Alexis Corbière : « Rien de comparable entre le Front de Gauche et le FN » (GazetteInfo)

Alexis Corbière, le secrétaire général du Parti de Gauche,  accuse le gouvernement de faire le jeu du Front National.
 
GazetteINFO.fr : Le Front National, que Jean-Luc Mélenchon voulait mettre à terre, est toujours loin devant vous…

Alexis Corbière : Le Front National est trop haut mais souvenez-vous des résultats des sondages un an avant le premier tour de l’élection présidentielle : Marine Le Pen était donnée à 21 % d’intention de vote au premier tour, Jean-Luc Mélenchon à 3 ou 4 %. Et au premier tour finalement, l’écart s’était nettement resserré, nous étions à 11% et elle à 17 %. Le combat doit continuer car les idées du FN restent dangereuses pour tous les travailleurs de notre pays.


Pourtant, certains n’hésitent pas à faire un parallèle entre certaines idées défendues par le FN et celles du Front de Gauche…

Mais il n’y a pourtant rien de comparable ! Le FN ne défend pas comme nous  l’idée d’une vraie révolution fiscale. Le FN refuse la mise en place d’un écart maximum entre les salaires de 1 à 20, s’oppose à une loi interdisant les licenciements dans les entreprises qui font des profits, ne réclame pas une autre répartition des richesses plus favorables aux salariés, ne veut pas augmenter les salaires, et il est notoirement hostile aux syndicats sitôt qu’ils luttent. En réalité, il est utile au système et en est son diable de confort. Pour son intérêt le gouvernement contribue en permanence à mettre en scène le Front National.
 
« La justice n’est pas laxiste. Elle manque surtout de moyens »
 
Ce n’est pas nouveau. François Mitterrand l’avait très bien fait dans les années quatre-vingt…

Le gouvernement actuel n’a donc rien inventé une fois de plus. Son discours en gros est de dire que si on s’oppose à sa politique, on est obligatoirement avec le Front National. Ce dernier profite également de l’abstention populaire, on l’a vu lors des élections partielles. C’est pourquoi j’invite chacun à se mêler de la politique et à aller voter.

Bertrand Soubelet, un général de gendarmerie, a affirmé en décembre dernier devant des députés que « 65 % des cambrioleurs interpellés en novembre dernier dans les Bouches-du-Rhône étaient de nouveau dans la nature. » Est-ce une façon d’accuser l’institution judiciaire de laxisme ?

Je me méfie toujours de ce genre de débat. La justice n’est pas laxiste. Elle manque surtout de moyens. Je le regrette, comme je regrette les coupes sombres dans les effectifs de police et de gendarmerie. Je suis favorable à ce qu’on sanctionne la délinquance. Mais le problème, c’est que la lutte contre celle des beaux quartiers ne semble pas être une priorité. Pourtant, la fraude fiscale et l’évasion fiscale coûte entre 60 et 80 milliards d’euros par an. Le vrai courage ce serait d’attaquer à délinquance en col blanc.

Que pensez-vous de la gestion du dossier Dieudonné ?

Je suis un ardent défenseur de la liberté d’expression. Mais dans le cas de Dieudonné, qui sous couvert d’humour tient des propos ouvertement antisémites, je suis favorable à une interdiction. Mais, je ne suis pas en phase avec Manuel Valls sur sa stratégie de mettre en scène cette affaire pour se mettre en scène lui-même. Mais il n’est plus tolérable que Dieudonné puisse continuer à tenir des propos antisémites pour faire du business.

L’intervention de l’armée française en Centrafrique était-elle de votre point de vue nécessaire ?

Nous étions face à un véritable drame humanitaire. Dans ce pays livré aux bandes, l’Etat ne fonctionnait plus. Cela dit, la politique africaine de François Hollande reste  très Ve république, c’est-à-dire le maintien de la « Françafrique » qui coûte si cher aux peuples africains.

Amandine Chauve