Pascal Mailhos, préfet de région, lève la tête sur l’une des sept gigantesques cuves de l’établissement pétrolier de Dijon. Elles sont numérotées de 13 à 19.
“ Personne ne sait pourquoi ”, admet Marc Hall, le chef du site. L’entrepôt, situé à Longvic, reçoit chaque jour plusieurs livraisons massives d’hydrocarbures par train. Elles partent ensuite par camions-citernes pour ravitailler les stations et les chaufferies des particuliers dans une large zone, de Chalon-sur-Saône aux Vosges.
L’entrepôt pétrolier de Dijon a une capacité de 40 000m3 d’hydrocarbure. Un stockage qui n’est pas sans risque, vu la dangerosité des produits. En pleine zone urbaine, avec le boulevard des Industries à quelques mètres seulement, un accident peut s’avérer catastrophique. C’est les mesures de sécurité que sont venus inspecter le préfet et Claude Darciaux, maire de Longvic, avant de ratifier le plan de prévention des risques technologiques (PPRT), jeudi 6 février 2014.
Pascal Mailhos et Claude Darciaux | Photo Nicolas Boeuf
Feu d'artificeLe long du boulevard des Industries, une série de capteurs chimiques et infrarouges contrôlent qu’aucun nuage d’hydrocarbures ne s’échappe vers la route. Avec le trafic, une telle fuite pourrait entraîné une formidable explosion. Sans parler de la station Avia juste en face : un vrai feu d’artifice. “ Ils ne se sont encore jamais déclenchés ”, rassure Marc Halle, le chef de l’entrepôt. Si c’était le cas, le poste de contrôle à l’entrée en serait immédiatement informé. Les employés pourraient prendre les mesures de mise en sécurité du site.
Casque sur la tête et lunettes vissées sur les yeux, Pascal Mailhos et Claude Darciaux visitent tous les systèmes de sécurité. “ Ce plan de prévention des risques à deux objectifs ”, explique le préfet. “ Poursuivre la réduction du risque à la source, en étant auprès du produit pour éviter les risques importants. Mais aussi retarder l’apparition des phénomènes dangereux pour sécuriser le boulevard des Industries. ”
La cuve 19, la plus importante du site | Photo Nicolas Boeuf
Tirer des leçons des catastrophes du passéLes actionnaires de l’entrepôt pétrolier de Dijon sont Total, d’autres pétroliers et la chaîne de magasin Leclerc. Claude Darciaux, maire de Longvic, assure qu’ils ont “ accepté de faire des travaux au coût important ” pour sécuriser le site. Il était un temps question de détourner le trafic du boulevard vers le centre-ville de Longvic, par mesure de précaution. Ce qui n’aurait pas été sans créer un bazar formidable. Même si elle ne se représente pas à la mairie, Claude Darciaux peut-être soulagée. “ Aucune mesure foncière n’a été prise ”, confirme Pascal Mailhos. “ Ce qui est rare dans ce genre de cas. Je le sais d’expérience, car j’ai vécu des expropriations à cause d’un site pétrolier quand j’étais préfet du Finistère ”.
Chaque jour, l’entrepôt pétrolier de Dijon reçoit deux livraisons d’hydrocarbure par train et ravitaille 130 camions. 4000 m
3 de produits hautement toxiques et explosifs s’échangent quotidiennement. “ La sécurité est la première préoccupation de Total ”, jure un représentant de l’entreprise mastodonte du secteur énergétique. Les responsables politiques sont là pour y veiller. Tous les scénarios ont été envisagés, de la panne d’électricité majeure au crash d’un avion sur le site. “ Je préférerais quand même que cela n’arrive pas ”, sourit Claude Darciaux. “ Il y a eu des catastrophes, comme l’explosion de l’usine AZF à Toulouse, où l’accident sous le tunnel du Mont-Blanc, pour faire
le parallèle avec la Lino ”, explique Pascal Mailhos. “ Mais on a tiré des enseignements de ces accidents tout à fait dramatiques et on fait au mieux pour que cela n’arrive plus ”.
Nicolas Boeuf