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 L’humanitaire du bas de la rue (Le Miroir)

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L’humanitaire du bas de la rue (Le Miroir) Empty
MessageSujet: L’humanitaire du bas de la rue (Le Miroir)   L’humanitaire du bas de la rue (Le Miroir) EmptyVen 6 Déc - 12:53

Le moteur du camion de la maraude ne tourne pas, les portes sont ouvertes, il fait frais à l’intérieur, mais le café brûle les lèvres. La Croix Rouge offre depuis près de quinze ans un peu de répit à l’univers impitoyable de la rue, chaque soir, sur la place Grangier, lorsque les températures descendent dangereusement et menacent la vie des silhouettes vagabondes.

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À l’intérieur, un homme grand, le cheveu hirsute et blanc, s’emploie à faire sourire son entourage. Il réchauffe ses doigts anguleux d’une main sur un verre de soupe chaude, les serre de l’autre sur un sandwich. Édenté, il rejoint bientôt le second camion de la Société dijonnaise d’assistance par le travail (Sdat). Celui-ci assume sa toute première année de mission “Du sourire à l’œil”, pour une consultation dentaire et ophtalmique nomade.

Une nouveauté

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Photo Jonas Jacquel

“ Ouvrir la bouche, y’a pas plus intime ”

Il est le troisième patient de la soirée, l’homme s’engouffre dans le camion chauffé et s’installe sur le siège médical. Il fait face à une infirmière de l’hôpital psychiatrique, deux stagiaires et la dentiste, toutes sont bénévoles. Depuis 20h30, elles ont vu défiler déjà deux patients, il est 21h20.

“ Ouvrir la bouche, y’a pas plus intime ”, appuie Aline, 49 ans, dont 25 comme éducatrice spécialisée. Si elle est postée là fermement ce soir par moins 5 degrés, c’est parce qu’elle est persuadée qu’elle peut donner un coup de main. Et puis hors institution, elle ne connaissait pas le métier, ni de nuit, entre convivialité et usure : “C’est une ambiance différente, les gens ne sont pas les mêmes après une journée de galère”.

Et ce qu’ils viennent chercher ici, c’est un peu de lien social. Bernard Blettery, le président de la Sdat et professionnel de la réinsertion, l’a bien compris.

Les Français à la rue sont comme des étrangers

“ Les problèmes financiers, ont peut y faire face. En revanche, pour ceux qui ont perdu tout sens des relations sociales, c’est dramatique. Ceux qui ne sont pas capables de trouver quelqu’un à proximité pour les aider dans un problème quelconque, ce sont les personnes les plus malheureuses qui puissent exister. ”

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Photo Jonas Jacquel

Complètement écartées de la société, elles oublient même les gestes les plus banals. “On leur montre comment on se brosse les dents. Parfois, ils ne l’ont jamais fait. Les Français à la rue sont comme des étrangers sauf qu’ils arrivent à s’exprimer avec un vocabulaire guère plus riche que celui du sans-papier qui est là depuis 6 mois. Ce sont des gens très très très dégradés”, insiste le président de la Sdat.

Voilà pourquoi pour les soigner il est inutile d’attendre de les voir consulter dans un dispensaire.

Les dents, les yeux et l’entretien d’embauche

“ Ces gens ne viennent pas aux rendez-vous, ils ont une notion du temps toute relative ”, constate Bernard Blettery. La Sdat dispose d’une antenne médicale (10 bis rue du Docteur Laguesse à Dijon,) qui propose tous les types de soins pour ces personnes à la rue. Au bout de quelques années de fonctionnement de cette structure, le personnel s’est aperçu que les principaux soucis concernaient l’optique et les soins dentaires.

Or ce sont deux priorités pour une bonne réinsertion.

“ Ce n’est pas un luxe de se faire soigner les dents, d’abord parce que ça fait mal, ensuite parce que c’est une source d’infections (abcès dentaire) qui peut donner des greffes infectieuses au niveau du cœur, des valvules, ça donne des gens qui deviennent insuffisants cardiaques. Une mauvaise dentition gêne en outre la mastication chez des gens qui ont déjà du mal à trouver leur nourriture. ”

Concernant la vue, “ le but de la Sdat est de réinsérer les personnes, or elles ont besoin de remplir des papiers administratifs, de répondre à des embauches, s’ils n’ont pas une bonne vision, ils sont complètement perdus, ils sont incapables de lire les convocations qu’on leur envoie ”, complète l’ancien chef des urgences du Bocage de Dijon.

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Photo Jonas Jacquel

Médecine et exotisme

Parfois des sans-papiers viennent, mais visiblement, ce n’est pas du tout le même public. “ La différence entre ces deux publics, c’est que les premiers refusent de manière plus ou moins consciente la société alors que pour les seconds, c’est la société qui les refuse ”, précise Thierry Guillochon, directeur général de la Sdat. “ Modifiez les lois qui refusent les étrangers et ils ne traîneront plus dans les rues. Il y en a même à Dijon qui sont de très bon niveau : prof de fac, pharmacien, dentiste. ”

Bernard Blettery précise : “ Leur prise en charge est très différente, même si en pratique, ils se présentent comme les autres, parce que quand vous avez passé des mois à courir après un endroit pour se tenir au chaud et trouver de quoi manger, vous prenez vite un aspect un peu repoussant qui ressemble aux autres. ”

Avant de faire remarquer :” Quand je raconte que je suis allé faire de l’humanitaire au Burkina, ça intéresse les gens. Quand je leur dis que je suis allé faire deux heures de maraude à Dijon, ça n’intéresse plus personne. Ça fait pas rêver. Mais certains comprennent bien que pour faire de l’humanitaire, on n’est pas obligés d’aller à 1 000 kilomètres. ”

Frottant ses mains l’une contre l’autre, il observe la silhouette de l’un des bénévoles de la Croix Rouge s’approcher. “ On nous a signalé un homme alcoolisé, couché par terre, il semble avoir besoin d’aide, on y va ”.

Marion Chevassus
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