A la veille du 11e samedi de grève dans les transports en commun du Grand Dijon, Frédéric Pissot, délégué CGT de Divia, explique pour infos-dijon.com les raisons du conflit entre les salariés et la direction. Interview.
Ce sera le 11e samedi de grève consécutif au sein de la société Kéolis, gestionnaire du réseau de tramway et de bus Divia. Pour la première foi, sollicité par infos-dijon.com, Frédéric Pissot, délégué CGT explique pourquoi son syndicat, ainsi que FO font grève tous les samedis. Pour mémoire, seule la CFDT ne participe pas à ses grèves.
Infos-dijon.com : Quelles sont les origines de ce conflit entre vous et la direction de Divia ?Frédéric PISSOT : « Cela fait suite au lancement de la ligne T2 le 8 décembre dernier. Dans la foulée, la direction a mis en place une nouvelle organisation du travail dans l’entreprise, qui a modifié les conditions de travail ».
Donc concrètement, qu’est-ce-qui a changé pour les salariés ?« Cela a conduit à une répartition différente du travail le samedi. Avant 50% de l’équipe de Divia travaillait le matin et 50% l’après-midi. Aujourd’hui, cette organisation est passée à 1/3 le matin et 2/3 l’après-midi. L’amplitude de travail a changé également, puisque nous travaillons plus tard ».
Donc que demandez-vous ?« Nous avons subi une dégradation des conditions de travail, donc nous demandons une reconnaissance des efforts fournis par les salariés. Notre proposition, pour les samedis, c’est une compensation sur un compte épargne/temps, sur le principe de la reconnaissance ».
Ca n’est pas le cas à l’heure actuelle selon vous ?« Oui. Car selon un rapport d’expertise déclenché par le comité d’entreprise, réalisé par un cabinet indépendant, Kéolis Dijon a fait remonter au siège, Kéolis SA, entre 1 et 1,5 millions d’euros sur 2011. Que Kéolis a préféré redistribuer à ses actionnaires qui sont notamment un fond de pension québécois, une filiale privée de la SNCF et l’assureur AXA.
Cet argent n’a pas été à destination des travailleurs. Nous demandons donc plus de justice dans la répartition de ces bénéfices et que l’on récompense nos efforts depuis le 8 décembre ».
Et en ce moment, ça « coince »… ?« La direction reste campée sur ses positions. Son objectif est toujours de faire remonter cet argent. Du coup, nous à la CGT, nous essayons de changer leur stratégie économiques, en s’insérant dedans. Mais c’est aussi le Grand Dijon qui fait ce choix pour Kéolis, puisque c’est lui qui a mis en place ce système de délégation de service public (DSP) ».
«Mobilisation toujours aussi forte au bout de 5 mois»
La CFDT préfère ne pas faire grève. Qu’en pensez-vous ?« Ils ont fait un choix différent. Nous, nous estimons que ce combat est légitime. Pas eux. Ils n’ont pas voulu porter avec nous l’effort d’une mobilisation, qui, je le rappelle, est toujours aussi forte après 5 mois de conflit ».
Kéolis serait en train de réfléchir à recruter des chauffeurs, pour remplacer les grévistes le samedi…. (lire notre article)?« Ca n’est pas fait. Mais effectivement, la direction est en train de travailler sur des temps partiels, pour casser le mouvement et surtout, ne pas répondre aux revendications de plus de 50% des salariés de l’entreprise ! ».
Un lien a été fait entre une affaire récente « d’agression » de chauffeur dans un bus, le samedi, en lien avec le mouvement de grève… ?« Cela n’a rien à voir. La vérité, c’est qu’une personne a voulu monter dans un bus arrêté à un feu rouge. Le conducteur a refusé, en appliquant tout bêtement le règlement. Ce qui a énervé la personne. Donc, ce serait mentir aux gens que de laisser penser que cette affaire est liée à la grève. Ceux qui colportent cette version le font uniquement pour « casser » le mouvement de grève…. ».
Où en êtes-vous avec la direction, au moment où nous parlons ?« La CGT a rencontré la direction ce jeudi 25 juillet, à 17h, pour évoquer les dernières propositions du syndicat CGT. Nous avons la volonté de sortir de ce conflit. Maintenant, la balle est dans leur camp. Mais la direction reste toujours attachée à faire remonter de l’argent au groupe Kéolis. De ce fait, nous sommes toujours en attente de réponse. Et la porte n’est pas fermée… ».
«Le Grand Dijon nous renvoie vers Kéolis»
Donc ce mouvement va continuer ?« Nous, les salariés, nous sommes motivés. Et avec ce conflit qui dure tout de même depuis 5 mois, nous n’allons pas nous arrêter du jour au lendemain ».
Avez-vous également des échanges avec le Grand Dijon et son président, François Rebsamen ?« Nous sommes prêts à le rencontrer. Mais le Grand Dijon nous renvoie vers le délégataire, Kéolis ».
Plus globalement, des aménagements ont été faits, notamment à Chenôve et Talant, sur les lignes de bus. Qu’en pensez-vous ?« Nous avons été sollicités là-dessus, par exemple par un collectif d’habitant de Chenôve. On voit bien que le principe des lignes de rabattements exclu des quartiers. Mais les habitants ont su se mobiliser ».
Bruno Lédion
