Vendredi 16 mai 2014
Alors que
les fonctionnaires défilaient dans le centre-ville de Dijon, jeudi 15 mai 2014, devant l’hôtel Ibis de la gare, la CGT fédération nationale équipement et environnement poussait également son cri de désespoir. Mené par Eric Colin, secrétaire national de la branche du syndicat, plus de 50% du personnel des voies navigables protestait et cessait toute activité.
Contre la précarisation des emploisPour cerner le problème, il faut comprendre que sur les voies d’eau en Bourgogne, 35 éclusiers vivent très mal leur situation. Un salaire gelé depuis 4 années auquel s’ajoute une dégradation des conditions de travail. “ Les agents sont déjà dans des situations précaires dans leur travail. Leurs secteurs d’intervention sont de plus en plus éloignés, ils n’ont plus le temps de rentrer chez eux pour manger sur leur unique heure de repos, ils font des heures supplémentaires dont les garanties minimales ne sont plus respectées, idem pour les congés puisqu’il n’y a plus personne pour les remplacer ”, s’étend Eric Colin.
Depuis 2012, une loi relative à
Voies navigables de France a été adoptée à l’unanimité par le Sénat, faisant de
VNF un établissement public administratif regroupant 400 agents de droits privés et quelque 4 400 fonctionnaires chargés de l’exploitation et de l’entretien des voies navigables.
Seulement, dans la réalité, Eric Colin assiste à une gestion bancale du service public. “ On a désormais recours à des saisonniers, donc à des gens en situation précaire, pour remplacer des emplois statutaires, pendant quelques mois ”. Pas loin d’estimer la gérance comme étant un “ plan social ”, le syndicaliste constate que la direction “ attend qu’on parte à la retraite pour ne pas nous remplacer par des emplois stables. C’est justement pour cela qu’on se bat ”.
La “ trouille ” de voir des canaux fermer“ Avant on avait du personnel qui avait une grosse formation, si ces gens-là on ne peut plus les garder, ils vont finir à l’exploitation et on perdra notre spécificité ”, assure-t-il, avant d’expliquer que la paralysie de la fonction entretient une certaine phobie. “ Le petit éclusier qui a passé un concours, qui a quitté sa famille pour se retrouver dans au fin fond de la Nièvre, se retrouve dans une situation délicate et va jusqu’à se demander ce qu’il va faire dans les mois à venir. On a la trouille d’une fermeture des canaux ”.
Une fonction spécifique qui consiste, en plus de tracer le chemin des bateaux, de les suivre le long des routes pour s’assurer qu’ils n’auront aucun problème de transport. Or, “ des maladies et des accidents se déclarent. Pour accompagner les bateaux, ce ne sont pas des voitures, mais des mobylettes. Beaucoup d’écluses ne sont pas automatisées, il faut alors que les éclusiers suivent les bateaux sur des chemins mal entretenus, qui ne sont pas forcément adéquats pour la conduite. Et je ne parle même pas des risques psychosociaux qui sont énormes… ”
La CGT réclame des crédits vacataires supplémentaires, “ même si on est contre les emplois précaires, ils nous permettront une meilleure gestion du travail. C’est le minimum ”. Le mouvement pourrait ne pas être isolé et reconduit lundi 19 mai, entraînant une nouvelle fermeture des écluses. “ Laisser tomber la voie d’eau, ce n’est pas acceptable. Malgré les Grenelles, le redéploiement du fret de la route à la voie d’eau est loin d’être appliqué. Sur les 400 projets du Grenelle I, il y en a eu une dizaine d’appliqués. Ce n’est rien du tout ”, conclut Eric Colin.
Valentin Euvrard