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 Pour les sans famille politique, la débandade est commencée (Jean-Luc Mélenchon)

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MessageSujet: Pour les sans famille politique, la débandade est commencée (Jean-Luc Mélenchon)   Pour les sans famille politique, la débandade est commencée (Jean-Luc Mélenchon) EmptyMer 5 Fév - 18:53

5 février 2014

Quand ce post va paraître, je serai en route vers mon procès avec Marine Le Pen pour le faux tract d’Hénin-Beaumont. On verra quel écho cet événement trouvera dans la bien-pensance. Bien sûr, je serai donc absent de Strasbourg où je siégeais jusqu’à mercredi soir. J’ai demandé à être excusé. Je l’avais déjà fait sans succès la dernière fois. Il en ira de même, j’imagine, cette fois-ci. La leçon est donc la suivante : l’Union Européenne vous demande de n’avoir pas de respect pour la justice de votre pays. A la date d’un procès, l’Union européenne vous dit : « n’y allez pas ! ». Ca tombe bien, c’est ce que fait madame Le Pen. Il est vrai que l’Union européenne tient ses séances pendant les grandes dates nationales comme le 11 Novembre, le 14 juillet et ainsi de suite, dans un mépris total pour les grands évènements libérateurs. Mais elle nous impose toute sortes de génuflexions à la mémoire des Twin Towers et autres symbole de cette nature.

Cette absence m’a donné du cœur à l’ouvrage pour répondre à la boule puante des Bové le jaloux et papé Cohn Bendit. Il s’agit de mes absences et présences au parlement européen. Je lance un défi que les autres se risquent à faire un bilan de leur action aussi précis que le mien.

J’ai écrit au plus vite à partir de mes notes ces lignes sur trois thèmes : le moment ouvert par la capitulation du PS dans l’affaire de la loi famille, ma semaine d’itinérance sur le terrain et mes conseils d’action, le cas PSA, cas exemplaire de l’absurdité d’un capitalisme de cupidité pure. Je vous retrouve dans les chapitres auxquels vous pouvez accéder au choix de vos priorités, centres d’intérêt ou disponibilités en temps, en passant par les « boutons de titres » de chapitre qui sont en haut à droite de l’écran.

Après la loi famille, la grande débandade commence

La nouvelle capitulation des solfériniens sur la loi famille est un pur désastre politique. En cédant, au lendemain de la manifestation de la droite et quinze jours après la manifestation de l’ultra droite, Valls a reconnu de fait la légitimé de leur colère. En leur donnant la victoire, il a fortifié et unifié leurs rangs. La débandade s’est jouée en une journée. D’un bout a l’autre, on trouve la main de Valls. Dès le lendemain matin après la manifestation, très largement évaluée par ses services, Manuel Valls annonce que le gouvernement refusera tous les amendements autorisant la PMA dans le débat sur la famille. De quel droit ? Est-il Premier ministre, ministre de la Famille, de la Justice ? C’est un coup de force qui va contre une promesse pourtant parfaitement claire du candidat Hollande et de son coker navré, devenu Premier ministre. En effet, dans la campagne, Hollande s'était dit favorable à la PMA (procréation médicale assistée) pour les couples homosexuels. C’était dans un entretien au magazine Têtu, dont la rédactrice en chef était l’actuelle présidente d'EE-LV ! Comme la question était venue assez naurellement dans la loi sur le mariage pour tous, ce fut déjà une première débandade. Mais, la main sur le cœur, Ayrault avait fait l’enjoleur : "La PMA mérite un débat en tant que tel, c'est pourquoi elle figurera dans le projet de loi famille" afficha-t-il par tweet du 9 janvier 2013, au moment de l'adoption du mariage pour tous ! Et les apparences suivirent : un projet de loi sur la famille devait être discuté au deuxième semestre 2014.

Croire Ayrault ce n'est croire a rien de sérieux ni de durable. On se souvient de sa fantastique « mise à plat de la fiscalité ». Il a été à sa propre hauteur sur ce coup, de nouveau. Le néant fier de l’être. Il est vrai qu’en quelques heures, tout s’était effondré. Car à peine le grand Manuel Valls avait-il parlé que, devant l’énormité de l’outrecuidance, d’aucuns ont cru l’heure de résistance arrivée… ou à tout le moins le moment venu d’un beau coup de menton. Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée a sauté sur l’occasion ! Il exige aussitôt de Valls qu’il "respecte la règle fixée" entre le groupe et le gouvernement, à savoir : attendre l'avis du Comité national d'éthique qui doit être rendu au printemps. Bruno Le Roux a même précisé qu'il "ne renonce à aucune ouverture de nouveaux droits pour les enfants de notre pays". Car il faut se souvenir que le texte ne comporte aucune disposition concernant la PMA. Il ne traite que d’autres problèmes à régler du fait des nombreuses familles recomposées faisant surgir d’autres modes de vie familiale. On en était là du courage quand le porte-parole du PS David Assouline est apparu sur la scène. De façon stupéfiante, il fait savoir que le PS ne souhaitait pas non plus d'amendement sur la PMA dans le texte sur la famille, s’alignant sur Valls. Silence assourdissant de Harlem Désir, pourtant patron d’un parti qui a toujours eu la position inverse sur le sujet. Il ne restait plus à Ayrault qu’a obtempérer ! Ce qu’il a fait en annonçant carrément qu'il n'y aurait pas de texte sur la famille en 2014 ! Certes, on note encore quelques soubresauts d’indignation sur les bancs du PS et d’EELV. Mais les gosiers ont été déjà bien élargis : qui a déjà avalé la mer peut bien digérer aussi ses cailloux !

Il est donc essentiel de faire vivre l’idée de l’opposition de gauche face à eux tous. Car l’événement n’est pas limité à la sphère politicienne. Nous avons assisté à l’effondrement de la ligne d’action « sociétale ». Celle-ci était le refuge de la bonne conscience que les solfériniens offraient à leurs commensaux en échange de leur cécité et de leur mutisme sur le social. Et cela face à un mouvement populaire de droite qui a déjà submergé ses propres structures de représentation politique. Tout s’est joué en dehors de l’UMP, de l’UDI et même du Front National, tant ce parti est désormais intégré au système politicien de la droite institutionnelle. Et ce mouvement vient de gagner. Dès lors, c’est lui qui impose dorénavant son tempo a la recomposition de la droite. Le chemin ouvert par Sarkozy pour cette droite décomplexée qu’il entendait incarner est dorénavant large comme une avenue. Cette droite s’est désenclavée du seul discours libéral en économie, elle se réancre dans des principes culturels et philosophique parmi les plus fondamentaux dans la conscience d’un peuple : la famille, la sexualité, l’identité intime, zones d’adhésions bien plus prégnantes qu’aucune autre. En ce sens, nous vivons une apogée de la vague de droite « morale » commencée en France bien après celle qui a déjà balayé les Etats Unis où elle a été le socle des gouvernements libéraux.

Il n’y avait aucune fatalité à cette déroute. C’est l’inconsistance et l’incohérence des chefs solfériniens à la tête de la gauche qui nous a conduit là où nous sommes. Loin de préparer chaque étape et d’en faire un enjeu d’éducation populaire, la ligne du « sociétal » contre le « social » a été pilotée à la va-comme-je-te-pousse. On se souvient des épisodes du mariage pour tous, de la désertion des forces de gauche sur le terrain, des pantalonnades du président de la République inventant une incroyable « clause de conscience » pour les maires qui refuseraient de les célébrer ! Puis ce fut la Taubiramania, apothéose de jubilation, certes bien méritée. Mais pour beaucoup ce fut un chant du cygne. Cette satisfaction exubérante ne pouvait réellement méconnaître le trouble créé dans le pays et sa persistance. La célébration de Taubira permettait à chacun de s’offrir, à ses dépens, une auréole de combattant à peu de frais. Elle-même fut bien vite abandonnée de tous quand elle fut agressée par les racistes. D’ailleurs, à la manifestation censée protester contre cette agression, pas un ministre ne s’exposa à venir. Harlem Désir résuma sa présence à venir toucher les mains du premier rang de carré de tête ! Celui-là mieux qu’un autre sait à quel point il faut manier avec précaution et pédagogie certains débats. Il devait se rendre compte que la campagne de conviction, si mal menée, avait tourné court. Alors que toute la droite et le FN pensaient que le « mariage pour tous » serait une formalité, un accompagnement de l’évidence des mœurs de notre temps dans laquelle il ne leur fallait pas se faire figer en conservateur comme au temps du Pacs, ce fut le contraire qui se produisit.

Cette fois-ci, je crois que Valls s’offre une construction personnelle plus large. En renforçant la vague de droite, il compte la chevaucher à gauche. Comme il l’a fait pour la sécurité et pour la déréglementation économique. Nous verrons donc bientôt surgir une « gôche morale », antithèse des soi-disant valeurs de Mai 68. C’est elle qui va siffler « la pause des réformes sociétales » comme la droite du PS des années 80 avait sifflé la pause des réformes sociales.  
En dessinant cette ligne de pente, j’ai conscience de montrer un tableau fort noir. Mais, en chinois, crise se traduit par le mot « opportunité », comme me l’a appris récemment ma camarade Muriel Ressiguier, la tête de liste du Front de gauche à Montpellier. Elle sait de quoi elle parle. Nous pouvons reprendre le terrain a condition de le déplacer sur le terrain plus large de l’opposition de gauche. Je veux dire : une mise à distance claire et nette du navire solférinien en perdition et du système politico social qu’il incarne. Après cette reculade, le PS entre en phase où il affronte a la fois la désertion de sa base sociale et celle de sa base « sociétale ». Une débandade générale peut commencer.  A nous de lui offrir une issue positive. Avec nos méthodes. En commençant par une opposition de gauche sans compromission.

En tournée une force nouvelle

Dans cette période électorale, les sorties sont plus nombreuses pour moi. Elles s’ajoutent a mes obligations traditionnelles dans le grand sud-ouest où je patrouille toute l’année. On part des journées entières, en tachant de mixer les régions et la taille des villes dans lesquelles je vais soutenir nos amis. C’est toute une organisation avant pendant et après qui encadre mes déplacements et il est parfois rude pour les copains de comprendre pourquoi tout doit être fixé avant et que rien ne change plus pendant le déroulement de la visite. C’est à ce prix que les cadences sont tenues et la prise de parole a lieu dans les conditions optimales pour tous les protagonistes de l’action : la population, les militants, les journalistes. Et surtout c’est le prix pour que je tienne bon dans la durée. Donc ici une fois de plus ce fut une dure semaine. On le vérifie en me voyant moins présent sur mon clavier à écrire mes posts. Cette fois ci le final a été spécialement sévère avec un samedi commencé a sept heures et demi du matin et finit à une heure du matin le lendemain, après l’émission en direct « on n’est pas couché ». Comme ce fut l’audience record de la saison, je me suis consolé de l’heure de sortie du plateau. Le jour même j’avais participé à des « journées défense » du Parti de Gauche, en présence notamment de deux amiraux et deux généraux. Un moment de pure passion intellectuelle entre les spécialistes du domaine, les camarades et les militaires. Pour moi qui avait à faire l’introduction et la conclusion ce fut un moment exigeant. La thèse que je défends en faveur d’une « défense souveraine et altermondialiste », le concept de France « universaliste » et non « occidentale », tout cela devait être résumé et argumenté devant des hyper connaisseurs du sujet. Ces thèses sont dans mon discours des élections présidentielles au Cercle Républicain et dans deux articles notamment celui de la « revue de la défense nationale ». Tout ce qui s’est dit est disponible progressivement en vidéo, grâce au travail acharné de notre équipe : la « télé de gauche » qu’anime Aigline Decausans à moins qu’elle n’ait elle-même la caméra au poing en plus de toutes ses taches professionnelles et politiques…Docteure en psychologie sociale, Aigline travaille avec moi au parlement européen et le reste du temps, quand ce reste existe, elle filme pour le parti, anime, colle et tracte. Les militants, ne l’oubliez jamais chers lecteurs sont ceux qui font de nos idées des forces matérielles a la conquète des esprits.

Mais si rude qu’ait été le rythme de ces jours-là, ce furent là avant tout des heures brillantes pour nous. Car l’avant-veille j’avais tenu trois rencontres dont un meeting. Et chasue fois ce fut la même ferveur et amitié. C’était à Anzin dans le département du Nord, puis Fourquières les Lens et Calais dans le département voisin. Partout la même application au travail, partout le même dévouement au combat. Certes c’est peu étonnant dans la ville d’un homme aussi méthodique que mon collègue Jacky Hénin à Calais. Mais lui non plus n’a pas trouvé les cinq cent personnes qui se sont empilées dans la salle de ses vœux autrement qu’en sachant les faire venir par son action et celles des camarades. A Anzin nous sommes seuls. Au sens littéral. Tout le reste du champ politique a sombré dans de noires combines et accords sans principe qui ont déboussolées tout le monde. Evidemment dès qu’il y a une pataugeoire, les solfériniens y font merveille ! La fraction dominante dans la section socialiste a été créée de toute pièce par le niveau départemental dans l’objectif des accords fromagers entre agglomération, département, région et autres niveaux de clapotages. Elle est installée aux râteliers les plus fétides. Elle dégoute. Et d’abord les plus proches c’est-à-dire les membres du PS local lui-même. Une bonne partie de ceux-là ont lâché prise. Ils sont venus prendre leur place dans notre combat. Dès lors je nous vois nombreux, actifs et conquérant. Le Front de gauche, animé par les seuls militants du PG, faute de structure communiste dans la commune, est un vrai lieu de rassemblement et d’action politique collective. Claudio Macaluso, la tète de liste de notre équipage à Anzin est un bon rassembleur, très méthodique dans ses façons de travailler. Les amis ont d’ores et déjà réparti les responsabilités qu’ils veulent voir prises en charge dans la prochaine municipalité s’ils l’a dirigent. Ce n’est pas très courant et ce n’est peut être pas transposable. Dans l’immédiat, sur place, cela donne des porte-paroles extraordinairement motivés. Ainsi Jérémie, délégué aux questions culture et jeunesse parle avec fougue d’une idée majeure du programme : la prise en charge du prix du permis de conduire pour un contingent communal de jeunes chaque année. L’idée permet un beau développement sur ce que sont les apprentissages initiaux indispensable de notre époque et le problème de la mobilité des pauvres et des isolés. Une fois de plus les nôtres sont ceux qui montrent ce qui est « invisible » socialement. Mais qui reste le réel vécu par des masses de gens sans voix et surtout sans porte-parole.

A Fourquières les Lens, dans le Pas de Calais, je nous trouve en grande alliance du Front de Gauche et d’Europe écologie. Pour Guillaume Fournier et notre équipe municipale, la difficulté est plus qu’extrême compte tenu de l’état de dévastation sociale et politique du secteur. Parler de politique, intéresser au débat, voilà où est le miracle à réaliser. A quelques pas des grands bureaux de Billy Montigny où s’était conclue notre marche de la fierté rouge face à madame Le Pen en 2012, j’ai retrouvé son ambiance si spéciale. L’abandon des populations par les dirigeants solfériniens qui tiennent tout ici comme souvent est consternant. Abandon moral, culturel autant qu’économique et social. S’y ajoute ici un satrape local au pouvoir depuis 25 ans qui comme tout homme dan de telles circonstances tends a confondre son mandat avec sa personne.

Ce que je vois se constituer dans ces circonstances, nonobstant les difficultés que je ne me cache pas, c’est une force nouvelle qui s’enracine dans l’estime de tous, même de ceux que nous combattons. Dans ces déplacements le poids de la trahison et des miasmes parisien m’ont parus moins lourd à supporter. En effet, à Calais, le communiste Jacky Hénin mène une campagne ouverte sous le label authentique du Front de gauche. Ilporte courageusement nos valeurs. Il ne les vit pas sur la défensive. Au contraire. Son pladoyer pour les droits humains des pauvres diables de migrants persécutés par le froid la misère et Manuel Valls était émouvant aux larmes ! Mais parce qu’il tient bon, tous les autrtes tiennent bons et la tranchée de l’humanisme est tenue en dépit de toutes les tentations et abandons. Jacky devrait être en tête de la gauche au soir du premier tour.

Du coup les solfériniens minent le terrain contre nous. Ainsi, a l’occasion d’une séance du conseil municipal, l’ancien député socialiste confie son pouvoir de vote à la maire de droite sortante au vu et au sus de tous. Et ainsi de suite. C’est l’arsenal des petits coups tordus qui balisent la préparation d’un mauvais deuxième tour. Mais ces solfériniens locaux se croient plus forts qu’ils ne sont. Aucun des nôtres n’a rencontré une seule personne au porte à porte local qui serait prêt à l’indulgence pour Hollande. Ses représentants locaux sont donc invisibles, et leurs combines insignifiantes. Mais cela ne veut pas dire que nous ayons un boulevard devant nous à condition de nous laisser porter. Pas du tout. Le contraire. La résignation et le dégout se sont répandus en profondeur du pays. Certes c’est de l’énergie explosive qui s’accumule. Elle finira par faire éruption. Mais en attendant, c’est le calme des jours tristes et noirs. L’abstention est l’option dominante. Nous ne pouvons percer qu’en étant fermes et distinct. Tout arrangement avec le système nous cloue au sol. Et le PS c’est le système ! La rupture est la condition de la crédibilité.

PSA, symbole du capitalisme minable

Les soubresauts de la décadence de PSA forment un étrange feuilleton. La semaine dernière ils ont occupé le devant de la scène. J’accumulais donc les matériaux pour revenir sur le dossier et en assimiler les grands traits en vue des réponses à faire au fil des interviews à venir. Là-dessus arrive la nouvelle que la présidente de l’association des actionnaires minoritaires, madame Colette Neuville a l’intention de bloquer l’opération rachat de parts d’action par l’Etat et le partenaire chinois. Motif : le prix offert ne serait pas suffisant. Chaque épisode est plus minable que le précédent, plus révélateur d’une insatiable cupidité des dominants. Plus douloureux pour ses victimes ouvrières. Mais du coup on finit souvent par perdre de vue la continuité de cette histoire. Ce serait dommage ! Car nous apprenons tellement sur la façon dont fonctionne le minable haut capitalisme français ! Depuis des années, PSA en est un symbole très parlant. Et ça ne semble pas près de s’arrêter. En fin de semaine dernière, la direction a annoncé 684 suppressions d'emplois sur son usine de Poissy en région parisienne. En premier lieu, ces 684 suppressions d'emplois illustrent caricaturalement l'arnaque qu'a été l'ANI et la fumeuse loi de « sécurisation de l'emploi » votée en juin 2013. On se souvient que cette loi "made in Medef" a été imposée par François Hollande ! Elle l’a été contre l'avis de deux des trois principaux syndicats du pays et d'une partie de la gauche au Parlement. PSA a d’abord appliqué cette loi si confortable pour les coups tordus. PSA avait aussitôt exigé des salariés qu'ils acceptent un "accord de maintien dans l'emploi". C'est le nouveau nom des "accord compétitivité emploi" de Nicolas Sarkozy. Sous le chantage patronal, les salariés de PSA ont accepté un tel accord en octobre 2013. La CGT et la CFDT s'y sont alors opposées. Mais les deux centrales ne pesaient pas assez pour empêcher l'entrée en vigueur de l'accord face aux syndicats jaunes et aux pressions gouvernementales.

Bref on a vite compris : PSA supprime des emplois pour mieux être offert à un constructeur chinois, Dongfeng. Les principaux médias en reste sur ce sujet au vaudeville familial entre les cousins Peugeot. Le président de la holding familial Robert Peugeot a obtenu que PSA lance une augmentation de capital de 3 milliards d’euros pour permettre à Dongfeng de prendre 14% du capital. Pour aider à la manœuvre, l'Etat prendrait aussi 14%, la famille Peugeot tombant aussi à 14%. De son côté, Thierry Peugeot, président du conseil de surveillance, défend une augmentation de capital « libre » sur le marché auquel participerait aussi la famille Peugeot pour conserver son poids dans le groupe. Dans une lettre publiée la semaine dernière, il accusait son cousin de vouloir désengager la famille de PSA. Alors ? Deux conceptions du capitalisme familial sont-elles en débat ? Pour ma part je ne le crois pas. Les deux visent la dilution et le retrait de la famille Peugeot hors d’une activité qui mobilise trop durablement et lourdement une part trop grande de capital. Le chemin diverge pour y parvenir sans trop de casse. La méthode de Thierry Peugeot a le mérite de l’orthodoxie libérale. Celle de Robert de protéger les fromages individuels qui sont tout de même la raison d’être du système.

Cet épisode est la preuve de la nullité globale des dirigeants de PSA. En 2012 PSA a conclu un accord avec l’américain General Motors qui avait pris 7% du capital. General Motors a revendu ses parts en décembre 2013, moins de deux ans après ! Entre-temps GM, bonne entreprise de l’empire et qui n’oublie jamais sa nationalité politique a plombé PSA en l’obligeant à mettre fin à ses ventes en Iran. Pour rien. La direction de PSA a abandonné un projet commun avec General Motors avant même de l’avoir lancé. Il s’agissait d’un projet de petites voitures faiblement émettrices de CO². La direction de PSA a été incapable de s’engager dans un projet dont l’intérêt écologique sautait aux yeux. Un coup zig un coup zag. Bilan : néant !

Moins de deux ans après avoir pactisé pour rien avec General Motors, la direction de PSA racole. Elle cherche un autre partenaire international. En l’occurrence voici un chinois : Dongfeng. Il parait que PSA travaille déjà avec ce groupe en Chine. Je crois même avoir visité l’usine Peugeot dans l’état de Wuhan au centre géographique de la Chine. Comment se fait-il alors que PSA ne se soit pas d’abord tourné vers lui en 2012 au lieu de s’abandonner à GM ? Et dans l’accord avec GM comme dans l’éventuel entrée au capital de Dongfeng, quelles garanties la direction de PSA peut-elle avoir pour la protection des capacités industrielles et des emplois en France ?

Les expériences de la fusion d’Alcatel avec Lucent et de Renault avec Nissan sont là pour montrer les immenses dangers que peuvent contenir de tels rapprochements sans précautions pour notre pays. D’autant que PSA suit depuis plusieurs années la même pente que Renault. La direction de PSA à présent fait elle aussi le choix du dumping et de l'abandon de la production en France. Rappelons que le premier plan de licenciement de cette bande de gestionnaire de pacotille avait décidé de la disparition de 2500 emplois dans la recherche et développement du groupe ! C’est à dire le cœur de l’avenir. Pendant qu’elle ferme une usine en France, à Aulnay, PSA prévoit d’augmenter la production de son usine slovaque, à Trnava, qui produit le même modèle qu’Aulnay. Récemment, l’ex numéro deux de Renault le liquidateur Carlos Tavarès est arrivé chez PSA. Il devrait remplacer le PDG Philippe Varin d’ici avril. La pente est prise.

Si minables que soient leurs résultats les patrons et leurs managers n’oublient jamais de remplir leur assiette. Le PDG de PSA Philippe Varin est toujours aussi bien payé. Il a quadruplé son salaire en 2010. Il gagne désormais 3,3 millions d’euros par an ! En un an, il gagne l’équivalent de 260 années de SMIC ! Il empoche 9 000 euros par jour ! PSA est un modèle d’entreprise vampirisée par le coût du capital. En 2011, il y a à peine trois ans, PSA a dépensé 275 millions d'euros en dividendes versés à ses actionnaires. Les mêmes géniaux managers ont brulé 200 millions d’euros supplémentaires pour faire racheter par PSA ses propres actions à la bourse. Les sommes ainsi engloutis en bourse en 2011 représentent près de cinq années d’économies réalisées grâce à l’accord de compétitivité imposé aux salariés ! Ce chiffre le montre avec clarté : ce qui coûte horriblement cher, c’est le coût du capital !

Dans les années 2000, PSA a cumulé 10 milliards d'euros de bénéfices. En 2011, Philippe Varin a annoncé en que le groupe disposait de 11 milliards d'euros de réserves financières. PSA a encore réalisé un bénéfice de 1,1 milliard en 2010 et 600 millions en 2011 en dépit de la crise déjà amplement répandue. Malgré la crise et la baisse du bénéfice, PSA a déboursé près de 500 millions d’euros pour satisfaire ses actionnaires en 2011. Certes, le groupe a perdu beaucoup d’argent en 2012 : 5 milliards d'euros en 2012. Mais l’année 2013 a parait-il été moins mauvaise. Surtout, le groupe pourrait gérer sans problème la période actuelle s'il avait été bien géré dans les dix dernières années, et si la direction acceptait de puiser dans les réserves. C’est bien l’incompétence et la cupidité de ses actionnaires qui l’empêchent aujourd’hui d’absorber le choc et de préparer l’avenir. La responsabilité incombe au premier actionnaire, la famille Peugeot, qui détient 25% du capital et 38% des droits de vote au Conseil d’administration.

Que fait le gouvernement face à cela ? Rien. Arnaud Montebourg a déclaré vendredi que PSA n’avait « pas tenu » ses engagements pris lors du dernier plan social. Il s'agit du plan qui a acté 8 000 suppressions d’emplois et la fermeture de l’usine d’Aulnay. Pour Montebourg, « le compte n’y est pas sur Aulnay » ou « 500 salariés » sont encore « sur le carreau » alors que PSA promettait une solution pour tous. Mais encore une fois, le gouvernement laisse faire. Comme il a laissé PSA annoncer la suppression de 8 000 emplois l’an dernier. Comme il a laissé PSA fermer Aulnay. Comme il laisse la direction de PSA mépriser la grève de la faim des 7 de Poissy pendant des semaines.

Pourtant, les patrons de PSA sont de véritables assistés ! Le gouvernement aurait les moyens de les faire plier s'il le voulait. PSA va toucher entre 80 et 100 millions d'euros par an du crédit d'impôt compétitivité décidé par Hollande en novembre 2012. PSA bénéficie aussi d'une garantie de l'Etat de 7 milliards d'euros sur sa filiale bancaire PSA finance. Et PSA profitera comme les autres du nouveau cadeau de Hollande : la suppression des cotisations patronales famille, sous couvert de "pacte de responsabilité". C’est aussi ce gouvernement qui n’a pas voulu faire pression sur les actionnaires de PSA en lançant une vaste opération de contrôle fiscal sur les membres de cette famille dont une partie a fui en Suisse pour échapper à l’impôt.

En échange de sa générosité, le gouvernement n’a rien exigé de PSA : ni renoncement à la fermeture d’Aulnay ou aux suppressions d’emplois, ni exigence d'une baisse des salaires des dirigeants… Tout ce que le gouvernement a demandé c’est de pouvoir nommer Louis Gallois administrateur « indépendant ». Il ne s’est pas opposé à ces décisions. La rumeur dit qu’il remplacerait Thierry Peugeot à la tête du Conseil de surveillance. Aujourd'hui, l'Etat s'apprêterait à prendre 14% du capital de l'entreprise pour aider l'entrée de Dongfeng. Mais pour faire quoi ? Mystère. Pourtant, l'Etat est déjà actionnaire de l'autre géant de l'automobile française, Renault. Il en possède 15%. Pourtant, chez Renault aussi le gouvernement a validé un "accord de compétitivité". En laissant faire chez Renault, le gouvernement a clairement encouragé PSA à en faire autant. Aujourd'hui, le gouvernement laisse faire le démantèlement de la production de Renault en France au profit de Nissan. Demain, il y a tout à craindre qu'il laissera dépecer PSA, même avec 14% du capital.

Nous aurions agi totalement différemment si nous avions été au pouvoir. Nos solutions pour l’industrie sont connues. Je les rappelle pour montrer qu’il est possible de faire autrement. Nous proposons de définanciariser l’économie en général et l’industrie en particulier. Nous voulons libérer les entreprises de la dictature des banques et des actionnaires. Pour cela, nous proposons que le comité d’entreprise ait un droit de veto sur les décisions stratégiques. Nous proposons qu’un pôle financier public puisse prêter à des taux favorables aux entreprises pour les aider en cas de besoin et financer la transition écologique. Pour en finir avec la cupidité des dirigeants, nous proposons que soit fixé un salaire maximum autorisé : avec nous, le PDG de PSA ne se goinfrerait pas de 3,3 millions d’euros par an ! Et j’ai proposé aussi le salaire maximum dans l’entreprise c’est-à-dire que l’écart entre le plus haut et le plus bas des salaires soit limité de un à vingt ! Et puis nous proposons encore qu’il y ait obligation de payer ses impôts en France pour pouvoir diriger une entreprise français ou être membre de son Conseil d’administration.

Disons-le : la crise de l’automobile devrait être une opportunité de changement radical. La relance écologique de l’activité par une politique industrielle et la planification écologique devrait être au cœur de la réflexion sur le futur de l’industrie automobile. C’est l’occasion d’engager la planification écologique pour sortir de la société du pétrole, notamment en ce qui concerne les véhicules. Mais c’est nécessairement un tout que ce projet. Le moteur électrique pose le problème de l’approvisionnement en électricité. En effet aux conditions actuelles, un million de véhicules électriques nécessiteraient l’installation d’une centrale nucléaire de plus. En fait, le changement de paradigme automobile est directement lié au changement de mode de production de l’énergie. Au lieu de cela, le gouvernement a seulement annoncé  à l'automne 34 plans industriels sans aucun moyen financier. Au total, ces 34 plans devront se partager 3,5 milliards d’euros. Cela représente une moyenne de 100 millions d’euros pour chaque plan. Parmi ces plans, l'un vise à inventer « la voiture qui consomme deux litres aux 100 km ». Avec 100 misérables petits millions d’euros comme budget public ? Personne ne peut y croire.
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