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 Bercy patrons ! (Fakir)

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MessageSujet: Bercy patrons ! (Fakir)   Bercy patrons ! (Fakir) EmptyMar 28 Mai - 18:49

Pierre Moscovici, ministre de l’Économie, ne plafonnera pas les revenus des PDG. Lui préfère une « autorégulation exigeante ». Comment en serait-on surpris alors que les locataires de Bercy semblent directement choisis par le patronat ? À lire ici, notre enquête sur le Cercle de l’Industrie.

« Le groupe Kem One a été placé en redressement judiciaire. Ce sont 1 300 salariés qui sont menacés. »
J’ai entendu ça à la radio, ce matin. Je n’ai pas bondi sur ma chaise. Dans ma cuisine, je n’ai pas hurlé, scandalisé, qu’ « on vous l’avait bien dit ». Non, rien de tout ça : on est trop blasés, malheureusement, pour être habités encore par cette indignation. J’ai haussé les épaules, peut-être même souri de cette ironie.
Pourquoi ?


Bercy patrons ! (Fakir) Moscovici
Parce que Kem One est issu du groupe Arkema, premier chimiste français, qui, l’an dernier, malgré 500 millions de bénéfices, s’est débarrassé de cette filière. Et à qui l’a-t-il confiée ? À Gary Klesch. Un financier américain, dont la holding est basée à Malte, sa société à Jersey et lui-même en Suisse. Qui a déjà liquidé plusieurs boîtes, en dépeçant leur trésorerie avec soin. Une caution, il faut croire, que cette localisation dans les paradis fiscaux.
Découvrant cette reprise, les salariés se sont alarmés : on confiait leur entreprise à un vautour ! Dans deux, trois, quatre ans, elle serait liquidée et eux avec ! « La seule surprise, pour nous, c’est que ça a mal tourné beaucoup plus vite que prévu, commente Jean-Marie Michelucci, le délégué CGT de Kem One. On pariait sur quelques années, au bout de sept mois c’était plié. Avec un euro, Klesch a récupéré 900 millions ! »

Alternative

Il y a un an, avec une poignée de cégétistes, Didier, Régis, Thierry, Pascal, le mardi 27 mars 2012, on avait visité les QG de campagne, dont celui du candidat Hollande. Où Alain Rousset, son « monsieur Industrie », président de la région Aquitaine, nous avait reçus :

Fakir : François Hollande a déclaré : « Mon adversaire, c’est la finance. » Alors là, face à un financier comme Gary Klesch, qui jongle avec les paradis fiscaux, qui n’a rien d’un industriel, est-ce que vous pouvez apporter la garantie, si le candidat socialiste est élu le 6 mai, que cette cession ne sera pas possible ?
Alain Rousset : Vous demandez à François Hollande de se substituer au PDG de l’entreprise ? C’est bien ça, votre question. Alors là, non. Est-ce qu’on peut interdire à Arkema de céder le pôle ? La réponse est non. La loi ne le permet pas, et demain la loi ne le permettra pas.
F. : Donc, au lendemain des élections, tout comme aujourd’hui sous Sarkozy, les dix sites, les 1 800 salariés peuvent se retrouver entre les mains de Klesch ?
A. R. : Enfin, je ne sais pas si vous avez suffisamment d’argent, ou si les organisations syndicales ont suffisamment d’argent pour être une alternative à Klesch ! C’est trop facile, pardon de le dire…
F. : Je propose une alternative. Puisque là Arkema donne ses dix sites, et 96 millions d’euros en plus, pourquoi l’état ne dirait pas : « Je prends. Je renationalise » ?
A. R. : Parce que l’état n’est pas compétent pour gérer des entreprises ! C’est l’Union Soviétique, votre idée ? Vous voulez revenir à l’Union Soviétique ?

Tout est dit, avant l’élection : « on » fait le choix de l’impuissance. Et plus grave, plus structurel : ce n’est pas le choix d’un homme, d’un François Hollande, individu isolé qui serait à blâmer, mais c’est bien un groupe, une classe, un parti, ce « on » fourre-tout, tous sinon semblables du moins ressemblants, soucieux de paraître sérieux aux yeux des commissaires européens, de leurs homologues européens, de la presse étrangère, qui assument ce choix de l’impuissance. Car cette impuissance est devenue le signe extérieur du sérieux, sur notre continent : le renoncement se confond avec la sagesse.


Bercy patrons ! (Fakir) Bercypatrons
Diversion

Je lis ce titre, dans Métro : « Moscovici dans la tourmente. » Et pourquoi, d’après le gratuit ? Parce qu’« embourbé dans l’affaire Cahuzac, le ministre de l’Économie est accusé d’avoir su dès décembre que le ministre du Budget avait eu un compte en Suisse ».
Mais c’est une broutille, ça, tout de même, à son palmarès : Moscovici a présidé, durant des années, le Cercle de l’industrie. Un lobby qui rassemble les plus grosses industries françaises. C’est une information publique.
Nous l’avons écrit avant la présidentielle.
Et ça nous paraît bien pire, comme casserole : au ministère de l’Économie, on a placé le socialiste le plus proche des patrons, qui les côtoyait amicalement chaque mois, qui a exercé du lobbying pour eux, et qui mène donc une politique conforme aux intérêts du CAC 40, qui ne secoue pas la Bourse, qui ne vide pas leurs bourses. Voilà pour quelles raisons de fond, oui, Moscovici doit dégager de Bercy.
L’affaire Cahuzac, hyper-médiatisée, joue ainsi un rôle de diversion. En témoigne cet échange, sur France Inter, entre deux éditocrates, le matin où elle éclatait :

Dominique Reynié, professeur à Sciences-Po : Le problème qui se pose aujourd’hui, c’est qu’il n’y aura pas d’oubli avant les scrutins prochains, de mars 2014 et de juin 2014, et donc nous allons retrouver dans les urnes ce qui a commencé hier avec cette série d’aveux.
Jean-Marie Colombani : Ce que dit Dominique est très vrai, sur la montée prévisible des populismes. Voilà le principal ferment, le principal terreau de la montée des populismes. (France Inter, 8/4/13).

C’est faux. Si « les populismes » grimpent d’ici les prochains scrutins, si le Parti socialiste se prend une branlée, ce ne sera pas à cause du docteur Cahuzac et de ses comptes en Suisse ou à Singapour. Une vétille, ça. Un détail. Non, le « principal terreau », ce sont les choix économiques, les décisions antisociales, le conformisme budgétaire, l’orthodoxie européiste, la soumission aux desiderata du patronat, la docilité envers Bruxelles et Berlin – autant d’orientations que la classe dirigeante ne veut pas, surtout pas, n’accepte pas, de remettre en cause.
Mieux vaut croire, alors, et donner à croire, qu’un résultat calamiteux dans les isoloirs ne signifiera que ça : le Peuple réclame « une moralisation de la vie publique », cette ritournelle.

Bénévoles

Qui a précédé Moscovici à la tête du Cercle de l’industrie ? Qui l’a créé, d’ailleurs ? Dominique Strauss-Kahn, et nous avons raconté cette fondation (voir Fakir n° 47) :

« Ce petit matin de février 1993, tout le CAC 40 défile en haut des Champs-élysées. De leurs voitures avec chauffeurs, descendent Lindsay Owen-Jones (PDG de L’Oreal), Didier Pineau-Valenciennes (Schneider), Vincent Bolloré, Jean Gandois (Péchiney), Louis Schweitzer (Renault), Jean-René Fourtou (Rhône-Poulenc), Bertrand Collomb (Lafarge), François Michelin, Francis Mer (Usinor), Guy Dejouany (Compagnie générale des Eaux), Serge Tchuruk (Total)… À l’appel de leur ministre, Dominique Strauss-Kahn, trente cinq patrons se rendent au siège de Publicis. Et à sa demande, encore, ils acceptent de verser 200 000 francs chacun pour son futur “Cercle de l’industrie”. (…)
“On lui payait une secrétaire, un chauffeur et un téléphone”, se souvient Raymond Lévy, ancien président de Renault et du Cercle. Via des comptes secrets, sa collaboratrice est payée par Elf. Tandis que lui ne touche rien, en apparence : c’est son bénévolat. “Il est sûr que son travail au Cercle a contribué à asseoir sa popularité parmi les patrons”, témoigne Bertrand Collomb, le boss des ciments Lafarge. »

« Populaire parmi les patrons », il sera ainsi, logiquement, nommé ministre de l’Économie et des Finances du gouvernement Jospin. Tout comme le « populaire » Jacques Delors le fut du gouvernement Mauroy. Tout comme le « populaire » Moscovici l’est du gouvernement Ayrault.

Devinette

Quel socialiste, au fait, a remplacé Moscovici au Cercle de l’industrie ? Alain Rousset. Si l’actuel ministre de l’économie devait chuter, on connaîtrait déjà son successeur…

François Ruffin
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