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 Chez Airbus, l'argent public de la formation coule à flots (Médiapart)

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MessageSujet: Chez Airbus, l'argent public de la formation coule à flots (Médiapart)   Chez Airbus, l'argent public de la formation coule à flots (Médiapart) EmptyLun 20 Jan - 12:24

On le sait, le mastodonte Airbus est le plus gros employeur de la région Midi-Pyrénées. Mais quid de la formation qui amène à travailler chez le seigneur des airs ? Et surtout qui paye ces formations et débouchent-elles systématiquement sur des embauches ? Enquête dans le monde merveilleux de l’aéronautique qui a les pieds bien sur terre lorsqu’il s’agit de profiter de l’argent public.

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Illustration Musta Fior

À la mission locale de Blagnac, ça ne désemplit pas. « Normalement on a 60 à 70 jeunes par conseiller en permanence, là on est au double », constate Michael Lout, conseiller d’insertion. Et le cœur de cible, moins de 26 ans sans qualification, sans diplôme, s’élargit. Tous ne partent pas en formation. Environ un tiers. Depuis plus d’un an une quarantaine de jeunes en permanence veulent accéder à une formation aéronautique. « La grande majorité veut son indépendance, un CDI quel que soit le domaine. Et sur l’aéronautique, ils ont beaucoup communiqué. »

« Les besoins s’envolent » titre la presse à l’unisson. 5000 emplois en 2012, 1100 postes à pourvoir en 2013. Dans le sillage des commandes d’A350, Airbus a besoin d’embaucher et le fait savoir. À l’envi sont déclinés depuis deux ans les manques de main-d’œuvre ouvrier qualifiés et bac+… Les géants du ciel peuvent compter sur un allier de choix, la Région Midi-Pyrénées. Pas moins de 140 M€ sur 2011-2015 dédiés aux formations nécessaires aux entreprises via le Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles. Les treize organismes publics et privés de formations (1) répondent ainsi à des appels d’offres selon plusieurs critères (prix, qualité pédagogique, locaux, matériel). 7,3M€ en 2013 pour que les 936 stagiaires deviennent peintre, soudeur, chaudronnier, ajusteur monteur, câbleur, mécanicien système, opérateur en matériaux composites, intégrateur cabine. Martin Malvy, son président, parle de « plan régional lourd ». Public visé : chômeurs longue durée, habitants de ZUS, écoliers de la 2ème chance. Les titulaires du Parcours Orientation d’Insertion sont prioritaires pour rentrer en formation depuis janvier 2013. Du BEP plutôt que du BAC.
Problème : les constructeurs de l’aviation ne trouveraient pas assez de bras. D’aucuns y voient même un risque de ralentissement de la filière
Donc, on fait jouer à plein « l’accélérateur de compétences » ! « Anticiper les besoins, former en conséquence », Manpower pense avoir trouvé le remède à cette « grande inadéquation ». Sauf que les besoins exprimés ne sont que des prévisions. Ce sont des secteurs en « dents de scie », à flux tendus, admet A. Chamorro, fort de ses quatorze ans d’expérience à l’AFPA. Ce qui crée un décalage lorsque les programmes de commandes ne sont pas à l’heure. Alors comme Friture s’inquiète pour Airbus et ses copains, on essaie de comprendre les raisons de cette « pénurie ».

Aerodiag

Faut dire qu’on ne s’improvise pas as du ciel comme ça. Avant d’être sélectionné par un organisme de formation, de faire son stage en entreprise pour obtenir son certificat de qualification paritaire de métallurgie (CQPM) ou professionnel inter-branches (CQPI), jeunes et chômeurs doivent suivre tout un processus dans le monde des sigles et des dispositifs. L’intéressé doit d’abord découvrir sa vocation par un « projet professionnel personnalisé », condition sine qua none pour que la formation soit financée par la région. « Elle va pas investir 10 à 20 000 € [coût individuel moyen pour 900 heures], sans être sûr que ce soit la bonne personne », note un formateur. Ensuite, « Aérodiagnostic » est le passage obligé. Séance collective de tests psycho-techniques organisée par Pôle Emploi. Maths, français, lecture de plan en 3D... Le tout minuté et sanctionné par un barème. En tout, 75% réussissent les tests et 30 à 50% entrent en formation, jauge M. Lout. L’aéronautique demande des gens autonomes. « C’est normal vous avez des vies entre vos mains ».

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Stéphane (2), lui, a décroché la timbale. Il vient de signer son CDI chez Airbus. Au bout de dix mois de chômage, il suit une formation de chaudronnier avec le GRETA au lycée E. Montel. « Tout le monde cherchait des chaudronniers et personne ne voulait le faire. Alors s’il y a du taf à l’arrivée… ». Déjà titulaire d’un BEP tourneur-fraiseur, il effectue son stage dans la boîte-mère et obtient son CQPM. Mais Stéphane doit patienter dix-huit mois de plus en intérim avant de passer titulaire. Le travail temporaire est le passage obligé pour tout prétendant au bus des airs. Aucune embauche directe n’est faite par Airbus. Les sous-traitants eux engageraient après trois ou quatre mois de Randstad, Manpower et consort. « L’intérim est l’unique porte d’entrée sur les chaînes d’assemblage. C’est anormal, l’intérim n’est pas fait pour ça, mais c’est difficile car l’issue peut-être positive », peste un représentant de CGT Airbus. Stages puis intérim sont donc déterminants pour espérer bricoler autour des oiseaux d’aciers. Sorte de période d’essai plus ou moins longue durant laquelle le futur employeur observe. Et là le savoir-être joue tout autant, voire plus, que le savoir-faire. 80% de l’embauche se juge au comportement, estime A. Chamarro. Un collègue de Stéphane, « pas trop sérieux, trop en retard » s’est vu signifier sa non CDI-sation au bout de seize mois d’intérim.
De fait, certains formés auraient du mal à se plier aux « codes » de l’entreprise. « Plus la personne est éloignée de l’emploi, plus c’est difficile de l’insérer dans l’entreprise », résume une formatrice d’un organisme public.(3) Inemployables chômeurs... Airbus est peut-être trop exigeant, dit-on. Un conseiller d’insertion : « Y rentrer c’est la roulette russe. Même nous on a du mal à avoir des contacts ». À suivre le directeur de recrutement d’Airbus, M. Butterbach, il suffirait d’avoir « de fortes compétences techniques, un esprit innovant et international » (4). Des gens posés, calmes, réfléchis. Et les rebuts du marché du travail ne correspondent pas à ce profil ? « Y’a aucun préjugés chez Airbus ».  Du bout des lèvres, on évoque toutefois quelques réticences discriminatoires à l’embauche. Elles seraient plutôt le fait de certains « anciens », tuteurs de stagiaires, peu habitués à avoir des collègues extra-européens. Qu’ils côtoient pourtant sur le site car embauchés par des sous-traitants. Sous couvert d’anonymat, un syndicaliste airbusien parle de « boîte monochrome » mais qui tend à se diversifier. Ne serait-ce que pour une vitrine sociale, la direction n’a aucun intérêt à ce genre de pratiques (5).

Toujours est-il que la promesse d’un salaire après les heures d’apprentissage n’est pas toujours au rendez-vous. On dit qu’Airbus et consort ont déjà beaucoup embauché et qu’ils ne pourront pas absorber l’ensemble des formés. Formerait-t-on trop ? Tout dépend des secteurs. La Région indique 73% d’embauche à la sortie des centres de formation. (6) « Quand je demande à quoi cela sert de former des gens s’ils ne doivent pas trouver du travail, on m’a déjà répondu : mieux vaut qu’ils soient en formation que rester seuls chez eux », se désole une chargée de formation.

La Région un cabinet de recrutement ?

« Les entreprises ne veulent pas courir le risque de manquer de main-d’œuvre au bon moment. Mais ils en font prendre aux pouvoir publics » analyse-t-elle. La Région revendique noir sur blanc vouloir « satisfaire les besoins de l’entreprise ». « On est des fournisseurs de matières premières », s’amuse le conseiller de mission locale. La Région ne se transforme-t-elle pas en cabinet de recrutement pour Airbus & Co ? Les mauvaises langues supputent que les pouvoirs publics déroulent le tapis rouge au mastodonte vu son importance sur l’économie locale. Ce que dément Jeanine Loïd, vice-présidente régionale. « On veille à ce que les demandes soient réelles » (7). Du côté des formateurs on préfère voir les réussites individuelles, les formés « très loin de l’emploi » à qui « on a mis le pied à l’étrier » et qui désormais sont de « vrais professionnels ». A. Chamarro : « On peut pas dire que la région bosse pour les patrons. Après, on est dans une économie capitaliste. C’est plus complexe que ça. Je peux vous expliquez en cinq minutes mais vous ne comprendrez peut-être pas ». Pour peu, je me ferais remonter les bretelles à poser de mauvaises questions.

La Région reste cependant sur ses gardes et avait lancé à l’automne dernier un grand tour de table rassemblant tous les acteurs de a formation. À ce jour, le rapport n’a pas été rendu public...

Notes

(1) Greta, Afpa, Afpi, Adrar, Derichbourg, Arpade et autres sigles...

(2) Les prénoms sont modifiés.

(3) D’après l’enquête « Besoin de main d’œuvre 20013 » de Pole Emploi, 78% des causes des difficultés de recrutement, le profil inadéquat des candidats (manque d’expérience, diplômes, motivation)

(4) Le Monde, 20/06/2011.

(5) En janvier 2012, la cour de cassation condamne Airbus à verser 18 000 euros d’indemnités pour discrimination à l’embauche en raison de l’origine d’un intérimaire qui candidatait pour un CDI. Un accord est signé en 2011 entre syndicats et direction du groupe EADS sur l’égalité de traitement, la lutte contre le racisme et la promotion des salariés issus des ZUS.

(6) Pour une proportion à peu près autant de CDI et de CDD. Le Diagnostic Régional Emploi Formation Midi-Pyrénées recense 24121 stagiaires en 2009, dont 12% sont demandeurs d’emplois, soit 2895 stagiaires. On sait qu’à six mois 55% d’entre eux ont un emploi salarié. Ils sont donc environ 1592. Rapportés au nombre de 238 900 chômeurs (chiffres 2013) en midi-pyrénées, on obtient une part de 0,67 %. Soit environ 0, 67% des chômeurs en sortent grâce à une formation. à ceux-là, on doit ajouter ceux qui s’installent à leur compte. Le calcul n’est pas fiable mais donne un ordre d’idée.

(7) Elles sont basées sur des études du Cariforef et des tables rondes entre acteurs. Des partenariats Constructeurs Pole Emploi existent. Un rapport interne à la Région sur l’efficacité de ces formations sera rendu prochainement.


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