L'Humain d'abord - Pour une 6ème République
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

L'Humain d'abord - Pour une 6ème République

Forum d'information et de discussion politiques - Dim 28 Avr - 8:18
 
AccueilDernières imagesS'enregistrerConnexion
-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal
Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

 

 Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre)

Aller en bas 
AuteurMessage
Admin
Admin
Admin


Messages : 5167
Date de naissance : 18/05/1952
Date d'inscription : 17/05/2013
Age : 71
Localisation : 21500 Montbard

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) Empty
MessageSujet: Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre)   Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) EmptyDim 9 Fév - 11:22

samedi 8 février 2014

Au Panama, plusieurs villages d’amérindiens ngäbes devraient disparaître d’ici quelques mois sous les flots du barrage hydroélectrique Barro Blanco : en dépit des protestations, l’ONU et deux banques européennes soutiennent ce projet présenté comme écologique, mais qui viole les droits et le territoire de cette ethnie d’Amérique Centrale.

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) Arton5377-c0859

La cacique Clementina Perez a la réputation d’être une « luchadora », ce genre de combattantes ne baissant pas les bras. Elle porte autour de sa longue chevelure noire un bandeau au blason de la religion Mama Tata pratiquée par les Ngäbes. Son large collier de perles tissées aux couleurs du Panama rajoute du panache à sa « nagua » verte, cette robe longue et ample qui est l’apanage des femmes de son ethnie. (La photo de tête est le portrait de Clementina Perez).

« Notre vie humaine est liée à celle de la nature et de l’eau. Mais le fleuve pleure, la terre pleure, les animaux pleurent, et personne ne veut les entenendre », lance-t-elle devant une assemblée réunie dans le village de Kiad, sous le toit de palmes du carbet servant d’école. Durant les quatre derniers jours de janvier, environ deux cent amérindiens y ont prié, débattu, chanté dans leur langue, en l’honneur de leur culture menacée.

Kiad et plusieurs villages du territoire de ces amérindiens devraient disparaître sous les eaux du fleuve Tabasara au printemps prochain si le Mouvement du 10 avril - l’organisation de protestation de ces indiens - ne parvient pas à faire cesser les travaux du barrage Barro Blanco.

C’est l’un des quatre-vingt « mini » projets hydroélectriques en cours de construction ou de validation dans l’ouest du Panama. Comme il est situé juste à la frontière d’un territoire administré par les indiens Ngäbes et Buglés, l’entreprise entend échapper à la législation spécifique qui régit leurs terres collectives.

Cependant, sur les 258 hectares qui seront pour sûr inondés, plus de six hectares empiéteront sur les terres amérindiennes, confirme une expertise du PNUD. « Des inondations pourraient apparaître en temps de crue », est-il envisagé. « Le pire est que l’ONU a agréé ce barrage en tant que « Mécanisme de Développement Propre » (MDP) et que cette entreprise qui va détruire nos villages, notre fleuve et sa forêt-galerie, va gagner beaucoup de crédits carbone ! », accuse Weni, une habitante de Kiad qui préside ce grand rassemblement dans une robe rose bonbon.

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) 11-2ee1e

Elle est allée jusqu’en Allemagne parler au nom des Ngäbes dans sa plus belle nagua pour tenter de motiver le blocage des financements issus de banques européennes. La banque d’investissement hollandaise à capitaux publiques FMO et la banque allemande DEG du groupe financier KFW sont impliquées dans le plan de financement.

Si Barro Blanco a été agréé comme MDP, c’est parce que ce barrage est supposé réduire ou atténuer les émissions de CO2 qui auraient été engendrées par la génération d’autant d’énergie avec des hydrocarbures. Barro Blanco permettrait donc d’économiser des millions de dollars d’achat de carburant et de générer 300 emplois en phase initiale, puis 25 en phase opérationnelle, selon Aldo López, directeur de l’entreprise patronne du barrage, la Generadora del istmo SA (Genisa) à capitaux centre-américains.

En contradiction avec ce que disent les indiens, l’étude préliminaire à la validation du MDP vante les composants sociaux du projet. Genisa s’engage à proposer aux communautés concernées des « transferts de technologie », du travail et des formations en maçonnerie, des « nouvelles aires de loisirs », des programmes d’éducation à la gestion écologique des ressources, alors que les Ngäbes concernés vivent en quasi autonomie dans des huttes végétales, sans électricité, de cultures biologiques pratiquées selon un système de rotation et de friches qui a justement permis de préserver la nature.

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) 06-5306d
- Cérémonie traditionnelle aux pétroglyphes sacrés du fleuve Tabasara -

Genisa dresse une liste d’aides économiques déjà accordées aux populations riveraines qui semblent étonnement ridicule comparées aux 120 millions de dollars d’investissements que représente la construction du barrage : deux ventilateurs et un panneau en formica à des écoles du coin, l’installation d’une lumière électrique dans une maison de retraite... « Le projet ne serait pas très attractif financièrement sans l’agrément MDP » qui permettra de vendre des crédits carbone, reconnaît par ailleurs le document.

Du haut de la montagne qui surplombe Kiad, au-delà des huttes en palmes et des pentes où poussent les bananes, le maïs, les haricots et le manioc, on aperçoit les hauts murs de béton du barrage qui s’élèvent un peu plus chaque jour. Ses parois grises tranchant avec le vert de la forêt et des friches sont les portes d’un enfer pour Manolo Miranda.

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) 03-678bc
- Manolo Miranda lit le livre saint de la religion Mama Tata qu’il a lui même rédigé à la main avec les lettres qu’il a inventées il y a 42 ans. -

Ce grand-père d’une famille nombreuse résidant à Kiad a reçu un avis d’expropriation en septembre. On le lui a amené à pied, après deux heures de marche, par le sentier qui longe le fleuve à partir de la piste qu’emprunte quatre fois par jour une camionnette tout terrain toujours bondée d’indiens.

La date avant laquelle il pouvait contester était déjà dépassée : « Nous ne quitterons pas nos terres ! Nous sommes en territoire indigène ! Cette expropriation est illégale ! Dieu nous aidera ! », martèle-t-il face à l’assemblée dans l’école où il a lui même taillé les chaises et les tables dans du bois massif à la hache.

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) 12-c1f1b

Les Ngäbes ont porté plainte en Cour constitutionnelle contre ces avis d’expropriation : ils violent la loi qui a créé leur territoire collectif en 1997. Elle stipule en effet qu’on ne peut privatiser ou aliéner leurs terres. Ils contestent aussi l’étude d’impacts environnementaux du barrage jugée bâclée et mensongère. Mais la sentence tarde comme par hasard à tomber.

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) Puce-32883Le deuxième volet du reportage sera publié lundi

Note :

Disposition du protocole de Kyoto, le Mécanisme de Développement Propre donne l’opportunité aux pays industrialisés et à leurs entreprises de financer des projets « propres » (énergies renouvelables etc...) dans des pays du sud et d’obtenir en contre-partie des crédits d’émission de carbone.

Lire aussi : L’opposition monte en Europe contre le barrage brésilien de Belo Monte.

Cécile Raimbeau pour Reporterre
Revenir en haut Aller en bas
https://l-humain-d-abord.forumactif.org
Admin
Admin
Admin


Messages : 5167
Date de naissance : 18/05/1952
Date d'inscription : 17/05/2013
Age : 71
Localisation : 21500 Montbard

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) Empty
MessageSujet: Re: Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre)   Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) EmptyLun 10 Fév - 9:25

Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit

lundi 10 février 2014

A Kiad, au Panama, les Indiens Ngäbe se battent contre un projet de barrage destructeur. Il vise à s’intégrer dans un complexe international de production d’énergie au profit d’intérêts privés.

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) Arton5380-b2532

Manolo et les siens veulent préserver leur petite église où la religion Mama Tata est pratiquée depuis qu’une Indienne a reçu une révélation divine en 1962, rénovant la pratique d’un culte autochtone.

Pour la communauté de Kiad, l’école est tout pareillement sacrée : bien qu’il n’ait jamais été scolarisé, le vieux Manolo y enseigne l’écriture de la langue Ngäbe qu’il a inventée après la prophétie, en utilisant des signes semblables à des hiéroglyphes apparus cette année-là mystérieusement dans la terre.

Ces caractères ressemblent à certains des dessins gravés dans des pierres par les ancêtres. Plusieurs pétroglyphes importants pour transmettre la culture Ngäbe vont ainsi être immergés si le barrage est terminé.

Depuis l’école de Kiad, une longue file indienne s’est constituée en direction du Tabasara. La foule se tient face à un pétroglyphe sacré gravé sur un rocher au milieu du courant. La cérémonie rituelle qu’initie la cacique se déroule dans la fumée : les Ngäbes boivent à tour de rôle une tasse de cacao puisée dans une marmite cuisant au feu de bois sur la berge.

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) 07-e1012

Puis ils éclaboussent de leurs mains la roche sacrée, et marchent dans la rivière pour laver leur corps et leur esprit et contempler l’art symbolique ancestral. Malgré l’intensité de leurs prières, ce pourrait bien être le dernier de ces pèlerinages.

Puisque la firme Genisa a gagné l’appel d’offre, bloquer maintenant le projet mettrait en doute la crédibilité du Panama vis-à-vis des investisseurs, selon Jorge Ricardo Fábrega, le premier ministre panaméen. Pour son gouvernement, le barrage Barro Blanco se situe en-dehors de la réserve et respecte les lois du pays.

Paradis fiscal présidé par le richissime homme d’affaires Ricardo Martinelli, le Panama, il est vrai, a mené une politique particulièrement hospitalière à l’égard des capitaux privés étrangers, souvent aux dépens de sa population. Les manifestations pour défendre le fleuve Tabasara ont systématiquement été réprimées par les forces anti-émeute qui ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur de maigres foules d’Indiens armés de banderoles. « Deux manifestants ont été tués », dénonce la cacique.

Certes, au sein de la communauté Ngäbe, les jeux de pouvoir politique entre les différentes autorités indigènes sont complexes et les voix n’ont pas toujours été unanimes : un débat existe entre ceux qui prônent un développement économique qui profite aussi aux Indiens et ceux qui privilégient la défense de la nature, l’autonomie et la culture. Clementina Perez est de ces derniers : « Le développement, c’est notre dieu Mama Tata qui le construit et nous invite à le protéger, non pas de le détruire ».

« On nous vend l’idée de générer de l’énergie propre avec des "mini-barrages", mais les projets sont si nombreux qu’on nage en plein délire ! » renchérit l’avocate Yaritza Espinosa. Elle compte parmi les membres d’un réseau national de citoyens panaméens contre ces barrages.

Les mécontents ne sont pas tous Indiens, mais aussi divers que nombreux : riverains expropriés, paysans privés de ressources en eau, élus écoeurés par le peu de retombées pour les municipalités, écologistes inquiets de la somme des impacts environnementaux et de la progression à contre-sens de la finance carbone internationale.

Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre) 10-8dc35

Au cœur du débat, cette question : quels sont les réels besoins énergétiques du Panama ? Si le gouvernement jure que la croissance nécessite plus d’énergie, les écologistes mettent en cause la gestion néo-libérale du secteur énergétique qui a été privatisée peu à peu depuis les années 1990. Résultat : pas de plan de développement national, ni de coordination de l’exploitation des différents bassins hydriques, mais une multitude d’initiatives privées, répondant aux lois du marché, sans se soucier des besoins et des revendications des populations.

« Un journaliste du quotidien La Prensa a montré sur les intérêts directs de proches du président dans certaines entreprises hydroélectriques », insiste Yaritza Espinosa.

Elle pointe un projet économique bien plus vaste dans le cadre du SIEPAC, le Système d’interconnexion électrique des pays d’Amérique centrale : ce réseau électrique privatisé qui va connecter les consommateurs du Panama au Mexique, suscite bien des controverses, notamment en matière d’impacts sociaux et écologiques.

A qui ce modèle de production d’énergie, qui pourrait être exportée vers les Etats-Unis, bénéficiera-t-il vraiment ? Les habitants de Kiad savent que quelques panneaux solaires suffiraient à satisfaire leurs besoins. En ce début février, ils ont décidé de planter un campement à la frontière de leur territoire pour surveiller l’avancée des bulldozers de Genisa.

« Combien de fois encore nous faudra-t-il manifester et compter nos morts pour voir nos droits respectés ? », soupire la cacique. Elle se dit prête à lutter jusqu’au bout.

Cécile Raimbeau pour Reporterre
Revenir en haut Aller en bas
https://l-humain-d-abord.forumactif.org
 
Les Indiens du Panama luttent contre un projet de barrage "écologique" + Un barrage au Panama - contre les Indiens et pour le profit (Reporterre)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Les ouvriers de Fralib luttent depuis mille jours pour lancer une coopérative écologique (Reporterre) + Boycott d’Unilever : « Unilever doit négocier avec les salariés de Fralib » (Politis)
» Barrage du Testet. Un projet contre l’intérêt général + Dans le Tarn, la dictamolle vire à la dictadure (Parti de Gauche)
» Pour une gauche de transformation sociale et écologique (Reporterre)
» Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : modèle environnemental ou farce écologique ? (Basta) + ND des Landes : 3 et 4 août 2013, enterrons définitivement le projet ! (Solidaires) + Divers
» L’Allemagne bloque la lutte contre le changement climatique pour protéger son industrie automobile (Reporterre)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
L'Humain d'abord - Pour une 6ème République :: Anciens messages-
Sauter vers: