déficit sans avoir à subir de sanctions. Vive l’amitié entre les peuples européens ! Triste camouflet pour la France : Pierre Moscovici devra en référer à deux vice-présidents. D’abord le Finlandais Jyrki Katainen, en charge de la croissance et de la compétitivité. Bien connu pour être le chantre de l'orthodoxie budgétaire. Pour ses exploits en la matière, il a été nommé en 2008 « meilleur ministre des Finances d'Europe » par le Financial Times. Autre surveillant du Français, le Letton Valdis Dombrovskis, en charge de la gestion de l'euro et du dialogue social. Une mauvaise farce. Ce dogmatique féroce a imposé à son pays une cure d'austérité pire que celle infligée à la Grèce. Il a laissé son pays dans une profonde récession dont il n’est pas sorti. Désastre assuré. La Commission « de la dernière chance » comme a dit Junker est vouée à faire le malheur du continent.

Le PS exclura-t-il d'être socialiste ?

En tous cas il est entré en zone de grande turbulence. Sa dislocation semble en vue. On peut même se demander si la lutte pour la possession des murs, biens et sigle n’est pas commencée. Sans revenir à la longue analyse de mon livre « Enquête de gauche », paru en 2007, ou au papier écrit pour « Regard » il y a peu, je dois cependant pointer une nouvelle fois combien le fait que tous les partis sociaux-démocrates aient suivi la même pente vers un libéralisme économique bien assumé n’a pas été une aventure opportuniste mais une mutation de fond, contrainte par les évènements. Quelque chose d’aussi fracassant que l’avait été la chute du mur de Berlin pour l’ancien communisme d’État.

Ce qui doit être compris alors, c’est qu’il y a un lien constant entre le programme, la stratégie et la forme du parti. Cette intime liaison des faces de la réalité d’un courant politique de gauche est spécialement forte en France. Nous sommes le pays d’un socialisme démocratique unique en Europe par son Histoire et son système d’alliances électorales « rouge-rose-vert » jusqu’à la grande liquidation commencée par François Hollande dès la fin du gouvernement Jospin. On ne fait pas la même chose avec les uns ou avec les autres. On ne le fait pas avec le même type d’organisation. Faire le programme de Valls-Macron est incompatible avec une alliance de gauche, incompatible avec un parti où dominent les références et les habitudes même les plus bureaucratiques avec le monde des mutuelles, des syndicats et ainsi de suite. Le propos actuel d’un Manuel Valls est celui d’un liquidateur cohérent en tous points, qui cherche à mettre en harmonie les trois entrées de son action politique : programme, alliance, parti. Le changement du programme politique, au sens large du terme, est fait depuis que Hollande a adopté publiquement sans une protestation du PS, et sans coup férir, la politique de l’offre. Depuis ce moment la voie était libre pour la suite. Le complot qui a permis la prise de pouvoir de Valls n’était pas possible, d’une certaine façon, si cette partie du travail n’avait pas été faite. La suite de cette pente c’est le changement d’alliance et la liquidation du vieux parti.

Ce qui serait un changement d’alliance en France est quasiment la norme en Europe. On l’a dit pendant la campagne européenne. Une majorité de gouvernement en Europe est cogérée par la droite et le PS. La grande coalition est le destin promis de tous les partis sociaux-démocrates dans le contexte de la politique austéritaire dont la Commission Européenne est l’instrument. Pas étonnant que tous les sociaux-démocrates aient voté pour la Commission Junker. Et comme il est significatif que cette fois-ci seuls les élus de la gauche du PS français aient voté contre tandis que tous les autres votaient pour… Dans l’interview de Manuel Valls au Nouvel Observateur, son regret n’est pas d’avoir refusé de tendre la main au Front de Gauche, mais à Bayrou. Tel quel. C’est cette alliance qui est visée aujourd’hui. Mais sous une forme plus large que dans le passé. Valls sait que le retour de Sarkozy et la pression du lepénisme peuvent faire éclater le bloc actuel de l’UMP sous férule Sarkozyste. Il avance ses pions pour la grande coalition. Je crois que Hollande vise la même chose. La dissolution aiderait considérablement à cette manœuvre, surtout assortie à une dose de proportionnelle. De cela il est question de tous côtés dans Paris. C’est pourquoi j’en reste là pour aujourd’hui.

Car j’ajoute que je n’ai plus de goût à fouiller cette tambouille dont les déroulements me sont si bien connus pour avoir observé et analysé leur mise en place dans toute l’Europe et en Amérique latine dans la décennie qui vient de s’écouler. De cette effroyable catastrophe qu’est la liquidation de la gauche par ses gestionnaires, je vois la responsabilité des maîtres d’œuvre qui sont au pouvoir. « La maison commune des progressistes » à la sauce Valls, c’est le parti de Renzi en Italie. Je vois l’enchaînement des lâchetés et petits calculs personnels qui l’ont rendue possible depuis la gauche du parti. Mais j’accepte aussi notre part de responsabilité. Plus nombreux, plus clairement visibles, mieux élus, nous serions le point d’amarrage de tous les réfugiés politiques du moment. L’horizon est au contraire saturé par le pullulement des groupuscules socialistes, leur compétition d’égo, leur surenchère verbale et leurs capitulations concrètes. Le cordon sanitaire qu’ils ont tracé autour de moi, à l’exception notoire des socialistes affligés de Liêm Hoang Ngoc, est un marqueur commun qui en dit long. Tous seront bientôt entraînés dans le néant que leur promet leur pusillanimité. Valls n’en fera qu’une bouchée.

Pour autant, je crois qu’il faut maintenir la pression sur eux et notamment leur proposer sans cesse et sans sectarisme de se joindre à nous dans l’action comme celle de la manifestation du 15 novembre. Nous devons compter sur nous-mêmes et sur l’initiative populaire. Les agitations internes du PS sont sans écho dans la société, sinon de fâcher tout le monde à la fois. Ils ne fournissent aucun point d’appui à qui que ce soit. Cependant, je ne méprise pas leur contribution à la recomposition politique dans l’espace qu’ils laissent béant. Je le dis en raison de l’intervention de Martine Aubry.

Aubry : coup au but !

C'est elle l’évènement. Elle déclenche par sa seule parole une cascade de remises en cause qui bouleverse le paysage du PS. Ni la femme politique qu’elle est, ni le contenu de ce qu’elle dit, ni l’ancrage historique, ni la portée de ce qu’elle fait n’est de même nature que le petit potage des « gauches » du PS préparant au Boucau, à Méréville où ailleurs à travers des grandes phrases les bons arrangements pour les prochaines élections, le petit bout de pain pour finir le petit bout de fromage des cantonales et le petit bout de fromage pour terminer le petit bout de pain des régionales. J’ai regardé de près, et apprécié de même, ce que je lisais d’elle dans le JDD. Sans l’exaspération que m’inspirent les autres, ceux de qui j’attendais tant autrefois et qui ont manqué tous les coches alors même que la justesse et la valeur du raisonnement qui m’a conduit à quitter à temps le PS est à présent confirmée en tous points. Je présente à présent loyalement ce que je crois être quelques aspects essentiels du débat que pose ce que dit Martine Aubry. Si les socialistes peuvent se réorganiser sur un axe socialiste, ce sera bon. Mais ne comptons pas dessus. Comptons sur nous, sur l’action.

Martine Aubry a parlé. C’était dans le Journal du Dimanche. Sa parole aussitôt libérée de nombreux secteurs du PS. Grâce à sa mise en garde, le nombre des refus de vote pour le budget de Manuel Valls a pu battre un record. Une situation inouïe dans une démocratie parlementaire est ainsi créée : la première partie du budget, celle des recettes de l’État est adoptée sans majorité absolue à la chambre des députés. C’est pourquoi la prise de position de Martine Aubry doit être examinée avec sérieux, compte tenu de son impact et de son potentiel. Certes, il faut rester sans illusion devant un parti qui est devenu extrêmement politicien jusque dans ses comportements internes. On a bien noté que le principal lieutenant de Martine Aubry, l’ancien ministre François Lamy, a voté le budget qu’elle dénonçait. Mais il ne faut pas pour autant passer à la suite sans examiner avec soin ce qui est dit à chaque étape.

D’autant que Martine Aubry, au moins dans la forme, nous donne raison sur plusieurs points et non des moindres. Je propose de le vérifier, et de l’acter, en comparant les déclarations sur les sujets essentiels. De mon côté j’avais dit : « La politique d’austérité de François Hollande a créé une spirale dépressive, un cercle vicieux qui fait que plus l’activité ralentit, plus le déficit naturellement se creuse puisque les entrées fiscales ne sont pas suffisantes (…) il est responsable de l’anémie et d’une poussée du chômage ». Dès lors je suis en écho quand j’entends Martine Aubry affirmer que la politique d’austérité aggrave la crise au lieu de la résorber: « La politique menée depuis deux ans, en France comme presque partout ailleurs en Europe, s’est faite au détriment de la croissance. Les efforts fiscaux et les économies réalisées sur les budgets publics ont engendré des pertes de recettes liées à la moindre croissance qu'ils ont provoquée. Les déficits ne se sont pas résorbés et le chômage augmente ».

Nos propos sont interchangeables. Martine Aubry gronde contre le pacte de responsabilité. « Le Medef n'a pas négocié les contreparties promises ; dès lors, plus de la moitié de ces moyens ne vont pas aux entreprises qui en ont besoin, se perdent dans les dividendes et les hautes rémunérations ». J’avais dit : « Gattaz sait qu’il a gagné la partie. C’est pourquoi il franchi une étape supplémentaire. Non seulement il ne s’engage sur rien “en contrepartie” mais, au contraire, il autorise la distribution du cadeau directement aux actionnaires eux-mêmes. ».

Comme moi, Martine Aubry clame que la politique de l’offre n’est pas de nature à relancer l’activité. Lisez : « face aux entreprises, il faut une demande, celle des clients et des collectivités locales. En France, 50% des entreprises disent aujourd'hui faire face d'abord à des problèmes de demande ». C’est ce que je répète depuis des mois en insistant sur le besoin d’une relance de l’activité par la consommation populaire et par l’investissement public. Martine Aubry valide ainsi ce que j’avais publié sur ce blog !

Comme moi, Martine Aubry dénonce l’archaïsme de la politique libérale du gouvernement. Elle tonne: « Il faut en finir avec les vieilles recettes libérales. Ne perdons pas notre temps dans des débats du passé sans cesse remis sur la table par le Medef : le repos dominical, c'était il y a un siècle, l'assurance chômage, soixante ans, les lois Auroux et les seuils sociaux, trente ans, les 35 heures, seize ans. Les remettre en question aujourd'hui, ne nous leurrons pas, ne créera pas d'emplois. Va-t-on passer le XXIème siècle à défaire ce que l'on a fait au XXème ? ». Sur RTL, dès le 15 janvier dernier j’avais expliqué: « Nous avons eu la stupeur d’entendre le président de la République dire des choses qui sont des propos économiques de droite comme “c’est l’offre qui crée la demande”. Nous l’avons entendu parler de “charges sociales” là où autrefois nous parlions de “cotisations”. C’est tout le vocabulaire de la droite, c’est tout le point de vue des néolibéraux que François Hollande a repris. Il est sur une théorie économique qui est usée, qui appartient au passé ».

Après moi, Martine Aubry exige une grande réforme fiscale. Elle déclare ce dimanche qu’une telle réforme est « plus que jamais nécessaire pour réconcilier les Français avec l’impôt ». C’est exactement ce que je disais il y a un an quand nous appelions à une marche pour la Révolution fiscale le 1er décembre 2013. Que ne nous a-t-elle aidés alors !

De façon plus surprenante, Martine Aubry dénonce aussi Blair et Schröder. Lisez plutôt : « Il serait assez curieux, avec la crise, de s'amouracher à contretemps d'illusions des années 1980-1990, qui démoralisent notre pays. Il est temps d'ouvrir les yeux sur une réalité nouvelle : ce modèle n'existe plus. Il a été balayé par la crise. Tony Blair et Gerhard Schröder ont essayé. La mise en concurrence des salariés et des modèles sociaux de par le monde, l'impossible ambition sociale, l'abdication sur le front du plein-emploi font sans doute un choix de société, mais ce n'est pas le mien ». Je dis que c’est plus surprenant dans la mesure où elle avait rédigé la préface du programme de Blair lors de sa traduction en français. Mais cela ne fait que rajouter à la valeur de sa remise en cause de ce « modèle ».

Martine Aubry valide donc notre point de vue sur les axes essentiels de la critique du moment actuel. Tant mieux ! Cela ne signifie pas que nous soyons pour autant en phase sur la vision d’ensemble. C’est bien normal. A mon sens, elle reste enfermée dans les vieux schémas. Valls a bien senti cette faiblesse quand il dénonce l’archaïsme des critiques qu’elle lui a adressé même si, à l’évidence, sa remarque ne vise pas le même objet que nous. Martine Aubry propose ainsi de construire « une nouvelle social-démocratie ». C’est le retour du vieux logiciel social-démocrate où la croissance est une fin en soi où l’on se propose de « partager les fruits de la croissance » pour corriger les inégalités. Erreur stratégique car si le capital accumulé n’est pas mis en cause, il garde toute sa puissance d’action pour empêcher la redistribution correctrice. Surtout à l’âge du capitalisme financier transnational. Erreur de fond car ce modèle suppose la possibilité d’une croissance sans fin, donc de ressources infinies. Dans les trois pages d’interviews, elle n’a pas un mot sur la catastrophe écologique. Tous les travaux théoriques sur l’écosocialisme ne l’ont pas atteint. Croire qu’il est encore possible de faire vivre un programme social-démocrate dans le monde d’aujourd’hui, c’est se condamner à de sévères désillusions. Et à manquer de répondre aux urgences réelles de notre époque.

Martine Aubry se contente pour l’essentiel de rappeler le projet qu’elle portait à la primaire du PS en 2011 : « je défends l'idée d'une société bienveillante, attentive à chacun, mais demande à chacun d'être attentif aux autres et de respecter les règles. C'est ce qu'on appelle “ le care, le share et le dare ” : le lien social renouvelé, le partage et le goût du commun comme alternative aux simplismes du marché, l'audace et l'imagination pour oser produire du progrès face au déclin ». Soit. Mais il reste à dire comment et par quelles mesures ces ruptures culturelles sont possibles, à supposer qu’elles soient souhaitables dans cette forme. Je dis franchement que je ne crois pas à cette définition du modèle de société à construire. L’essentiel n’est pas comportemental. La sauvagerie de la compétition généralisée est le cœur de la dégradation des relations humaines. Mais au-delà, pour moi, la société à inventer est d’abord celle de la sobriété énergétique, du zéro déchets, de la règle verte, du personnalisme républicain et de la vertu. Ce serait un magnifique débat à organiser.

Politiquement, tout serait plus clair si Martine Aubry allait au bout de son propos.  Ainsi, elle ne dit pas un mot sur les votes qui doivent intervenir au Parlement sur le budget de l’État ou de la Sécurité sociale dans les semaines qui viennent. Qu’en pense-t-elle ? Ce mardi, les frondeurs se sont à nouveau abstenus sur la première partie du budget de l’État. Or, en s’abstenant, ils laissent Valls gouverner. Comment concilier l’idée qu’une politique est mauvaise, si mauvaise qu’un proche historique d’Aubry comme Hamon a pu parler de « mise en danger de la démocratie », et laisser cette politique s’appliquer ? De qui un député l’est-il ? Du peuple et de l’intérêt général ou de son parti. Des deux ? Soit. Mais quand il y a conflit en conscience entre ces deux appartenances, la morale civique, le « le care », le « share » et le « dare » si j’ose le dire pour plaisanter sans méchanceté, ne commandent-ils pas d’écouter la voix de sa conviction intime ?  

Je crois que l’angle mort de la critique de Martine Aubry est le refus de s’opposer aux commandements européens qui sont à l’origine de la politique de Valls. Elle soutient même François Hollande sur ce point. Elle affirme sans rire que « le président de la République défend au niveau européen la nécessité » de « réguler la mondialisation ». Sérieusement : le croit-elle réellement ? Martine Aubry sait bien que François Hollande a accepté le principe d’une déréglementation encore plus grande avec le projet de Grand marché transatlantique ! Pourquoi ne dit-elle rien sur la politique d’austérité contenue dans les textes approuvés par François Hollande comme le traité budgétaire ?

Au chapitre de la critique de ses propos, je veux pointer un autre désaccord important avec elle. Ainsi quand elle propose de garantir la moitié des cadeaux aux actionnaires décidés par François Hollande. C’est-à-dire de leur laisser 20 milliards d’euros chaque année. Pourquoi ce cadeau ? Enfin, je m’interroge sur la timidité de la démarche sur une question aussi essentielle que le changement de Constitution. C’est elle qui évoque une « nouvelle république ». Dès lors pourquoi ne dire ni comment ni contre quoi ? Sa contribution aux Etats-généraux du PS évoque bien « un nouvel âge démocratique fondé sur de nouvelles institutions ». La prochaine République doit rééquilibrer les pouvoirs de l’exécutif et du législatif, conforter encore l’indépendance de la justice, inventer de nouvelles voies d’implication des citoyens, et garantir la pérennité des services publics et de régimes sociaux, et la protection de l’environnement ». Là encore, elle parle avec nos mots. Mais, comme la contribution des « frondeurs », elle ne parle pas de passer à la 6e République ! Ni comment organiser un bouleversement de cette importance. Pour quelqu’un qui est seulement « candidate au débat d’idées », c’est une timidité incompréhensible. Pourquoi n’ose-t-elle pas ?

Au total, son aide argumentaire contre la politique du gouvernement ne doit pas être sous-estimée. Elle est la bienvenue. On y sent le haut-le-cœur que soulève la politique au pouvoir dans les rangs du socialisme traditionnel de la région nordiste qui en a été le berceau. De toute évidence, il ne peut être question de faire dire à Martine Aubry ce qu’elle ne veut pas dire. Donc, pour mener la bataille à venir, nous ne pouvons encore compter que sur nous-mêmes. Mais je crois que c’est une situation provisoire. Une lourde déflagration semble mûrir dans le gouffre solférinien où se sont accumulés des gaz très inflammables.

m6r.fr, déjà plus de 56 000 signatures

Nous avons maintenant bien dépassé les cinquante-six mille signatures. La progression est confirmée. Je m’amuse et me réjouis de voir que la méthode prévue fonctionne. La force de la mobilisation se confirme par le fait qu’elle est d’initiative informe et large venant de tous côtés par les signataires eux-mêmes. Ni les aigreurs, ni les jalousies, ni les perfidies médiatiques n’y ont rien fait. La sortie de Valls contre notre idée, le ralliement de Le Pen à la cinquième République devraient encore nous aider à décongeler les frileux et à faire conclure ceux qui réfléchissent encore. Le mouvement part des bases dans le pays. Le plan de marche semble bien fonctionner car nombreux sont ceux qui ont mis la main à la pâte. Ils ont élargi le cercle des signataires, notamment grâce aux nouveaux outils mis en ligne pour contacter ses propres contacts mails. Je crois que quelques émissions où j’ai parlé du site ont aidé aussi à avancer. Vous seriez stupéfait de voir sur le graphique la courbe des signatures augmenter à chaque fois que le mot « M6R.FR » est prononcé sur un média.

A présent, nous sommes passés à la phase des initiatives pour faire connaitre sur le terrain l’idée de sixième République et de cette façon travailler à la rendre majoritaire dans les esprits. J’avais raconté le travail des amis à la Réunion qui ont peint au pochoir (et peinture à l’eau) le sigle du site M6R.FR. On a vu des amis répandre sur la toile des idées d’affiches d’appel à signer. Je vais évoquer à présent des initiatives que prennent mes amis du Parti de Gauche. Je veux d’ailleurs commencer par les remercier. Car pour eux c’est une situation un peu inconfortable. On leur demande à la fois de se mettre en mouvement mais sans s’approprier le mouvement. Je sais que beaucoup ont peur de faire une erreur et balancent entre leur envie d’agir et les précautions à prendre. Je donne un exemple ici qui m’a été transmis par mes camarades du 13ème arrondissement dans Paris.

« Libérer la parole et les énergies, tel est le cœur du projet de la 6ème République afin que chacun s'empare de la vie publique ». Dans cet esprit, nos amis ont décidé d'aller à la rencontre des habitant-e-s du 13ème pour leur demander : « Si vous aviez le pouvoir, qu'est-ce que vous feriez ? » Partir du quotidien pour proposer des réformes concrètes, des réformes utiles : personne n'est mieux placé que nous-mêmes pour savoir ce qui est bon pour nous. Définir ce qu’on ferait au pouvoir, c’est dire quels droits sont en jeux. Une fois par semaine, ces militants vont à la rencontre des habitants chez eux, discutent, échangent et partagent. « Au fil des discussions, dit leur compte rendu, les propositions s'affinent, s'affutent. Elles sont finalement posées sur le papier pour devenir des affiches ». Celles-ci sont ensuite collées dans la bonne humeur et l’humour. Parlant des gens qui se croisent sans se connaître ni se parler, mes amis expliquent : « Si nous partageons nos idées, nous sortons de l'isolement, nous sommes en mesures de décider de ce que nous voulons pour nous-mêmes ». Ce travail se donne une ligne d’horizon. « Toutes ces rencontres et échanges déboucheront sur une fête dans le 13ème arrondissement le samedi 6 décembre. Rien n'est plus subversif que des hommes et des femmes qui échangent joyeusement pour imaginer un monde plus juste ».

Il me semble que c’est là le travail dont j’entends souvent parler par toutes sortes de gens mais que je vois rarement se mettre en œuvre. Disons les choses comme elles sont : ce sont des militants organisés qui peuvent mener ce travail d’éducation populaire. Mais ils n’éprouvent pas pour le faire le besoin de tout ramener à leur parti. D’ailleurs pensons-y : qu’est-ce que le Parti ? C’est son programme, ses objectifs. Il n’y a donc aucune contradiction dans le fait de faire avancer une idée sans lui mettre une étiquette de propriétaire.

Votation pour le référendum révocatoire

Pendant le long week-end des 8, 9, 10 et 11 novembre, le Parti de gauche a décidé une action commune pour faire vivre une idée qui compte beaucoup pour lui (et pour moi aussi comme vous le savez) : le référendum révocatoire.

Je le félicite pour l’action imaginée. Elle prend une forme très pédagogique puisque qu’il s’agit d’installer des tables dans la rue avec une urne pour voter sur le thème. Nous sommes convenus qu’il y aura aussi distinctement des feuilles de signatures pour le M6R.FR qui seront ensuite centralisées dans le pot commun des signatures directes en ligne. Tout le monde peut commander une urne (elle coûte 11 euros) et faire le travail s’il le souhaite avec des amis ou même tout seul pour les plus audacieux. Je reviendrai s’il le faut sur cette initiative et sur d’autres dont je suis saisi à mesure.

J’en reste là pour cette fois-ci. Mon idée était à cette occasion de débrider les énergies qui se contenaient. Avancez ! N’attendez pas les consignes. La créativité et l’initiative de chacun a toujours été notre plus grande force. Qu’il en soit de même à présent.
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