Il a menti, puis il a avoué. Il est venu s’en expliquer publiquement, affronter les questions et les regards de ceux qui furent les siens. Jérôme Cahuzac était de retour, mercredi 26 juin, à l’Assemblée nationale où il a été entendu durant deux heures par la commission d’enquête chargée d’établir d’éventuels dysfonctionnements des pouvoirs publics – gouvernement compris – dans la gestion de l’affaire des comptes
offshores de l’ancien ministre budget.
S'il est le personnage principal de l’affaire judiciaire qui porte son nom, Jérôme Cahuzac, mis en examen pour
« blanchiment de fraude fiscale », n’est pas le sujet central des investigations parlementaires.
La question qui se pose depuis fin mai aux membres de la commission d’enquête, présidée par le député centriste Charles de Courson (UDI), consiste à comprendre comment le mensonge de l’ancien ministre socialiste a pu tenir aussi longtemps entre les premières révélations de Mediapart, début décembre, sur ses comptes cachés en Suisse et à Singapour, et ses spectaculaires aveux, début avril.
Jérôme Cahuzac prête serment, mercredi, devant la commission.
Cette audition n'aura eu qu'une portée limitée, l'ancien ministre ayant refusé de répondre aux principales questions encore posées par cette affaire. Pour le justifier, il s'est abrité à de multiples reprises derrière l'information judiciaire en cours pour blanchiment de fraude fiscale. Le président de la commission, Charles de Courson, s'est agacé à plusieurs reprises des silences ou refus ou esquives de l'ancien responsable socialiste répétant en boucle
«cela relève de l'information judiciaire, je réserve mes explications au juge d'instruction».«J'ai compris que M. Cahuzac était venu avec l'intention de ne pas répondre à nos questions», a noté le député (UMP) Philippe Houillon. L'exercice a tourné à la farce quand l'ancien ministre du budget, relancé par le président de la commission, a catégoriquement refusé de reconnaître que c'était bien lui qui parlait dans le fameux enregistrement de l'année 2000.
«Est-ce vous, oui ou non?». «Je n'ai pas tenu de propos sur cet enregistrement depuis le 2 avril et je ne veux pas le faire», a rétorqué l'ancien ministre.
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