Egypte : deux jours de référendum sous surveillance (Humanité)

Les Egyptiens ont commencé ce mardi à voter pour ou contre la nouvelle Constitution proposée par le gouvernement intérimaire. Ce référendum vise ainsi à légitimer le chef de l'armée, général Abdel Fattah al-Sissi, à la tête  à la tête du pays et à exclure les Frères musulmans. Des dizaines de milliers de militaires ont été déployés pour assurer la sécurité du vote, autant que pour intimider l’opposition.


Le général Abdel Fattah al-Sissi, vice-Premier ministre, ministre de la Défense et véritable homme fort a appelé les 53 millions d'électeurs à se rendre "massivement" aux urnes et à voter "oui" pour cette nouvelle Constitution. Si elle est adoptée, le général a d’ores et déjà annoncé sa candidature à la présidentielle prévue plus tard cette année. Si le "peuple le réclame" et si l'armée soutient sa candidature.

C’est la troisième fois que les Egyptiens sont appelés à voter pour des changements constitutionnels. Cette nouvelle mouture ne change d’ailleurs pas grand-chose et sert d’avantage à légitimer l’exclusion des Frères Musulmans du champ politique qu’à changer le texte fondamental. L’article 2 par exemple est maintenu, et pose la Charia comme principale source du droit. L’interprétation de celle-ci est toutefois un peu plus ouverte que dans la précédente version de la Constitution. Ce nouveau texte tend également à renforcer les pouvoirs de l’armée, de la police et de la justice, institutions qui s’étaient opposées à Morsi et ont mené à sa destitution l’été dernier.

L’enjeu de la participation

Le résultat du référendum ne fait pas beaucoup de doute. Aucune force politique n'a appelé à voter " non ", à l’exception du parti L'Egypte forte, dirigé par un dissident des Frères musulmans. Et pour cela, lui et ses militants ont été arrêtés. La Confrérie elle-même a choisi d’appeler au boycott du scrutin. C’est donc plutôt le niveau de participation qui dira si ce vote est un « plébiscite » en faveur d’Abdel Fattah al-Sissi  ou non. Accusés de tous les maux que connait le pays, les Frères musulmans, considérés par l’armée comme des « terroristes » ont été rudement réprimés. Plus d'un millier de manifestants ont été tués ces six derniers mois et les pro-Morsi emprisonnés par milliers.


Au Caire, les gens se sont massés dès l'aube devant les bureaux de vote installés dans des écoles, dans des rues barrées par des policiers et des soldats lourdement armés. Le gouvernement a annoncé le déploiement de 160 000 soldats et 200 000 policiers dans le pays. Des ONG comme Reporters sans frontières dénoncent un climat de pressions, notamment sur la presse. 4 journalistes d’Al-Jazeera ont ainsi été arrêtés, accusés “ d’avoir diffusé en direct des informations portant atteinte à la sécurité nationale ” et “ d’être en possession de publications des Frères musulmans ”.