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 Tunisie : ce qu'est le Front populaire de Mohamed Brahmi (Médiapart)

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Tunisie : ce qu'est le Front populaire de Mohamed Brahmi (Médiapart) Empty
MessageSujet: Tunisie : ce qu'est le Front populaire de Mohamed Brahmi (Médiapart)   Tunisie : ce qu'est le Front populaire de Mohamed Brahmi (Médiapart) EmptyLun 29 Juil - 17:07

Trois jours après l’assassinat de l’opposant Mohamed Brahmi, les manifestations se poursuivent en Tunisie réclamant la démission du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée. Le député était l'un des responsables du Front populaire, une coalition disparate qui n'est pas parvenue à desserrer l"étau entre islamistes d'Ennahda et partisans de l’ancien régime.

« Takbir » contre « dégage ». Samedi soir sur l’esplanade du Bardo, face à l’Assemblée nationale constituante tunisienne, cet affrontement de deux cris, religieux (« Dieu est grand ») et révolutionnaire, résumait tristement près de trois années d’une construction politique  balbutiante. D’un côté de la place, deux à trois mille manifestants décidés à faire dissoudre l’Assemblée nationale constituante et le gouvernement dominé par Ennahda. De l’autre, des militants du parti musulman conservateur Ennahda, bien moins nombreux. Entre eux, une esplanade de 25 mètres, quelques barrières métalliques, et des policiers, parfois accompagnés de chiens.

Sur les trottoirs adjacents, des manifestants des deux bords se laissaient parfois aller à débattre sur les questions de la légitimité de l’Assemblée élue et d’un gouvernement incapable de traduire en justice les meurtriers du militant du Front populaire, Chokri Belaïd, assassiné en février, ni d’empêcher celui de Mohamed Brahmi, jeudi 25 juillet. « Vous êtes coupables, au moins par négligence, parce que vous n’avez pas su établir un climat d’ordre qui aurait poussé les salafistes à réfléchir avant d’agir ! » criait notamment Samir, la petite trentaine et qui n’appartient à aucun parti politique, à l’encontre d’un groupe de militants d'Ennahda.

Tunisie : ce qu'est le Front populaire de Mohamed Brahmi (Médiapart) Bardo_1
Dimanche après-midi, devant le Bardo, manifestants pour la démission du gouvernement© PP

Dans la nuit de samedi à dimanche, les forces de l’ordre ont de nouveau utilisé des gaz lacrymogènes pour faire évacuer le Bardo et démonter les tentes installées notamment par les députés Samir Ettaïeb et Nadia Chaabane. L’élue du parti Massar (gauche) témoignait dimanche matin de nombreuses agressions de « petits voyous » contre les manifestants et les tentes des « députés sittineurs », sans que la police n'intervienne. Dans la journée de dimanche, sous un soleil de plomb, quelques dizaines de Tunisiens, en majorité anti-Ennahda, demeuraient mobilisés devant le Bardo.

Depuis le 26 juillet, le Front populaire, auquel appartenait Mohamed Brahmi, s’est joint à un front de salut national dont le but affiché est la chute du gouvernement. Dans un communiqué rendu public vendredi, les signataires, députés d’opposition et personnalités de la société civile, ont appelé à la création d’une haute instance nationale de salut national, constituée de représentants de partis politiques et de composantes de la société civile, et chargée d’achever la constitution qui serait ensuite soumise à un référendum.

Dimanche matin, le porte-parole du parti des travailleurs, l’une des composantes du Front populaire, a d'autre part annoncé l’ouverture des négociations au sein de l’opposition pour la formation d’un gouvernement de salut national, en parallèle du gouvernement officiel. 

Cible des manifestants, Ennahda ne peut éviter la critique d’une année et demie de gouvernance catastrophique. Seule, peut-être, la loi sur la justice transitionnelle permettra-t-elle de compenser un bilan désastreux sur tous les plans, de la gestion sans cohérence du dossier salafiste à l’absence de réforme véritable de la justice. Ce bilan est dénoncé sans relâche par Nidâa Tounes – « L’appel de Tunisie » de Béji Caïd Essebsi, cadre du parti de l’ancien président Bourguiba, membre du RCD de Ben Ali, et premier ministre de mars à décembre 2011 – aujourd’hui présenté dans les médias tunisiens comme la première force politique du pays. La seule, du moins, à même de concurrencer la « machine » Ennahda.

En pointe dans les manifestations, le Front populaire a tenté de se positionner en alternative à ces deux partis, comme avant lui l’éphémère parti du travail tunisien (PTT), pendant la campagne électorale de 2011. Des sa fondation, le Front populaire avait synthétisé cette idée dans un slogan, « Ni Jebali (du nom de l’ancien premier ministre d’Ennahda), ni Essebsi ».

Fondé le 7 octobre 2012, le Front populaire s’est constitué à la faveur du rassemblement de douze organisations de toutes les tendances de la gauche radicale. Du Parti des travailleurs de Hamma Hammami (marxiste-léniniste) au réseau social Doustourna ; des trotskistes de la ligue ouvrière unifiée aux écologistes de Tunisie verte. Hormis le parti de l’opposant historique à l’ancien président Ben Ali, Hamma Hammami, aucune de ces organisations n’atteint cependant le millier de militants. En région, la coalition a donc grandi sur les terres du parti d’Hammami, très présent dans la bassin minier de Gafsa notamment, où l’un de ses militants a péri vendredi après avoir reçu en pleine tête une cartouche de gaz lacrymogène. L’implantation de longue date de la gauche nationaliste à Sidi Bouzid, ou dans la région de Siliana, permet au Front d’être solidement ancré dans ces deux autres gouvernorats.  

Mesurer le poids politique du Front populaire s’avère cependant délicat. Samedi, lors de la manifestation qui a suivi l’enterrement de Mohamed Brahmi, le Front demeurait minoritaire face aux cortèges de l’Union des diplômés-chômeurs (UDC), affilié au syndicat UGTT, ou à celui des avocats. Lors de l’élection de 2011, son socle, le parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT, rebaptisé depuis le Parti des travailleurs), était parvenu à obtenir trois sièges à l’Assemblée nationale constituante. Combien le Front en compterait-il si les prochaines élections avaient lieu ce mois-ci ? Mystère.

Le Front est toujours considéré par les observateurs tunisiens comme une organisation incapable de concrétiser dans les urnes et à l’échelle nationale son activisme au sein des mouvements sociaux. Mais le souvenir du Congrès pour la République (CPR) – parti qui comptait une poignée de militants en janvier 2011, et devait, dix mois plus tard, recueillir près de 9,5 % des sièges pour entrer à l’Assemblée en tant que deuxième force politique du pays, et finalement emporter la présidence de la République – suffit à contraindre à la prudence l’analyste.

Ennhada commence à douter

Comme le PCOT avant lui, le Front populaire n’a cessé de mettre en avant un programme bâti autour des deux principales revendications de la révolution : la justice sociale et transitionnelle, ce qui lui valait même le respect de nombreux militants au sein du camp Ennahda. Dans sa plateforme politique, le Front rappelle notamment l’importance de la mise en place d’un plan de dix ans pour assurer le rééquilibrage économique des régions du centre et du sud du pays, marginalisées par le pouvoir politique depuis l’indépendance.

Tunisie : ce qu'est le Front populaire de Mohamed Brahmi (Médiapart) Bardo_2
Dimanche après-midi, devant le Bardo, les manifestants pro-Ennahda© PP

S’il a gagné en sympathie et en audience après l’assassinat de Chokri Belaïd, s’il a ouvert au printemps plusieurs sections en Tunisie et en France, le Front populaire a néanmoins raté un rendez-vous important : celui de sa propre permanence, en dehors du clivage Ennahda/ancien régime qui étrangle la scène politique tunisienne. « Il se trompe, celui qui croit en la bipolarité politique entre le mouvement Ennahda et Nidâa Tounes », expliquait en octobre 2012 Hamma Hammami à la tribune du meeting du Front populaire, qui avait alors rempli le Palais des congrès à Tunis.

Six mois plus tard, le vent a tourné. Depuis plusieurs semaines, la direction du Front a entamé des négociations en catimini pour se rapprocher de Nidâa Tounes, « L’appel de Tunisie » de Béji Caïd Essebsi, pourtant peu sensible aux questions de justice sociale et qui fit tout ce qu’il put en tant que premier ministre pour contrer les juristes tunisiens spécialisés, qui demandaient la création de chambres dédiées à la justice transitionnelle au sein des tribunaux tunisiens.

Interrogé fin juin par le journal La Presse après l’annonce d’un rapprochement entre les deux organisations, Hamma Hammami affirmait qu’il ne s’agissait « pas du tout d’une alliance, mais d’un accord sur un programme de salut national auquel nous avons appelé, étant donné l’état de crise que connaît le pays. Il s’agit d’un programme général qui touche au politique, à l’économique, à la sécurité, au social et au domaine diplomatique ».

Pour les sympathisants d’Ennahda, le Front a désormais montré ce qu’ils estiment être son vrai visage, celui d’un mouvement infiltré par les forces de l’ancien régime. Les militants révolutionnaires s’interrogent également : quel programme commun le Front peut-il mettre en place avec un parti dont l’approche économique demeure résolument libérale ?

Au sein du Front populaire, le député Mohamed Brahmi n’avait pas le poids d’un Chokri Belaïd ou d’un Hamma Hammami. C’est cependant par lui et son parti, le Courant populaire, que se sont exprimées certaines des dissensions palpables depuis le printemps au sein du Front populaire, relatives au possible rapprochement avec Nidâa Tounes. Fondateur en 2005 du Mouvement unioniste nassériste (opposition clandestine), sa réputation d’homme intègre ne compensait pas son relatif anonymat au sein de la classe politique tunisienne. « On l’entendait peu, et je pense qu’à travers lui, c’est avant tout le symbole de Sidi Bouzid, sa ville natale, moteur de la révolution, qui était visé », commente la sociologue tunisienne Héla Yousfi, maître de conférences à Paris Dauphine et spécialiste des mouvements sociaux.

Ces derniers mois, Brahmi s’était toutefois fait remarquer au sein de la commission chargée de sélectionner les candidatures pour la future Instance supérieur indépendante pour les élections (ISIE). Son opposition farouche à Ennahda, qu’il soupçonnait de vouloir verrouiller l’instance, a contribué à la neutralisation du parti musulman conservateur dans la future équipe de l’ISIE.

Son assassinat offre aujourd’hui l’occasion à l’opposition de franchir une nouvelle étape. Mais à quelle fin ? Samedi et dimanche, plus de quarante députés de l’Assemblée ont annoncé leur « mise en retrait » et la suspension de leurs travaux, sans toutefois démissionner. Ces députés espèrent réussir à atteindre la minorité de blocage à l’ANC (73 élus sur les 217 que comporte l’Assemblée). Selon plusieurs députés joints par téléphone, 65 élus avaient donné leur accord à la mi-journée.

« Ennahda doit commencer à douter aujourd’hui, car ils ont la quasi-totalité de l’opposition contre eux », estime Selim Kharrat, de l’ONG Bawsala, qui assure notamment le « monitoring » des travaux de l’ANC. Samedi, la députée Maya Jribi, l’une des signataires du Front de salut national, a donné au gouvernement « 48 heures » pour se démettre. «L'effet des deux assassinats est une radicalisation de la bipolorisation, estime la socilogue Héla Yousfi. Le FP qui se présentait comme une alternative aux deux pôles Nidaa et Ennahdah  et avec l'assassinat de ces deux leaders a fini par rejoindre Nidaa tounis pour un front de Salut national et demande la dissolution de l'ANC et la composition d'un nouveau gouvernnement. Pour moi, L'enjeu actuel, eu égard le contexte régional cahotique, est comment éviter la guerre civile. Comment penser que l’on puisse évincer du jeu politique un parti qui a gagné les élections, et possède tant de militants ? Où cela nous mène-t-il ? La seule solution, est le maintien de l'ANC malgré ses dysfonctionnements, la formation d'un gouvernement d'union nationale et l’organisation d’élections le plus rapidement possible.» Maintes fois reportées (à l’origine, les travaux de l’Assemblée constituante élue en octobre 2011 ne devaient durer qu’une année), les élections législatives doivent en théorie avoir lieu début 2014.

Pierre Puchot
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